10/20/2020

Voyage d’un réanimateur au centre de la COVID-19

 

L’AIMSIB a réclamé au Dr Pascal Sacré, médecin réanimateur, de nous apporter l’état des connaissances en matière de thérapeutique de la Covid-19 en ce mois d’Octobre 2020. Son exposé est précis, méticuleux et cherche à ne pas perdre les non-médecins en cours d’article, nous le remercions chaudement de la qualité de ce que nous pouvons publier grâce à lui aujourd’hui. Oxygène, chloroquine, vitamines, sels minéraux, quelles utilités? Quand les prescrire? Voici les conclusions qu’il a tiré après six mois passés au contact de cette nouvelle pathologie. Bonne lecture.

Introduction

La maladie COVID-19 est apparue en Europe et sur le continent américain en 2020, suite à l’émergence d’un nouveau virus au départ de Chine en 2019. Ce nouveau virus fait partie de la famille bien connue des coronavirus ayant déjà produit deux épidémies particulièrement sévères, en 2003 et 2012. Ce nouveau virus est appelé SRAS-CoV-2, troisième coronavirus responsable d’un syndrome de détresse respiratoire sévère. La gravité de ce syndrome est surtout caractérisée par une hypoxémie, à savoir un manque d’oxygène dans le sang. Nous avons constaté que cette atteinte pulmonaire sévère ne s’observait que chez un nombre relativement restreint des patients infectés par le SRAS-CoV-2 qui la plupart, sont même asymptomatiques ou seulement atteints d’un syndrome grippal, voire d’un simple rhume. Les premières statistiques sur le profil des cas de COVID-19 sont disponibles pour la Suisse

Fig.1: Décès en fonction des âges

Pour les malades les plus sévèrement atteints, principalement des gens âgés et/ou fragilisés par une ou des maladies chroniques (insuffisances cardiaque, respiratoire, rénale, diabète, hypertension artérielle, obésité…), la mortalité serait légèrement supérieure à celle de la grippe saisonnière, les chiffres précis devant encore être évalués.

Ces chiffres font, encore aujourd’hui, l’objet de controverses, certains scientifiques et médecins soutenant, preuves à l’appui, que la mortalité a été surestimée par les centres de santé officiels :
https://www.mondialisation.ca/coronavirus-et-nombres-de-deces-douteux/5645433
https://powerandharmony.com/covid19-terrorisme-mediatique-manipulation-chiffres/
https://powerandharmony.com/covid19-les-chiffres-ne-mentent-pas/

Il m’est apparu important de préciser plusieurs points en rapport avec la maladie COVID-19, son diagnostic clinique et radiologique et les grands points de sa prise en charge en réanimation. Je termine sur le décalage entre la présentation de la maladie à la phase aigüe (mars-avril 2020) et sa présentation aujourd’hui.

COVID-19 pour un réanimateur : UN ARDS (SDRA) sévère

Une des pathologies graves les plus fréquemment rencontrées en réanimation touche la fonction respiratoire, à savoir l’oxygénation du sang (O2) et l’élimination du gaz carbonique (CO2), produit du métabolisme, au travers d’une atteinte de l’organe de la respiration, les poumons. Il s’agit de l’ARDS pour Acute Respiratory Distress Syndrome.

SDRA en français, pour Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu.

Décrit en 1967, il représente encore 10% des admissions en soins intensifs avec une mortalité de 40 à 50%. (Ashbaugh DG, Bigelow DB, Petty TL, Levine BE, « Acute respiratory distress in adults », The Lancet, 1967 ;2 :319-32 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5537110/  ). L’ARDS ou SDRA entraîne surtout une atteinte de l’oxygénation du sang.

Oxygénation – O2

Normalement, nous prenons l’oxygène (O2) dans l’air ambiant à l’inspiration, et éliminons le gaz carbonique (CO2) à l’expiration. Cette activité est fondamentale. Nous respirons environ 20 000x/jour, 550 millions de fois sur une vie de 75 ans. L’air ambiant, à une altitude normale qui correspond au niveau de la mer, est chargé d’oxygène à 21% et cela suffit amplement. Les données mesurées dans le sang (artériel si possible) sont la PaO2 (pression partielle en O2 du sang artériel) et la SaO2 (saturation de l’hémoglobine du sang artériel en O2) reflétée par la SpO2 (la saturation pulsée au doigt en O2) :


En soins intensifs, nous monitorons surtout, en continu, la SpO2 (par un capteur au bout du doigt comme sur la figure 1, parfois à l’oreille).

Dans les cas sévères, nous y associons une surveillance régulière de la gazométrie artérielle (prise de sang par un cathéter placé dans une artère) qui donne entre autres la PaO2, la SaO2 et le taux d’hémoglobine, la protéine qui transporte l’oxygène dans le sang.

Les paramètres importants mesurés sont :
– Le taux d’hémoglobine (transporteur de l’oxygène dans le sang)
– La quantité d’oxygène transportée par l’hémoglobine reflétée par la SaO2, elle-même approximée par la SpO2 mesurée en continu
– La PaO2 ou pression partielle de l’oxygène dans le sang artériel en mm Hg (mercure)

 

Saturation de l’hémoglobine en fonction de la PaO2

Ce graphe (Figure 2) illustre la relation entre la Sa02 (saturation de l’hémoglobine en oxygène dans le sang artériel en %) et la PaO2 (en mmHg). Elle n’est pas linéaire mais représentée par une courbe sigmoïde. Cela veut dire qu’une baisse de SaO2 (reflétée par la SpO2) de 10% (100 à 90%) représente une baisse de PaO2 de 40 mmHg (100 à 60 mmHg) !

L’oxygène est vital. Certains organes en sont absolument dépendants et une privation d’oxygène de quelques minutes peut avoir de graves conséquences, notamment pour le cerveau ou pour le cœur. Une baisse d’oxygène dans le sang s’appelle hypoxémie, c’est LE problème de l’ARDS (ou SDRA).

C’est le problème vital initial du COVID-19 : L’hypoxémie sévère.

La présentation initiale du COVID-19 se confond avec la présentation d’un ARDS (SDRA), représentant en moyenne (variantes nationales) 10% des admissions en soins intensifs et tuant environ un patient atteint sur deux. L’aggravation du pronostic (chances de survie) par l’existence de comorbidités (obésité, pathologie chronique, âge>60 ans) était déjà bien connue dans tout ARDS, depuis sa description en 1967.

Traitement de l’ARDS (SDRA) :

En plus du traitement de la ou des cause(s), le traitement de l’hypoxémie était déjà bien codifié et n’a pas beaucoup changé en 30 ans, il faut augmenter la concentration de l’oxygène dans l’air inspiré par le malade, au moyen d’une ventilation non invasive (par un masque ou des lunettes dans le nez), ou, pour les cas plus sévères, d’une ventilation invasive avec intubation de la trachée et branchement du malade à une machine (respirateur). On va également mettre de la pression (positive) dans les alvéoles pulmonaires, les petits sacs ouverts où se produisent les échanges gazeux (d’O2 et de CO2). Ainsi les sacs restent ouverts et les échanges gazeux peuvent se produire en permanence.

Le médecin peut augmenter la concentration de l’oxygène dans l’air inspiré jusqu’à 100 % : oxygène pur, soit 5x plus que dans l’air ambiant (21% à la surface de la mer).

Respirer de l’oxygène pur n’est pas idéal mais l’urgence, dans l’immédiat, est de remonter la PaO2 au niveau d’organes vitaux en souffrance et d’éviter la mort.

Une autre démarche thérapeutique utilisée dans l’ARDS (SDRA) est la mise du patient intubé et endormi sur le ventre. Cette démarche utilisée dans le COVID-19 est connue depuis longtemps et peut être bénéfique dans tout ARDS (SDRA), quelle qu’en soit la cause.

Cette pratique s’appelle le décubitus ventral.

Certaines personnes vont mieux répondre (en termes de bénéfice sur l’oxygénation) que d’autres. Pour le savoir, il faut essayer au moins deux séances de 8 à 18 heures.

Dans l’ARDS (SDRA), pathologie sous-jacente au COVID-19, l’organe du corps touché est le poumon et cela donne ça en imagerie :

CT-scanner pulmonaire normal

Les alvéoles (sacs) pulmonaires sont remplies d’air, qui apparaît en noir sur l’image.

CT-scanner pulmonaire anormal (ARDS-SDRA)

 

Rx Thorax (ARDS-SDRA)

ATTENTION, ces images ne sont pas spécifiques d’un COVID-19 ! Nous les retrouvons dans les pneumopathies infiltratives diffuses (PID) dont les pneumopathies interstitielles aigues hypoxémiantes que l’on peut retrouver dans les hémorragies intra-alvéolaires, les pneumopathies médicamenteuses (amiodarone), les pneumopathies toxiques et les maladies de système ainsi que les vascularites. Elles sont retrouvées dans un ensemble de pathologies pulmonaires regroupées sous ce terme générique d’ARDS ou SDRA.

L’ARDS ou SDRA peut être causé par un grand nombre de causes, intra-pulmonaires ou extra-pulmonaires, infectieuses ou non infectieuses.

Causes intra-pulmonaires :
-Pneumonie bactérienne, virale (grippe, virus respiratoire syncitial ou VRS, SRAS)
-Pneumopathie chimique (inhalation de liquide digestif) ou par inhalation de fumée
-Traumatisme thoracique

Causes extra-pulmonaires :
-Pancréatites (inflammation généralisée du pancréas avec nécrose)
-Infections extra-pulmonaires avec sepsis (infection) sévère et/ou choc septique
-Brûlures étendues
-Choc cardiogénique (défaillance cardiaque de toutes origines)
-Etc.

Donc, on le voit, les lésions en verre dépoli décrites comme typiques d’un COVID-19, sont typiques de l’ARDS (ou SDRA), pas d’une cause en particulier.

On les rencontre notamment dans les pneumonies infectieuses à germes dits atypiques, tels que Mycoplasma Pneumoniae, Chlamydia Pneumoniae ou Legionella Pneumophila, mais aussi dans des pneumopathies non infectieuses (PID ou pneumopathies infiltratives diffuses). Il faut toujours faire un diagnostic différentiel, surtout chez les personnes présentant une ou des comorbidités sévères (diabète, obésité, maladie chronique rénale, pulmonaire, cardiaque…), ce qui est le cas de la plupart des personnes admises en soins intensifs en période COVID.

 Le problème est justement de retenir un diagnostic de COVID sans envisager d’autres causes possibles, surtout en cas de RT-PCR négative.

Le traitement symptomatique de la pneumonie COVID-19 sévère est le traitement de l’ARDS (SDRA) :

  • Oxygénothérapie par voie non invasive (masque, lunettes nasales)
  • Oxygénothérapie par voie invasive (intubation trachéale)
  • Pression positive dans les alvéoles (sacs) pulmonaires
  • Décubitus ventral (sur le ventre) alterné avec décubitus dorsal (sur le dos)

À retenir :

La pneumonie COVID-19 sévère se manifeste par un ARDS (SDRA) avec hypoxémie sévère. Une autre pneumonie virale bien connue pouvant donner un ARDS(SDRA) est la grippe. L’ARDS (SDRA) a été caractérisé  en 1967. En 50 ans, sa mortalité reste élevée, 40 à 50%, soit 1 patient sur 2. La prise en charge est standardisée, essentiellement symptomatique et cible l’hypoxémie (manque d’oxygène dans le sang).

COVID-19 pour un réanimateur : pas seulement un ARDS (SDRA)

Nous avons découvert assez rapidement que cet ARDS associé à la pneumonie COVID-19 s’accompagnait d’une complication particulière : la tendance à faire des thromboses. Les vaisseaux sanguins, qui apportent le sang et donc l’oxygène aux organes du corps, laissent circuler le sang sans obstacle. Parfois, un thrombus (caillot-obstacle) se forme et entrave la circulation du sang

Elle peut se produire dans une veine ou dans une artère.

Ses conséquences vitales sont :
– Embolie pulmonaire au départ d’une thrombose veineuse, aggravant l’hypoxémie du patient
– Souffrance d’un organe vital (cœur, cerveau, reins, foie…) au départ d’une thrombose artérielle, entraînant un infarctus de l’organe

En soins intensifs, la tendance à faire une thrombose dans le contexte d’un ARDS (SDRA) quel qu’en soit l’origine, était déjà connue et expliquée par l’immobilité prolongée, l’absence de mouvement musculaire actif (volontaire), l’activation de l’inflammation et de la coagulation par un ensemble de mécanismes complexes et interdépendants.

Toute personne ventilée comme dans l’ARDS (SDRA) était déjà anticoagulée (fluidification du sang) de manière préventive, sans attendre la survenue d’une thrombose. Toutefois, cela s’est révélé insuffisant dans l’ARDS (SDRA) de la pneumonie COVID-19. Nous avons donc administré une dose plus élevée (curative et non plus seulement prophylactique) d’anticoagulant (dérivé de l’héparine). Ces problèmes ont été relayés par l’équipe médicale de l’IHU-Méditerranée-Infection à Marseille, comme nous pouvons l’entendre ici, dans cette vidéo, à 6’50’’, de la bouche du professeur d’hématologie et spécialiste de la coagulation Laurence Camoin :

https://www.youtube.com/watch?v=WzvnHbTH0v8

Détection, à la phase aigüe de la pneumonie COVID-19, de taux sanguins élevés d’anticoagulants lupiques et d’anticorps antiphospholipides, retrouvés dans des maladies à caractère auto-immun, c’est-à-dire des maladies où le système immun se retourne contre son propre organisme, comme dans le lupus érythémateux disséminé ou le syndrome des antiphospholipides.

https://www.ulb-ibc.be/anticoagulants-lupiques-anticorps-antiphospholipides-detection-des-igg-diriges-contre-la-cardiolipine/

D’après Laurence Camoin, cela a été retrouvé chez 60% des patients hospitalisés, et 25% des patients ambulatoires (non hospitalisés), avec une forte augmentation du risque thrombotique (thrombose avec embolie pulmonaire et/ou artérielle). Une thrombose artérielle vers le cerveau occasionnera un AVC (Accident Vasculaire Cérébral) ischémique, complication également retrouvée chez les patients ARDS (SDRA) post-pneumonie COVID, à une fréquence anormalement élevée. Il est possible qu’un des effets positifs de l’hydroxychloroquine (Plaquenil°) notamment retrouvé chez les patients traités à l’IHU-Méditerranée de Marseille soit en relation avec son action bénéfique sur ces auto-anticorps.

COVID-19 pour un réanimateur belge : mon expérience personnelle de mars à mai 2020

Comme l’ensemble des hôpitaux des pays ayant opté pour un confinement total et strict sous les ordres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en mars 2020, nous avons stoppé toutes nos activités médicales, chirurgicales afin de pouvoir recevoir et traiter les patients atteints du COVID-19.

Nous avons en tout traité 40 malades, d’un âge moyen de 61,5 ans. Patient le plus jeune, 30 ans. Patient le plus âgé, 83 ans. 13 femmes pour 27 hommes ce qui reflète la distribution mondiale du COVID-19 selon le sexe, avec une prédominance chez les hommes (cf graphe 1, page 1). La durée de séjour moyen a été de 20,8 jours. Mortalité = 40% (c’est-à-dire la mortalité bien connue de l’ARDS – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5537110/). 37 patients ont été intubés et nous avons constaté des durées de ventilation artificielle (au moyen d’un respirateur) sensiblement plus longues que dans les ARDS (SDRA) habituels : 17 jours en moyenne. 23 patients sur 37 intubés ont bénéficié de décubitus ventral (62%). Les facteurs de risque les plus souvent retrouvés ont été : Obésité (BMI>30), diabète, hypertension artérielle.

BMI = Body Mass Index = Poids divisé par la taille2, exemple : Poids 100kg taille 1,70m è BMI = 100/1,72 = 34 = Obésité sévère

Les traitements utilisés ont été classiques, principalement ceux utilisés dans tout ARDS (SDRA) :
– Oxygénothérapie par enrichissement de l’air inspiré en oxygène, jusqu’à 100% (oxygène pur)
– Ventilation à pression positive
– Utilisation du décubitus ventral intermittent (sur le ventre)
– Antibiothérapie selon indications, le plus précocement possible
– Anticoagulation à doses thérapeutiques (curatives)
Corticoïdes: redécouverte de l’eau chaude

Contrairement à l’hydroxychloroquine, les corticoïdes ont été plébiscités sans aucune contre-attaque médiatique, politique ou médicale, dans le traitement de la pneumonie COVID-19 sévère.

https://www.lalibre.be/planete/sante/covid-19-les-corticoides-un-traitement-qui-va-sauver-des-vies-5f5722a99978e2322f9c8330 : L’effet prouvé des corticoïdes sur les formes graves de Covid-19 est « un tournant spectaculaire », et ce traitement « va sauver des vies »… Oui, sauf que le bénéfice de la corticothérapie précoce dans l’ARDS des pneumopathies infiltratives diffuses (pneumopathies interstitielles diffuses) était déjà bien connu. Il ne date pas d’hier. La pneumopathie COVID-19 se comporte comme une pneumopathie infiltrative diffuse et en a l’aspect radiologique :
« La corticothérapie est le traitement de première intention des pneumopathies infiltratives diffuses. L’efficacité dépend de la précocité d’introduction. L’administration de fortes doses de corticoïdes est recommandée notamment dans les pneumopathies interstitielles aiguës et les hémorragies intra-alvéolaires. » 

 Ce passage est tiré de la page 11 de ce PDF de 2014, « Pneumopathies hypoxémiantes aux urgences : diagnostic et prise en charge« , SFAR (Société Française d’Anesthésie-Réanimation), par le docteur M. Sebbane de Montpellier.

https://sofia.medicalistes.fr/spip/IMG/pdf/Pneumopathies_hypoxemiantes_aux_urgences_diagnostic_et_prise_en_charge.pdf

Aujourd’hui, ils sont effectivement prescrits dès l’admission dans les services de soins intensifs, pour le traitement du COVID-19.

COVID-19 pour un réanimateur : les traitements polémiques

1- Hydroxychloroquine (HCQ ou Plaquenil°)

Nous l’avons utilisé au début (mars 2020) en hospitalisation et en réanimation, pour l’abandonner très rapidement devant les polémiques et suite à l’interdiction de la part des hautes autorités de santé. De toute façon, comme cela a été bien démontré, l’intérêt de l’hydroxychloroquine est d’être introduite précocement, dès le premier jour de symptômes, au moment où la charge virale est importante et où le virus n’a pas encore envahi les poumons !

C’est donc à réserver en ambulatoire, sous le contrôle des médecins généralistes ou de première ligne (urgences). Son administration en réanimation, voire en hospitalisation, tardivement, au-delà de 2 jours du début des symptômes et/ou dans les formes sévères, n’a aucune validation, au contraire (risque d’effets secondaires, notamment cardiaques).

L’hydroxychloroquine est utilisée depuis plus de 70 ans, dans des pathologies diverses (maladies auto-immunes, lupus érythémateux, arthrite rhumatoïde, malaria…), avec un profil de sécurité très favorable.

PubMed, HCQ et overdoses

Entre 1960 et 2020, une recherche PubMed (site d’archives médicales) en spécifiant « overdose d’hydroxychloroquine », n’a rendu « que » 18 cas d’overdoses avec articles correspondants. Les doses excédaient fortement les doses préconisées, encore plus celles préconisées dans la prise en charge de l’infection COVID-19, à savoir 400 mg/jour pendant 5 jours. Malgré ces doses très excessives, dans ces 18 cas, seul 1 décès fut à déplorer et impliquait une overdose massive (12 g) chez un enfant de 2,5 ans.

L’innocuité (absence de danger) de l’hydroxychloroquine a été largement prouvée, notamment dans cette étude rétrospective d’une des pathologies traitées depuis le plus longtemps par l’hydroxychloroquine : les arthrites rhumatoïdes.

Dans un article, Harvey Risch, MD, PhD, professeur d’épidémiologie à la célèbre université de Yale (Yale School of Public Health), a rapporté les résultats de 7 études illustrant la sécurité d’emploi de l’hydroxychloroquine, surtout pendant une courte durée et aux doses préconisées :
– « Ces sept études comprennent: 405 patients à haut risque traités par le Dr Vladimir Zelenko, avec zéro décès (et aucune arythmie cardiaque); quatre études totalisant près de 500 patients à haut risque traités dans des établissement médicalisés pour personnes âgées (ndlr équivalent de nos Ephad) et des cliniques à travers les États-Unis, sans décès; un essai avec bras de contrôle de plus de 700 patients à haut risque au Brésil, avec un risque d’hospitalisation significativement réduit et deux décès parmi 334 patients traités par hydroxychloroquine (et parmi 412 patients traités par HCQ, aucune arythmie cardiaque); et une autre étude de 398 patients appariés en France, également avec un risque d’hospitalisation significativement réduit (et parmi les 1061 patients de Marseilles traités, aucune arythmie cardiaque). » http://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-cle-pour-vaincre-la-covid-19-existe-deja-nous-devons-commencer-lutiliser

Pourtant, l’hydroxychloroquine a été interdite dans plusieurs pays pour le traitement de l’infection COVID-19. Pourquoi ?

Le Monde, capt. écran

La défense de l’intérêt de l’hydroxychloroquine dans l’infection COVID-19, associée à l’absence de toxicité, n’est pas l’exclusivité de l’équipe du professeur Didier Raoult à l’IHU-Méditerranée-Infection à Marseille. Sur ce graphe, on peut voir, en vert, tous les pays qui ont laissé leurs médecins prescrire tôt de l’hydroxychloroquine à leurs patients atteints de COVID-19 :

Utilisation de l’HCQ

Les études en faveur de l’intérêt de l’hydroxychloroquine au stade très précoce de l’infection COVID-19 sont nombreuses et sérieuses, et loin de se résumer à l’étude critiquée (et critiquable) de l’équipe du professeur Didier Raoult : https://hcqtrial.com/   79 études dont 46 revues par des pairs.

Voici une revue de littérature sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine à différents stades de l’infection COVID-19, utilisée seule ou associée à l’Azithromycine (AZT-antibiotique macrolide). L’association HCQ+AZT est préconisée par l’équipe du professeur Didier Raoult et d’autres. Un médecin américain, Vladimir Zelenko, y associe aussi le Zinc :

Protocole du docteur V. Zelenko (Etats-Unis, New-York) :  https://internetprotocol.co/covid-19/2020/07/21/yale-harvard-professors-support-zelenkos-protocol/

 

Zelenko protocol

Pendant 5 jours. Ces études confirment l’intérêt de l’hydroxychloroquine dans le traitement précoce (le plus tôt possible à partir du début des symptômes) de l’infection COVID-19, et montrent un effet synergique de l’association avec l’Azithromycine et le Zinc. Cela a été retrouvé dans ces trois études publiées dans de grandes revues : https://www.ejinme.com/article/S0953-6205(20)30335-6/fulltext

-« Out of 3,451 COVID-19 patients, 76.3% received HCQ. Death rates (per 1,000 person-days) for patients receiving or not HCQ were 8.9 and 15.7, respectively. After adjustment for propensity scores, we found 30% lower risk of death in patients receiving HCQ. »

Et ici : https://www.ijidonline.com/article/S1201-9712(20)30534-8/fulltext

– « According to a protocol-based treatment algorithm, among hospitalized patients, use of hydroxychloroquine alone and in combination with azithromycin was associated with a significant reduction in-hospital mortality compared to not receiving hydroxychloroquine. »

Et encore ici :   https://www.journalajmah.com/index.php/AJMAH/article/view/30224/56706

L’intérêt de l’hydroxychloroquine dans les infections virales dues au SRAS est décrit in vitro depuis 2005 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1232869/

Donc, l’hydroxychloroquine dans la prise en charge de l’infection COVID-19 est très loin de se résumer aux interventions ou aux études de l’équipe du professeur Didier Raoult à l’IHU-Méditerranée à Marseille. D’ailleurs, dans l’article récent de l’American Journal of Medicine (AJM) du 6 août 2020, https://www.amjmed.com/article/S0002-9343(20)30673-2/fulltext (PDF téléchargeable) un organigramme thérapeutique est repris, avec l’hydroxychloroquine en bonne et juste place, associée à l’Azithromycine :

2- Zinc

De nombreuses études, in vitro et in vivo, démontrent l’intérêt du zinc comme antiviral au sens large, et dans la prise en charge du SRAS-CoV-2, en particulier. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21079686 :
– « Zn (2+) inhibits coronavirus and arterivirus RNA polymerase activity in vitro and zinc ionophores block the replication of these viruses in cell culture ». (Dutch study)

À noter qu’une perte de l’odorat et une anomalie du goût citées comme caractéristiques de l’infection COVID-19, peuvent être dues à un déficit en zinc, oligo-élément ou trace jouant un rôle important dans nos défenses immunitaires !

Signes évocateurs de carence en zinc :
– Une agueusie ou une dysgueusie, trouble du goût. Le zinc intervient dans la synthèse de la gustine, protéine indispensable à la perception du goût dans les bourgeons du goût.
– Une anosmie, perte de l’odorat.

Ces signes, seraient, selon certaines études, les 1er signes d’une infection par le coronavirus. Il est donc fort probable que la sur-sollicitation immunitaire entraine une majoration des carences en zinc, engendrant ces symptômes chez certains sujets. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25715353 & Hiroyuki YANAGISAWA, Zinc Deficiency and Clinical Practice JMAJ 47(8) : 359–364, 2004

3- Vitamine D3

En occident, nous sommes souvent carencés, repris ici: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3024173/
« Même dans les endroits les plus ensoleillés, comme en Arabie Saoudite et en Australie, de 30 % à 50 % des adultes et des enfants ont une carence ou des niveaux insuffisants de vitamine D. »

Des études ont montré qu’une supplémentation en vitamine D permettait de prévenir les infections aigües du tractus respiratoire

Comme celle-ci dans le British Medical Journal (BMJ) en 2017 : https://www.bmj.com/content/356/bmj.i6583?ijkey=935824e1e99936eb88f0e5cdb5e9a0b60a405123&keytype2=tf_ipsecsha

De plus, une étude a montré une corrélation entre le niveau de vitamine D dans le corps et le degré de gravité de l’infection COVID-19 (document original disponible sur commande) : https://fr.sott.net/article/35605-Le-niveau-de-vitamine-D-determine-la-gravite-dans-le-COVID-19-Les-chercheurs-irlandais-exhortent-leur-gouvernement-a-modifier-ses-conseils

4- Vitamine C

« La carence en vitamine C est fréquente dans les populations à risque (hommes seuls, personnes âgées, sans domicile fixe, troubles psychiatriques…) et sous-évaluée dans la population générale. »

Des études ont évoqué le rôle bénéfique d’infusions de vitamine C dans la pneumonie COVID-19 :
https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04264533
https://www.europereloaded.com/news-media-attacks-vitamin-c-treatment-of-covid-19-coronavirus-video/
https://www.pressenza.com/fr/2020/04/de-la-vitamine-c-hautement-dosee-pour-prevenir-et-traiter-le-covid-19/

Vous le voyez, ce n’est pas une vue de l’esprit, ou des inepties prétendues par quelques iconoclastes, loin de là. Cela a également été incorporé dans certains protocoles américains :
https://www.evms.edu/covid-19/covid_care_for_clinicians/
https://www.evms.edu/directory/profiles/paul-e-marik.php

– « Dr Marik is currently Professor of Medicine and Chief of Pulmonary and Critical Care Medicine, Eastern Virginia Medical School in Norfolk, Virginia. Dr Marik has written over 400 peer reviewed journal articles, 50 books chapters and authored four critical care books. »

 

Marik COVID-19 protocole

 

On le voit, Hydroxychloroquine + Azithromycine les plus précoces possibles (premier jour du début des symptômes), Zinc, Vitamines C et D ont tout à fait leur place dans la prise en charge de l’infection virale COVID-19 !

Place de l’Hydroxychloroquine et de l’Azithromycine
-Phase précoce (premier jour du début des symptômes)
-Préhospitalier (ambulatoire, médecins généralistes)

Contrôle par les médecins de première ligne, généralistes en ambulatoire, ou urgentistes.

Place du Zinc, vitamines D et C :
– Préhospitalier
– Hospitalier
– Soins intensifs (réanimations)

Commencer par doser les taux sanguins de ces 3 éléments. Puis en donner selon les protocoles existants. Malheureusement, aujourd’hui, dans la plupart des soins intensifs en tout cas occidentaux, le traitement se résume, en plus de la corticothérapie aux effets bénéfiques bien connus de longue date sur les pneumopathies interstitielles infiltratives aigues, à une prise en charge symptomatique et à la prévention des thromboses :
– Oxygénothérapie
– Ventilation à pression positive
– Décubitus ventral
– Anticoagulation à doses curatives.
– Corticoïdes (dexaméthasone, méthylprednisolone…)

À quand les dosages sanguins de zinc, vitamines C et D et la correction agressive de leurs carences ?

C’est peu coûteux, non dangereux et prouvé comme étant bénéfique dans les infections virales, en particulier respiratoires. https://www.who.int/elena/titles/bbc/vitamind_pneumonia_children/fr/
– « Une carence en vitamine D est fortement associée au risque d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dans un certain nombre de contextes », selon l’OMS !

COVID-19 pour un réanimateur : un dernier mot

Dernier mot sur la situation actuelle : septembre-octobre 2020. Première admission en réanimation le 22 mars, avec un pic de patients en avril (jusqu’au 22 avril) avec 22 patients COVID-19 (sur 39 lits). Décroissance forte à partir du mois de mai (22 mai) avec des périodes sans patients COVID du tout. Le dernier patient admis début septembre 2020, malgré la présence de facteurs de risque graves (âge, surpoids, hypertension artérielle), a fait une forme plus bénigne sans intubation et durée d’hospitalisation de 8 jours.

On voit réapparaître des cas plus sévères depuis le 26 septembre, en nombre très restreint. Nous ne déplorons plus aucun décès dû au COVID-19 depuis le 21 août 2020. Même si c’est toujours de trop, seulement 8 décès depuis le 2 juin 2020.

Cela correspond au graphe officiel produit par notre autorité de santé (Sciensano) dans ses bulletins épidémiologiques hebdomadaires.

Sciensano, capt.écran

Conclusions

La maladie COVID-19 due à une infection virale (SRAS-CoV-2- famille des coronavirus) dans sa forme sévère, imposant hospitalisation voire admission en réanimation, est une pneumopathie infiltrative interstitielle diffuse (PID) dont la manifestation principale est celle d’un ARDS-SRDA ou Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu. Le SDRA (ARDS) est connu depuis 1967 (première description), représente environ 10% des admissions en réanimation et a une mortalité élevée de l’ordre de 40-50%. Comme toutes les PID, cette atteinte pulmonaire répond favorablement aux corticoïdes, éventuellement à haute dose, cela est connu depuis des années.

La menace vitale immédiate est liée à l’hypoxémie sévère pouvant nécessiter oxygénothérapie intensive (air inspiré enrichi en oxygène O2 jusqu’à 100%), intubation et ventilation artificielle en pression positive, mise sur le ventre et sédation profonde (patient endormi).

Une particularité du SDRA post-COVID est d’entrainer une tendance élevée à la thrombose vasculaire (obstruction des vaisseaux sanguins). Au niveau veineux, cela entraîne un risque élevé d’embolie pulmonaire (aggravant l’hypoxémie) et au niveau artériel, cela entraîne un risque élevé d’infarctus organique, notamment rénal ou cérébral (AVC). Une anticoagulation à doses curatives est nécessaire. Cela peut être dû à la présence d’anticorps auto-immuns.

En Belgique, comme dans les autres pays confinés sur ordre de l’OMS, la prise en charge du COVID a entraîné un arrêt de toutes les activités, médicales et chirurgicales.

Sur un plan thérapeutique, des pistes pourtant prometteuses, voire prouvées comme étant utiles dans la prise en charge du COVID-19, ont été ignorées :

Au stade précoce, préhospitalier, dès le premier jour de début des symptômes :
– Hydroxychloroquine (HCQ) 400mg/j pendant 5 jours
– Azithromycine, antibiotique macrolide, en association avec HCQ : synergie
– Zinc : en association avec HCQ et Azithromycine

Dans les stades préhospitalier, hospitalier et en soins intensifs :
– Zinc
– Vitamine D3
– Vitamine C, éventuellement à haute dose en perfusion intraveineuse (réanimation)

Un article du Journal of Infectious Disease paru en mai 2020 montre que l’utilisation de rayons ultra-violets (UV comme ceux émis par le soleil) par une source de lumière artificielle inactive rapidement le SRAS-CoV-2 sur les surfaces. https://academic.oup.com/jid/article/222/2/214/5841129

– « The present study provides the first evidence that sunlight may rapidly inactivate SARS-CoV-2 on surfaces, suggesting that persistence, and subsequently exposure risk, may vary significantly between indoor and outdoor environments. Additionally, these data indicate that natural sunlight may be effective as a disinfectant for contaminated nonporous materials. »

Trad – « Cette étude démontre que la lumière du soleil peut inactiver rapidement le SRAS-CoV-2 sur les surfaces… de plus, ces données indiquent que la lumière naturelle du soleil peut être aussi efficace comme désinfectant… »

Cela ne pourrait-il remplacer avantageusement les solutions chimiques et toxiques qui font l’exclusivité des mesures officielles jusqu’à ce jour ? Il ne semble pas y avoir de deuxième vague, ou alors, quelques cas mais sans aucune commune mesure avec la vague de mars-avril 2020, en termes de nombres de cas et/ou de gravité.

Au regard de cet article avec toutes ses sources et références scientifiques, le non-recours à l’hydroxychloroquine, à l’azithromycine, au zinc, aux vitamines D3 et C est incompréhensible et, si elles persistent dans ce déni, justifie toutes les suspicions sur la légitimité des autorités officielles.

Dr Pascal Sacré
Octobre 2020

 

Crédit photo: Zeppelin, https://www.zeppelin-geo.com/galeries/france/covid19_rea74/panorama.htm

Sources / Références générales

Hydroxychloroquine

  • Studies : Overview of more than 50 international HCQ studies (C19Study.com)
  • Study : Chloroquine is a potent inhibitor of SARS coronavirus infection and spread (Vincent et al., Virology Journal, 2005)
  • Study : Chloroquine Is a Zinc Ionophore (Xue et al, PLOS One, 2014)
  • Study : Physicians work out treatment guidelines for coronavirus (Korean Biomedical Review, February 2020)
  • Study : Expert consensus on chloroquine phosphate for the treatment of novel coronavirus pneumonia (Guangdong Health Commission, February 2020)
  • Study: Clinical Efficacy of Chloroquine derivatives in COVID-19 Infection: Comparative meta-analysis between the Big data and the real world (Million et al, NMNI, June 2020)
  • Study : Treatment with Hydroxychloroquine, Azithromycin, and Combination in Patients Hospitalized with COVID-19 (Arshad et al, Int. Journal of Infect. Diseases, July 2020)
  • Study : COVID-19 Outpatients – Early Risk-Stratified Treatment with Zinc Plus Low Dose Hydroxychloroquine and Azithromycin (Scholz et al., Preprints, July 2020)
  • Protocol: Advisory on the use of HCQ as prophylaxis for SARS-CoV-2 infection (Indian Council of Medical Research, March 2020)
  • Review: White Paper on Hydroxychloroquine (Dr. Simone Gold, AFD, July 2020)
  • Article : The Key to Defeating COVID-19 Already Exists. We Need to Start Using It. (Professor Harvey A. Risch, Newsweek, July 2020)
  • Article : Using Hydroxychloroquine and Other Drugs to Fight Pandemic (Yale School of Medicine)
  • Article: Moroccan Scientist: Morocco’s Chloroquine Success Reveals European Failures (Morocco World News, June 2020) Zemmouri believes 78% of Europe’s coronavirus-related deaths could have been avoided if European states had mirrored Morocco’s chloroquine strategy.
  • Article(IT): Covid: none of my patients are dead, and only 5% had to be hospitalized (Italia Oggi, June 2020) Dr. Cavanna treated the affected by the virus by intervening promptly and at home.

Zinc

                      1. CARENCE en ZINC:
                              1. Study : Effect of Zinc Salts on Respiratory Syncytial Virus Replication (Suara & Crowe, AAC, 2004)
                              2. Study : Zinc Inhibits Coronavirus and Arterivirus RNA Polymerase Activity In Vitroand Zinc Ionophores Block the Replication of These Viruses in Cell Culture (Velthuis et al, PLOS Path, 2010)
                              3. Study : Zinc for the common cold (Cochrane Systematic Review, 2013)
                              4. Study : Hydroxychloroquine and azithromycin plus zinc vs hydroxychloroquine and azithromycin alone : outcomes in hospitalized COVID-19 patients (Carlucci et al., MedRxiv, May 2020)
                              5. Review : Does zinc supplementation enhance the clinical efficacy of chloroquine/ hydroxychloroquine to win today’s battle against COVID-19 ? (Derwand & Scholz, MH, 2020)
                              6. Review : Zinc supplementation to improve treatment outcomes among children diagnosed with respiratory infections (WHO, Technical Report, 2011)
                              7. Article : Can Zinc Lozenges Help with Coronavirus Infections ? (McGill University, March 2020)
                              8. Le Rôle du Zinc dans l’immunité antivirale. Dans cet article paru le 22 avril 2019, dans la revue internationale « Advances in Nutrition », intitulé « The Role of Zinc in Antiviral Immunity » (), il y est dit que le Zinc joue un rôle essentiel dans la santé humaine. « The role of zinc as an antiviral can be separated into 2 categories : 1) zinc supplementation implemented to improve the antiviral response and systemic immunity in patients with zinc deficiency, and 2) zinc treatment performed to specifically inhibit viral replication or infection-related symptoms. »Traduction : « Le rôle antiviral du Zinc peut être séparé en deux catégories : 1) Le Zinc comme prévention : une supplémentation en Zinc pour améliore la réponse antivirale et l’immunité systémique chez les patients déficitaires en zinc, et 2) Le Zinc comme traitement spécifique pour empêcher la réplication virale ou les symptômes induits par l’infection. »
                              9. Preuve que zinc est essentiel pour immunité et déficitaire : https://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/structures/coronavirus/documents/zinc_et_covid-19.pdf « Dans un contexte infectieux, il paraît souhaitable de corriger un éventuel déficit en zinc, du fait de ses nombreuses implications dans les phénomènes physiologiques, notamment le système immunitaire. »  https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19523191

                            Immun Ageing.

                              1. 2009 Jun 12 ;6 :9. Doi : 10.1186/1742-4933-6-9.

                        <The immune system and the impact of zinc during aging. The trace element zinc is essential for the immune system, and zinc deficiency affects multiple aspects of innate and adaptive immunity.

                        Many studies confirm a decline of zinc levels with age.

                        Even marginal zinc deprivation can affect immune function.

                        Consequently, oral zinc supplementation demonstrates the potential to improve immunity and efficiently downregulates chronic inflammatory responses in the elderly. These data indicate that a wide prevalence of marginal zinc deficiency in elderly people may contribute to immunosenescence.

      https://www.ulb-ibc.be/oligo-elements/

      Page 3/6 :

      Surpoids, syndrome métabolique, diabète type 2 

      Zinc

      ➢ Déficits en zinc et sélénium liés aux habitudes alimentaires (aliments à densité calorique élevée pauvres en micronutriments) et à l’augmentation des besoins liée au stress oxydant et à l’inflammation.

      ➢ Si le déficit en zinc est important et si la couverture des besoins est difficile, le recours à des formes orales de zinc est parfois justifié.

       

      Population gériatrique 

      Zinc

      ➢ Déficit en zinc plus fréquent chez les personnes institutionnalisées : apports alimentaires insuffisants, polymédication fréquente (IEC/ARA II). Associé à une incidence accrue d’infections, un défaut de cicatrisation des plaies (escarres) et une dysfonction du système immunitaire.

       

                      1. LIENS AVEC CORONAVIRUS :

      Lien Zinc et coronavirus SARS-CoV-2 :

       

      https://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/structures/coronavirus/documents/zinc_et_covid-19.pdf

       

      Une expérience conduite in vitro indique que lorsque les limitations à la pénétration intracellulaire du Zn2+ étaient levées, celui-ci inhibe efficacement, à des doses équivalentes à 2.0 μmol/L, l’activité de synthèse de l’ARN viral par le complexe de réplication et de transcription multiprotéique du SARS-CoV, poussant certains auteurs à considérer le zinc comme une option thérapeutique chez les patients atteint par le SARS-CoV-2

                      1. Velthuis AJW te, Worm SHE van den, Sims AC, Baric RS, Snijder EJ, Hemert MJ van. Zn2+ Inhibits Coronavirus and Arterivirus RNA Polymerase Activity In Vitro and Zinc Ionophores Block the Replication of These Viruses in Cell Culture. PLoS Pathogens [Internet]. Nov 2010 [cité 16 avr 2020] ;6(11).

      Disponible sur : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2973827/

       

      VITAMINE D :

       

                      1. Vitamine D et système immunitaire :

       

      https://www.who.int/elena/titles/bbc/vitamind_pneumonia_children/fr/

      Une carence en vitamine D est fortement associée au risque d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures dans un certain nombre de contextes

       

                      1. Carence en vitamine D :

       

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3024173/

      Atténuer la carence épidémique en vitamine D

       

      https://www.revmed.ch/RMS/2011/RMS-319/Vitamine-D-actualite-et-recommandations

      On note une augmentation de la prévalence, ce qui fait du déficit en vitamine D un déficit fréquent et sous-diagnostiqué. La vitamine D est en quelque sorte un marqueur de bonne santé et un marqueur de l’évolution de notre société.

      Le déficit en vitamine D est fréquent et sous-diagnostiqué. Au niveau mondial, on estime qu’un milliard de personnes auraient un tel déficit. Dans les pays occidentaux, plus de 40% de la population de plus de 50 ans présenteraient un déficit. En Europe, une étude a montré que 80% des personnes âgées avaient des taux de 25(OH) D en dessous de 30 ng/ml.

       

                      1. Vitamine D et Coronavirus :

       

      https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3593258

      Vitamin D Level of Mild and Severe Elderly Cases of COVID-19: A Preliminary Report

      Basic healthy solutions such as Vitamin D supplementation could be raised even in the community level and awareness on Vitamin D benefits in fighting infections, such as COVID-19, should be disseminated especially to the vulnerable elderly population.

      https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3571484

      Vitamin D Supplementation Could Possibly Improve Clinical Outcomes of Patients Infected with Coronavirus-2019 (COVID-19)

       

      VITAMINE C :

       

                      1. Carence en vitamine C

       

      https://www.em-consulte.com/en/article/260455#N103B1

      La carence en vitamine C est fréquente dans les populations à risque (hommes seuls, personnes âgées, sans domicile fixe, troubles psychiatriques…) et sous-évaluée dans la population générale.

       

                      1. Lien Vitamine C et coronavirus SRAS CoV-2

       

      https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04264533

      Vitamin C Infusion for the Treatment of Severe 2019-nCoV Infected Pneumonia

       

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10/14/2020

Carson McCullers Les Parleuses #3


Les Parleuses #3 : Carson McCullers

Résumé de ce numéro 3 des Parleuses sur le site de Littérature,etc. « Au programme de cette séance de bouche à oreille pour propagation du matrimoine littéraire : ateliers de lecture par arpentage d’une nouvelle de Carson McCullers menés par Aurélie Olivier, un atelier d’écriture mené par Chloé Delaume, Marraine 2019 des Parleuses, et une lecture – enregistrement de podcast imaginés par Fanny Chiarello. » C’était le samedi 25 mai 2019, à Lille.

On peut écouter le podcast ici.

Intro
Je vais vous parler aujourd’hui d’une autrice mineure ; ce n’est pas moi qui le dis mais Arthur Miller, le mari de Marilyn Monroe, qui a aussi écrit quelques pièces de théâtre. Ne vous laissez pas abuser par cette entrée en matière, Carson McCullers n’est pas l’une de ces femmes qui ont dû passer leur vie et leur carrière à l’ombre des hommes. Au contraire. Elle n’en fut pas moins maudite, à sa manière – car il est bien entendu qu’une femme, à cette époque, allait payer cher son succès. J’ai rencontré l’œuvre de Carson McCullers il y a maintenant une douzaine d’années, mais jamais je ne m’étais penchée sur sa vie avant d’être appelée à devenir une parleuse. Pour vous la présenter, j’ai lu la biographie que Josyane Savigneau lui a consacrée en 1995, Carson McCullers, Un cœur de jeune fille, qui a été réédité en 2017 à l’occasion du centenaire de notre autrice.
Avant de commencer, j’aimerais vous parler d’une photo qui me semble raconter Carson McCullers avec une grande pertinence.

(Ethel Waters, Carson McCullers, Julie Harris. Photo de Ruth Orkin.)

Cette photo a été prise par l’Américaine Ruth Orkin en 1950. L’on y voit la star du blues et comédienne Ethel Waters, Carson McCullers et Julie Harris. Les trois femmes n’ont pas conscience de l’objectif qui les cadre et c’est une scène d’une profonde intimité que nous contemplons, plus d’un demi-siècle après. Étrange intimité puisque la scène se déroule lors de la soirée qui suivit la première new-yorkaise de The Member of the Wedding, l’adaptation théâtrale du texte plus connu en France sous sa forme romanesque et sous le titre de Frankie Addams ; la pièce sera joué 501 fois à Broadway, ce qui représente un beau succès. Julie Harris et Ethel Waters y tiennent les rôles principaux, ceux de Frankie et de Berenice Sadie Brown. Sur la photo, les trois femmes sont enfoncées dans un canapé au tissu damassé. Julie Harris, les bras passés par-dessus l’accoudoir, souffle sur son café et tient une cigarette ; à sa droite, Carson McCullers porte à son habitude des vêtements d’homme, rehaussés pour l’occasion de boutons de manchette ; elle arbore son indéfectible moue sous les orbites sombres d’un regard hanté, et se tient blottie contre la poitrine opulente d’une Ethel Waters rayonnante. Ce soir-là, Carson McCullers est the member of the party.

1.
Carson McCullers est née Lula Carson Smith le 19 février 1917 à Columbus en Géorgie et morte le 29 septembre 1967 à Nyack dans l’État de New York. Lula Carson était le nom de sa grand-mère, j’entends par là que Lula était le prénom de sa grand-mère et Carson son nom de jeune fille. Il était apparemment courant d’attribuer en deuxième prénom un nom de famille, à cette époque, aux États-Unis.
La légende, relayée par le premier biographe français de notre autrice, Jacques Tournier, veut que Marguerite Smith, la mère, ait rêvé d’avoir un fils qui deviendrait musicien et qu’elle aurait appelé Caruso en hommage à l’illustre ténor Enrico Caruso. Accouchant d’une fille, elle aurait retiré le u de Caruso, l’aurait retourné de manière à en faire un n et l’aurait placé à la fin du prénom, nous ramenant miraculeusement au nom de jeune fille de la mamie. Ce que nous dit cette légende, c’est que Lula Carson n’était peut-être pas née dans le bon genre.
De fait, elle a treize ans quand elle décide que désormais, on l’appellera Carson tout court, ce en quoi elle montrera la même fermeté que Frankie Addams dans le roman du même nom, quand elle se fera appeler F. Jasmine. Le prénom usuel Carson, qui est masculin, sied particulièrement à cette jeune fille que caractérise déjà son androgynie. Carson McCullers, c’est ainsi, vêt son grand corps maigre et dégingandé de chemises et pantalons dont l’histoire ne précise pas si elle les pique à des hommes de son entourage ou les achète au rayon hommes – cette option laissant imaginer des scènes étonnantes dans les magasins des années 30 à 60.
Dans Le cœur est un chasseur solitaire, le premier roman de Carson McCullers, Mick Kelly est le double de Carson à treize ans. Pour commencer, elle aussi porte un prénom masculin. Comme sa créatrice, elle fait très jeune l’expérience de la pneumonie, rêve de jouer du piano, de voyager, de faire partie de quelque chose, bien que toutes ses tentatives de créer des liens avec les autres la renvoient très vite à la solitude. Physiquement, l’on retiendra (je cite) « sa voix rauque, garçonnière, et (…) son habitude de remonter son short kaki et de se dandiner comme un cow-boy de cinéma ». À ses sœurs, qui ricanent de son apparence, Mick Kelly dit :
« Je ne veux pas être comme vous et je ne veux pas vous ressembler. Et je ne vous ressemblerai pas. C’est pour ça que je porte un short. Je voudrais être un garçon et partager la chambre de Bill ».

À l’évidence, c’est bien délibérément que Carson McCullers entretient une certaine ambiguïté quant à son inscription dans un genre. Qui sait si, au 21ème siècle, elle ne se serait pas fait désigner par le pronom they, troisième personne du pluriel au genre neutre. C’est également ce que semble indiquer la théorie de Frankie, ou F. Jasmine, ainsi formulée au cours d’une de ses longues discussions avec son cousin de six ans John Henry West et Berenice Sadie Brown, la domestique de la famille Addams (hihi) :
« Elle désirait aussi que les gens pussent changer de sexe instantanément selon leur caprice. Mais Bérénice discutait ce sujet, affirmant que la loi des sexes était parfaitement établie et ne pouvait être améliorée. Et John Henry ajoutait son grain de sel et déclarait que chacun devrait être moitié garçon, moitié fille, et quand la vieille Frankie menaçait de l’emmener à la foire et de le vendre à la Baraque des Phénomènes, il se contentait de fermer les yeux et de sourire. »
Carson McCullers a déclaré un jour être née homme dans un corps de femme et je n’arrive pas à trouver anodin que cette enveloppe dont elle se dissocie soit, toute sa vie, une intarissable source de souffrances. Elle n’a que quinze ans quand elle tombe gravement malade pour la première fois.

2.
Le rhumatisme articulaire dont elle souffre n’est pas diagnostiqué, de sorte qu’il ne sera jamais correctement soigné ; elle subira de nombreuses pneumonies, passera les quinze dernières années de sa vie paralysée du côté gauche, avant qu’un cancer ne l’emporte prématurément à l’âge de cinquante ans. Dans la nouvelle Un souffle venu du ciel, parue de manière posthume dans le recueil Le Cœur hypothéqué, elle décrit la douleur, l’isolement dans la douleur, et l’impossibilité de communiquer sa détresse aux proches, qui se sentent impuissants au point de finir agacés par le spectacle de toute cette souffrance. Ici, c’est la mère de la jeune Constance, Mrs Lane, qui voudrait pouvoir échapper à cette prison que devient pour elle la maladie de sa fille.
« Tous ces mots à la suite l’épuisaient. Elle prit une longue inspiration et se mit à tousser. Penchée sur le côté, un Kleenex à la main, elle toussa jusqu’à ce que le petit brin d’herbe sur lequel son regard était fixé se grave à jamais dans sa mémoire, comme les rainures du plancher lorsqu’elle était dans son lit. Sa toux calmée, elle jeta le Kleenex dans une boîte en carton posée contre sa chaise longue et regarda sa mère. Mrs. Lane s’était détournée. D’un air absent, elle s’amusait à brûler les fleurs des spirées avec le bout de sa cigarette. »

(Carson par Leonard Mccombe.)

La cruauté du monde qui poursuit son grand spectacle de saisons, d’airs froids et chauds, de textures et de couleurs, pendant que l’être malade sent la vie refluer de son corps, J.T. Malone, le pharmacien mourant de L’Horloge sans aiguille, la connaît lui aussi très bien :
« De retour de l’hôpital et libre tout l’après-midi, Malone laissait ses journées en jachère. Il songeait aux montagnes, au Nord, à la neige, à l’Océan, à tout le temps inexploité de sa vie. Comment la mort pouvait-elle le frapper, alors qu’il n’avait pas encore vécu ? »
Il faut des années à Carson McCullers pour venir à bout de ce roman, son dernier, qu’elle dicte à une secrétaire parce qu’elle ne peut même plus taper à la machine. Je ne sais pas comment elle travaillait auparavant mais, si je me fie à ma propre expérience, une phrase a subi des dizaines de métamorphoses avant d’être imprimée, elle est raturée, découpée, recollée, caviardée, rallongée, déplacée dans le corps du texte. On sent bien que L’horloge sans aiguille est un texte infirme, un texte que son autrice n’a pu travailler au corps. Et je profite de cette remarque pour attirer votre attention sur le fait que, de toutes les disciplines artistiques, l’écriture est la seule dont on estime tacitement que le corps n’y est pas en jeu ; je suis sûre que Carson McCullers s’opposerait à cette vision avec la même fermeté que moi et plus encore.

3.
Pour l’instant, elle a quatorze ans et se prend de passion pour la danseuse Isadora Duncan : le grand amour de sa vie, affirmera-t-elle a posteriori. Cette tendance à s’enflammer pour ce qu’elle appelle des amies imaginaires, presque toujours des femmes, ne lui passera jamais, et elle en harcèlera plus d’une, d’Annemarie Schwarzenbach à Katherine Anne Porter, de Djuna Barnes à Greta Garbo. Adulte, elle prétend avoir écrit à cette dernière une lettre de plusieurs centaines de pages, ce que son ami Edward Newhouse interprète ainsi :
« 1) elle avait écrit la lettre ; 2) elle n’avait rien écrit ; 3) la lettre faisait plus de mille pages ; 4) elle ne faisait que neuf pages ; 5) aujourd’hui on était mercredi… Oui, cette petite disait vraiment ce qu’il lui plaisait de dire. »
Mick Kelly, dans Le cœur est un chasseur solitaire, hérite aussi de cette propension à des rêveries non dépourvues de mièvrerie :
« La glace et la neige s’associaient souvent à ses plans d’avenir. Quelquefois elle se trouvait en Suisse et toutes les montagnes étaient couvertes de neige et elle patinait sur de la glace verdâtre. M. Singer patinerait avec elle. Et peut-être Carole Lombard ou Arthur Toscanini qui jouait à la radio. Ils patineraient ensemble et M. Singer s’enfoncerait à travers la glace et elle plongerait sans souci du danger et nagerait sous la glace et sauverait sa vie. C’était un des plans qui obsédaient son esprit. »

 

(Annemarie Schwarzenbach)

Carson McCullers a conscience de vivre une grande partie de sa vie dans un imaginaire sucré. Je sens d’ailleurs de l’autodérision dans sa manière de décrire les fantasmes de ses personnages, particulièrement vers la fin de sa vie, quand elle évoque en ces termes le mûrissement inopiné de Jester, l’un des protagonistes de L’Horloge sans aiguille :
« Et il n’imaginait plus qu’il sauvait Sherman de la foule, qu’il faisait le sacrifice de sa vie sous les yeux de Sherman, éperdu de chagrin. Envolés également les rêves où il arrachait Marilyn Monroe à une avalanche en Suisse, puis paradait triomphalement sous les serpentins dans les rues de New York. Ces rêveries n’avaient pas manqué d’intérêt en elles-mêmes, mais après tout, elles ne menaient à rien. Il avait sauvé d’innombrables personnes, il était mort d’innombrables fois en héros ! Et ces aventures se passaient presque toujours à l’étranger. »

4.
Tout comme son personnage Frankie Addams, Carson McCullers rêve de quitter sa petite ville du Sud. Le Sud des États-Unis est connu pour ses « péquenots », des Snopes de Faulkner aux dégénérés de Massacre à la tronçonneuse. Car une culture endémique s’y est développée, que la critique désigne volontiers comme Southern Gothic. Il ne s’agit pas de gothique comme on l’entend dans le roman européen : si fantôme il y a, dans ce gothique américain, c’est celui d’un système archaïque reposant sur l’esclavage, l’agriculture et une structure sociale féodale, système que la guerre de Sécession a fait s’effondrer. Face au Nord industriel et progressiste, ce Sud ségrégationniste est à l’image des grandes plantations au bord du Mississippi et de son aristocratie : en totale déchéance. William Faulkner le premier a mis en littérature ce monde dont le charme suranné, décadent, est sous-tendu par une violence inouïe.
La maison du juge Clane, dans L’Horloge sans aiguilles, apporte la description la plus évocatrice de ces vieilles demeures décadentes qui représentent le lourd héritage du Sud.
« Les morts continuaient à vivre dans la demeure victorienne, trop décorée, au mobilier encombrant. Le cabinet de toilette de la femme du juge était resté tel que de son vivant, avec le nécessaire d’argent sur la commode et le placard plein de vêtements, auxquels on ne touchait que pour les aérer. (…) Mais, bien que partout dans la maison il y eût des rappels des disparus, les circonstances réelles de leur mort n’étaient jamais mentionnées, même indirectement. »
Dès Le Cœur est un chasseur solitaire, dans la pension des Kelly, on croise l’un de ces fantômes dérisoires, dont la famille ne se résout pas à se défaire alors même qu’il est d’un grotesque patent :
« Mick jeta un coup d’œil sur le vestibule et sur la salle à manger. Elle s’arrêta près du porte-manteau, devant le portrait du « Vieux Barbouillé ». C’était le grand-père de maman. Il avait été commandant pendant la guerre civile, et tué dans un combat. Un gosse quelconque avait ajouté des lunettes et une barbe à l’ancêtre et, après qu’on eut gratté les traces de crayon, toute la figure resta salie. C’est pourquoi elle l’appelait le Vieux Barbouillé. »
(Le jeune Truman Capote à La Nouvelle-Orléans, par Jerry Cooke.)

On comprend, lorsqu’on lit les livres de Truman Capote, qu’il a fui très jeune sa Louisiane natale pour New York ; le passage de La harpe d’herbes à Tiffany’s l’indique assez. On sent à l’inverse que Flannery O’Connor n’a jamais quitté la Géorgie, choisissant même de s’établir dans la toute petite ville de Milledgeville plutôt que de rester à Savannah. On pourrait croire, si l’on s’en tient à ses oeuvres, que c’est également le cas de Carson McCullers, or sa biographie nous apprend qu’elle a gagné New York à la première occasion, quitte à y vivre dans des conditions précaires, du moins au début.

(Flannery O’Connor – LISEZ-LA ! Photo Atlanta History Center, Floyd Jillson Collection.)

Cependant, toute sa vie, elle entretient un rapport ambivalent à son origine. Elle retourne souvent en Géorgie, parfois de longues périodes, notamment dans les pires accès de la maladie, phases qui la voient se réfugier auprès de sa mère Marguerite – du moins tant qu’elle-même y réside. Elle va jusqu’à clamer tardivement que Savannah est l’une des plus belles villes du monde. Selon de nombreux témoignages, elle n’a jamais perdu son accent et se présente volontiers comme une fille du Sud, consciente de ce qu’un tel bagage peut représenter, en particulier pour un écrivain.
Tout comme mon Pas-de-Calais natal, ce Sud maudit a une réputation que résument bien les trois mots « alcooliques chômeurs consanguins », d’ailleurs le Southern Gothic grouille de personnages difformes et, selon le mot de l’époque, idiots. Qui parvient à attendrir le cœur de pierre de Miss Amelia dans La Ballade du café triste ? Un bossu, Cousin Lymon :
« À peine quatre pieds de haut, une vieille veste couleur rouille qui lui arrivait aux genoux, de petites jambes torses qui paraissaient trop fragiles pour le poids de son énorme poitrine et de la bosse plantée entre ses deux épaules, une tête très large, des yeux bleu sombre, une bouche comme un rasoir, un visage insolent et doux à la fois, couvert de poussière ocre, avec des ombres bleu lavande autour des paupières. »
Dans Le Bruit et la fureur de Faulkner, sur trois enfants, l’un est idiot et un autre se suicide parce qu’il est amoureux de sa sœur ; dans La sagesse dans le sang de Flannery O’Connor, Enoch Emory est psychotique et adopte volontiers les postures des animaux dont il s’occupe au zoo ; presque chaque texte de Carson McCullers a son infirme, son monstre, son idiot, mais leur statut est très différent chez elle ; je pense qu’on peut lui attribuer la sympathie que confesse son personnage Biff Brannon, dans Le Cœur est un chasseur solitaire :
« Il aimait les anormaux. Il éprouvait une chaude sympathie pour les malades et les infirmes. S’il arrivait chez lui un client affligé d’un bec-de-lièvre ou atteint de tuberculose, il lui offrait un verre de bière. Si le client était bossu ou très infirme, c’était du whisky. »
Quand John Singer, qui est sourd-muet, entre dans la vie des personnages principaux, il devient le centre de toute l’attention, plus qu’un héros, une idole ; lui-même se suicide quand il apprend la mort par obésité de son ami Antonapoulos, un autre sourd-muet dont on devine qu’il a également un retard mental. Dans les textes de Carson McCullers, les personnages qui font peur ne sont pas ceux que l’on pouvait assimiler à l’époque à des phénomènes de foire mais les personnages d’Américains moyens, voire socialement bien assis, au racisme sauvage, comme les personnages principaux de L’Horloge sans aiguilles, tous terriblement antipathiques et moralement abjects, notables réactionnaires, nostalgiques du système esclavagiste, qui finiront par ourdir un lynchage dans la plus grande impunité.
Vous connaissez sans doute Mississippi Goddam, la chanson de Nina Simone, enregistrée pour la première fois en 1964, année où fut signé le Civil Rights Act qui déclarait illégale la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale. La chanson fait référence à l’attentat raciste visant une église baptiste de Birmingham, Alabama, en 1963 : « Alabama’s gotten me so upset / Tennessee made me lose my rest / And everybody knows about Mississippi goddam ». Je cite cette chanson pour que l’on mesure mieux le contexte dans lequel, vingt-quatre ans plus tôt, paraît Le Cœur est un chasseur solitaire.

L’un des personnages principaux est un médecin noir, le Dr Benedict Mady Copeland, qui veut éduquer les siens pour les soustraire au sort misérable que leur réserve le « rêve américain », citant notamment Karl Marx. La manière dont Carson McCullers montre l’injustice et la monstrueuse cruauté que subissent les Noirs dans le Sud si pauvre et arriéré des États-Unis, est insoutenable. Mais notre autrice, face à la réaction qu’y suscitent ses écrits, ressent vraisemblablement l’impuissance qu’éprouve le Dr Copeland face à l’inertie des mentalités.
Carson se trouve à Columbus, chez ses parents, au moment où paraît son deuxième roman, Reflets dans un œil d’or ; elle y reçoit des menaces du Ku Klux Klan, formulées d’élégante manière : « Avec ton premier livre, on a su que tu aimais les nègres, et avec celui-ci on comprend que tu es une gouine. On ne veut pas de gens qui aiment les nègres et les pédés dans cette ville ». La famille Smith est progressiste et se fiche de la rumeur mais un peu moins des menaces, aussi Lamar, le père de Carson, passe-t-il la nuit suivante à faire le guet (sans mauvais jeu de mots) avec un fusil. Vers la fin de sa vie (c’est-à-dire, je le rappelle, à la fin des années 1960), quand la bibliothèque de Columbus lui demandera de bien vouloir lui confier ses manuscrits, elle refusera parce que cette bibliothèque ne sera toujours pas accessible aux Noirs.
On comprend aisément que la jeune femme ait rêvé de quitter le Sud. Elle en ressent un besoin d’autant plus pressant quand Mary Tucker quitte Columbus ; sa professeure de piano est aussi la première femme pour laquelle elle se soit prise de passion.

5.
Carson McCullers a bien failli embrasser une carrière de concertiste plutôt que d’entrer en littérature. La légende veut que ce choix n’en ait pas été un mais que, à peine arrivée à New York, elle ait perdu dans le métro l’intégralité de la bourse qui devait lui ouvrir les portes de la Juilliard School of Music. Les témoins ne s’accordent pas sur ce point mais qu’importe : je n’imagine pas la voie suivie par Carson McCullers plus droite et nette que ses trames narratives. Quoi qu’il en soit, la volonté de devenir écrivaine était bien présente à Columbus et j’aimerais citer un passage du très bon livre de Josyane Savigneau, passage dans lequel beaucoup d’autrices contemporaines reconnaîtraient sans doute des échos de leur propre expérience, comme je l’ai moi-même fait, pour preuve que les déterminismes et préjugés ont mieux résisté à l’épreuve du temps que bien des écosystèmes, avec la persistance des cafards :
« Ceux qui l’entendent ainsi parler de son avenir littéraire en rient, plus ou moins ouvertement. Ils ne croient pas à sa véritable détermination de devenir écrivain. Et moins encore qu’un tel destin soit accessible à la petite Sudiste, à la drôle de fille souffreteuse de Lamar Smith le bijoutier, et de sa fantasque épouse Marguerite. »
Mais Carson Smith est opiniâtre, ce que requiert la vocation d’artiste, particulièrement quand on est une femme.

C’est sous le nom de McCullers qu’elle publie son premier roman, puisqu’elle vient d’adopter le patronyme de son époux James Reeves McCullers, que nous appellerons Reeves. La complexité de la relation que Carson entretient avec lui me rappelle Territory Blues, chanson de Georgia White dans laquelle on entend ces deux phrases : Sometimes I love him, sometimes I don’t / Sometimes I think I’ll quit him, sometimes I think I won’t. Cette relation à peine plus que platonique et marquée par des interruptions parfois longues de plusieurs années me semble une preuve supplémentaire d’une nature entêtée. C’est au point que le couple se mariera une deuxième fois, après que Reeves aura combattu en Europe pendant la seconde guerre mondiale et que Carson aura endossé avec une conviction étonnante le rôle d’épouse de guerre ; ces secondes noces trouveront un écho dans sa dernière pièce de théâtre, La racine carrée du merveilleux, dont l’échec l’ébranlera considérablement : cette histoire de mariage ne lui aura décidément pas réussi…

Je ne m’attarderai pas sur les rebondissements de cette relation destructrice ni sur ses à-côtés majoritairement homosexuels (d’un côté comme de l’autre, semble-t-il), je me contenterai d’évoquer un pacte passé entre les fiancés mais que ne peuvent honorer les mariés. Reeves et Carson étaient censés alterner : une année, M. trouverait un travail salarié pendant que Mme se consacrerait à l’écriture, et l’année suivante ce serait l’inverse. Le succès immédiat de Carson rend cette alternance impossible, et on se doute bien qu’elle va le payer.
Si l’inverse s’était produit, personne n’en parlerait plus et je ne le mentionnerais pas. On citerait Reeves McCullers comme l’un des géants de la littérature américaine du vingtième siècle et on ne se demanderait pas si Mme aussi avait des velléités. Mais le fait est que M. avait des velléités. Dès lors, je vous le donne en mille : selon la rumeur, dont l’écho nous parvient encore, Carson aurait tué l’écrivain en Reeves. Il n’est jusqu’au premier biographe français de notre autrice qui n’ait mené une longue enquête pour tâcher de trouver quelques lignes que le pauvre homme aurait pu laisser à la postérité : non, il n’y en a pas, MAIS il y a le témoignage d’une ancienne condisciple de Reeves, qui dit avoir été marquée à vie par une rédaction du génie étouffé dans l’œuf, texte dont elle ne se rappelle rien sinon qu’il avait impressionné toute une classe de lycéens. Le même biographe, Jacques Tournier, écrit au sujet de Reeves qu’« Un charme étrange émanait de lui, charme qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, hommes et femmes, et jusqu’aux animaux. »
Reflets dans un oeil d’or a pour cadre une base militaire, or Reeves McCullers se trouvait à Fort Benning (une base militaire) quand Carson et lui se sont rencontrés.

Elle-même y a passé du temps, notamment pour voir son ancienne professeure de piano, Mary Tucker ; elle a donc pu observer la vie du camp, certes, mais une femme écrit-elle des histoires de caserne ? Les détracteurs de Carson McCullers en sont désormais assurés : elle n’est qu’un prête-nom. Elle ne fait que signer les livres écrits par Reeves. Même les commentateurs les plus modérés ne peuvent s’empêcher d’échafauder les théories les plus biscornues, comme c’est le cas de Jacques Tournier, encore lui, qui écrit :
« Sans savoir si [son] premier livre aura du succès, elle en commence un autre. Ou plutôt, n’est-ce pas Reeves qui l’a commencé ? À bien lire Reflets dans un oeil d’or, qui se déroule dans un camp militaire, dans un cadre qu’elle a sans doute connu à travers les Tucker, mais qui est si loin d’elle, si différent de celui, toujours le même, qu’elle a donné à ses autres livres (car ce qu’elle écrit est avant tout autobiographique), on est en droit de se demander si elle n’a pas tenu un temps la main de Reeves, en travaillant sur un sujet fourni par lui et nourri de ses souvenirs de soldat, avant de prendre la plume elle-même et de tout réécrire, tant il devenait évident qu’il n’avait aucun don d’écrivain. »

(Carson et Reeves.)

Pour résumer, nous avons affaire à une femme qui 1. ne s’habille pas comme une femme, 2. n’est pas une férue de ménage et ne cuisine presque jamais, 3. ne travaille pas, 4. s’arroge la gloire littéraire qui revient de droit à son époux et 5. noie (autant dire attise) dans l’alcool son instabilité psychique. Autant dire une femme que beaucoup adorent détester.

La nouvelle Un problème familial soulève la question de l’alcool et, je pense, tend à la minimiser. La situation est moins dramatique dans la nouvelle qu’elle ne l’est dans le quotidien du couple McCullers, où les tentatives de sevrage de l’une et de l’autre (mais particulièrement de l’une) échouent inéluctablement. On trouve dans une autre nouvelle, Un instant de l’heure qui suit, ces phrases révélatrices :
« Elle se leva en frissonnant, se dirigea vers la bouteille de whisky. Toutes les parties de son corps étaient comme des accessoires inutiles. Seule la douleur enfoncée derrière ses paupières semblait lui appartenir. Elle hésita, le goulot à la main. Ça ou un Alka-Seltzer dans le premier tiroir du bureau. Mais l’image du comprimé blanchâtre, venant mourir à la surface du verre, dévoré par sa propre effervescence, lui parut trop déprimante. »

(Carson par Leonard Mccombe.)

Selon toutes apparences, Carson et Reeves sont avant tout des compagnons de beuverie. L’absence de sexualité au sein du couple fait l’objet d’un commentaire collectif, comme dans La Ballade du café triste, où l’on voit le village épier la nuit de noces de Miss Amelia et de Marvin Macy. Une légende naît forcément à la convergence de versions antagonistes d’un même événement, et c’est bien ainsi qu’apparaît Miss Amelia à travers l’écriture de McCullers : comme une légende. Il n’est pas anodin que le passage suivant puisse être diversement interprété ; si j’y vois une scène de sexe désopilante, elle a pu être vue par d’autres comme une tentative de viol. Je n’y crois pas mais, à y regarder de plus près, je dois bien avouer qu’il n’y a rien d’objectif dans mon refus d’adhérer à cette lecture.
« Grâce aux jeunes gens qui regardaient par la fenêtre cette nuit-là, on sait exactement ce qui arriva : le marié et la mariée firent un souper extraordinaire, préparé par Jeff, le cuisinier noir de Miss Amelia. La mariée reprit deux fois de chaque plat, mais le marié mangeait du bout des lèvres. La mariée fit ensuite ce qu’elle avait l’habitude de faire – lecture du journal, inventaire des stocks du magasin, etc. Le marié rôdait près de la porte, avec un visage extatique, presque égaré. La mariée ne faisait pas du tout attention à lui. À onze heures, elle prit une lampe et monta au premier étage. Le marié la serrait de près. Jusque là, tout gardait une allure décente. Mais ce qui suivit fut un véritable sacrilège.
Une demi-heure plus tard, Miss Amelia dégringolait l’escalier en pantalon et veste kaki. Son visage était tellement sombre qu’il paraissait presque noir. D’un furieux coup de pied, elle fit claquer la porte de la cuisine. Peu à peu, elle reprit son sang froid, ralluma le feu, s’assit devant le fourneau, les pieds sur la grille, et se plongea dans la lecture de l’Almanach du fermier, en buvant du café et en tirant quelques bouffées de la pipe de son père. Son visage retrouvait sa couleur naturelle, mais restait fermé et sévère. De temps en temps, elle notait sur une feuille de papier un renseignement trouvé dans l’Almanach. À l’aube, elle entra dans son bureau, et sortit de sa housse la machine à écrire qu’elle venait d’acheter et dont elle se servait encore assez mal. Ainsi se passa toute sa nuit de noces. Quand il fit grand jour, elle sortit dans la cour, comme si de rien n’était, et exerça ses talents de menuisier sur un clapier commencé la semaine précédente et qu’elle avait l’intention de vendre.
C’est une situation bien embarrassante pour un homme de ne pas réussir à partager le lit de son épouse bien-aimée, alors que toute la ville est au courant. Quand Marvin Macy descendit ce matin-là, il portait encore son habit de noces et son visage était dévasté. »
Tout comme Frankie Addams – c’est-à-dire à la manière d’une enfant – Carson McCullers aime dormir auprès de quelqu’un, elle aime la proximité d’un corps sans qu’il y entre (si j’ose) rien de sexuel.

6.
Carson McCullers a des amitiés longues comme la vie, notamment avec Tennessee Williams, mais elle passe aussi pour une garce, selon les termes employés par un certain nombre de témoins qu’a interrogés sa biographe américaine, Virginia Spencer Carr.

(Tennesse Williams et Carson McCullers.)

Carson a besoin des autres autant qu’elle les fait fuir. Quand elle quitte le domicile conjugal, sporadiquement, c’est pour vivre la grande expérience communautaire. Elle s’y essaie d’abord dans une colocation au 7 Middagh Street à Brooklyn Heights, où des artistes éminents se partagent une immense maison tenue par l’éditeur George Davis. L’on y trouve notamment Wystan Auden, Benjamin Britten, Lotte Lenya et Kurt Weill, Erika et Klaus Mann (les enfants de Thomas Mann), ou encore Richard Wright. Elle séjourne aussi régulièrement à Yaddo, colonie d’artistes située à Saratoga Springs dans l’État de New York. Elle se réjouit d’être parmi les autres (notamment à Yaddo) mais il semblerait qu’elle se tienne toujours à l’écart. « Le désir d’appartenir à un groupe la hantait presque autant que la musique. Ces deux préoccupations l’obsédaient », écrivait-elle de Mick dans Le Cœur est un chasseur solitaire, mais la jeune fille n’y parvient pas plus que sa créatrice. Pas davantage non plus que Frankie Addams :
« elle dit presque à haute voix : « Ils sont mon nous à moi ». Hier, et pendant les douze années de sa vie, elle avait été seulement Frankie. Elle était un je qui se promenait et agissait seule. Toutes les autres personnes se réclamaient d’un nous… toutes, sauf elle. Quand Bérénice disait nous, cela signifiait Honey et grand-maman, sa loge ou son église. Le nous de son père c’était le magasin. Tous les membres du club avaient un nous auquel ils appartenaient et dont ils parlaient. Les soldats de l’armée pouvaient dire nous, et même les criminels enchaînés dans les bagnes. »

(La colonie artisitique de Yaddo. Où est Carson ?)

Quand elle boit, Carson devient imbuvable, disent ses nombreux contempteurs. Arrogante, narcissique, cassante. Je me demande quant à moi si son alcoolisation n’était pas le prix à payer pour pouvoir lever ses inhibitions et se mêler à la vie collective.

La rumeur est aussi tenace que la maladie ; l’une et l’autre rendront particulièrement douloureuses les quinze dernières années de sa courte vie. Carson finira paralysée du côté gauche, comme je l’ai déjà mentionné, incapable de vivre de manière autonome au quotidien et d’exercer son art sans assistance. Elle vivra également ces années dans l’opprobre car on la tiendra pour responsable du suicide de Reeves – et quand je dis on, je parle d’un on massif, pour preuve qu’un milieu, même littéraire, c’est-à-dire prétendument intellectuel, peut être aussi étroit, injuste et suffoquant qu’une petite ville du Sud telle que Columbus, Géorgie.
L’acharnement contre Carson McCullers, qui persiste bien au-delà de sa mort, prend des formes étonnantes. Ainsi, nombreux sont les critiques à formuler la même idée : Carson McCullers, je vous l’annonçais en introduction, serait un écrivain mineur. Le critique George Dangerfield dans la Saturday Review du 30 mars 1946, au terme d’un article élogieux sur Reflets dans un œil d’or mais aussi sur l’écriture de Carson McCullers, dont il admire à juste titre la subtilité (« C’est, dit-il, un écrivain de la suggestion plus que de l’éloquence »), finit néanmoins son papier en affirmant qu’« Il y a dans la littérature contemporaine des écrivains plus importants que Carson McCullers. D’elle, on ne peut que répéter une fois de plus qu’elle est unique. » Une critique du Partisan, Elizabeth Hardwick, la qualifiera quant à elle d’écrivain mineur de grand talent. Il faudra décidément qu’un jour, un ou une critique me fasse un exposé sur les différents barèmes utilisés dans sa profession.
Mais les critiques ne sont pas les seuls à formuler ce genre de jugement. Arthur Miller dira de Carson, après sa mort : « J’ai aimé certaines choses. Mais en définitive, je pense que c’était un auteur mineur. » Vous aurez noté l’expression très vague qu’il emploie : il a aimé certaines choses. C’est que l’auteur des Sorcières de Salem n’est avare d’aucun enfantillage pour suggérer le dédain que lui inspire sa contemporaine ; par exemple, en société, il fait semblant de ne pas se rappeler le titre de ses ouvrages. On est en droit de se poser la question : Arthur Miller se considère-t-il lui-même comme un écrivain majeur ou mineur ? Cette distinction a-t-elle seulement un sens ? Sans aller jusqu’à l’idée aujourd’hui très à la mode selon laquelle tout se vaudrait, la distinction majeur-mineur appliquée à la création artistique m’apparaît comme puérile et totalement arbitraire. Quels sont les critères ? Qui, parmi ses contemporains, est aux yeux d’Arthur Miller un auteur majeur ?


(De gauche à droite, Arthur Miller, Marilyn Monroe, Carson McCullers et Karen Blixen, chez Carson à Nyack.)

Je suis prête à parier qu’Hemingway en fait partie – il est en effet bien plus couillu, comme on dit, que notre Carson. Pourquoi en venir à l’entrejambe, me demanderez-vous ? Parce que, si j’essaie de comprendre les critères sur lesquels se reposent Miller et quelques autres pour asséner ce jugement, il semblerait que la taille soit un élément important. Je vous lis la suite de la déclaration du dramaturge au sujet de sa consœur : « À moins que son œuvre n’ait été simplement « cassée », interrompue précocement, à cause de la maladie, puis d’une mort en pleine maturité. » Comme si la longueur de la bibliographie avait jamais indiqué une valeur quelconque.
Comme si Le Cœur est un chasseur solitaire avait les maladresses d’un roman de jeunesse. Il s’agit déjà d’un texte extrêmement maîtrisé, d’une rare finesse tant dans l’évocation des émotions que dans le travail de la phrase, et dans lequel un lecteur en pleine maturité (pour reprendre les mots de Miller) trouve des échos de ses propres vertiges existentiels et questions ontologiques.

7.
Carson McCullers, peut-être parce qu’elle a côtoyé très tôt la maladie et la mort, peut-être parce qu’elle a grandi dans ce Sud putrescent et vide comme un été de bourgade, peut-être parce qu’elle était musicienne et qu’à travers la musique elle approchait l’indicible, a mis au cœur de sa littérature quelque chose que j’appellerai le mystère mais que je pourrais aussi me contenter d’appeler quelque chose, comme elle-même le fait parfois. Et c’est ce qui me fait aimer si profondément la plupart de ses livres, ce qui me donne l’impression, quand je les lis, d’avoir une main à tenir tandis que j’emploie le temps qui m’est imparti, ce temps dont j’ignore quelle sera sa longueur, à traverser l’infini. Je ne peux pas évoquer son œuvre sans prendre pour objet cet indicible, cette chose que Carson McCullers, quelques-uns de ses personnages et quelques-uns d’entre nous aurons passé notre vie à poursuivre, avec l’intuition que le chemin éperdu est sans doute la chose même vers laquelle nous ne cessons de tendre.
La jeune pianiste de la nouvelle Wunderkind sent avec effroi la chose lui échapper :
« Mais depuis quatre mois, que lui arrivait-il ? Elle ne faisait sortir d’elle-même que des notes lisses, mortes. L’adolescence, avait-elle pensé. Il y avait des enfants très doués – ils travaillent, ils travaillent, jusqu’au jour où ils pleurent au moindre prétexte, comme elle, parce qu’ils sont épuisés d’avoir tenté de prendre au piège la chose – oui, cette chose dont ils rêvaient – avec une telle violence – et tout devenait bizarre – ils perdaient tout. »
Mick Kelly et Frankie Addams veulent désespérément faire partie de quelque chose, et comme il faut bien donner une forme intelligible à ce quelque chose, la première choisit d’organiser une fête (ce sera un fiasco) tandis que la seconde choisit le mariage de son frère. Elle veut faire partie du mariage, comme l’indique le titre original The Member of the Wedding, mais pas seulement assister à la cérémonie : « Je les aime tant, tous les deux. Nous irons partout ensemble. C’est comme si j’avais su toute ma vie que je faisais partie de leur existence. »

Ce mystère, ce flou, est à la fois un motif récurrent chez Carson McCullers, sinon un sujet à part entière, et une méthode. Un style. Après avoir renoncé à entrer à la Juilliard School of Music, la jeune Carson s’inscrit à Columbia, où elle suit des cours d’écriture avec une certaine Sylvia Chatfield Bates. La professeure commente ainsi la nouvelle Poldi, que l’on peut lire dans Le Cœur hypothéqué :
« Voilà un excellent exemple de nouvelle picturale – c’est-à-dire dramatisation complète d’un thème très court, description d’une situation presque statique dont les éléments narratifs appartiennent au passé ou au futur. C’est une histoire assez banale, mais pas trop. Vous pouvez échapper à cette banalité (…) grâce à la véracité, à la précision et à la richesse du détail. Comme je l’ai constaté déjà, les vôtres sont de cet ordre. Les détails sont bons. Très vivants. (…) Votre connaissance de la technique musicale, qui est éclatante, sonne juste. Le lecteur moyen aimerait que la nouvelle soit un peu plus vivante. Qu’elle avance davantage et qu’elle permette de mieux comprendre ce qui va arriver. Mais moi, je l’aime telle qu’elle est. Elle n’a aucun besoin d ‘être retravaillée. »
Relisant Henry James, Carson McCullers écrit que « C’est un vrai plaisir que de se frayer un chemin à travers des pages d’ambiguïtés pour tomber brusquement sur ces lignes exquises, ces révélations presque inattendues ». Sans doute avait-elle conscience que, dans sa propre œuvre, ces révélations se dessinent au sein même de lignes à l’exquise ambiguïté, à la manière d’images subliminales qui surgiraient, quand l’œil s’y attend le moins, d’une texture dense jusqu’à l’insaisissable. Je pense qu’elle en était consciente parce qu’une telle écriture requiert une maîtrise bien plus grande qu’un travail axé sur la narration et dont l’intrigue solide reposerait sur un plan, et je le pense aussi parce que, dès la première page de Frankie Addams, Carson McCullers annonce la partition :
« à la maison, il n’y avait que Bérénice Sadie Brown et John Henry West. Tous les trois, assis autour de la table de la cuisine, parlaient indéfiniment des mêmes choses. Si bien qu’en août, les mots commencèrent à prendre une résonance étrange. »

( Ethel Waters, Brandon DeWilde et Julie Harris dans The Member of the Wedding.)

Quant à la qualité musicale de l’œuvre, on en trouve la métaphore dans deux scènes sublimes. La première a lieu dans Le Cœur est un chasseur solitaire. Mick Kelly se cache au pied des maisons dotées d’un poste de radio, à la nuit tombée, pour écouter de la musique classique, cette musique qui l’obsède et qui recèle à ses oreilles un mystère insondable vers lequel elle se sent puissamment appelée.
« Comment cela vint-il ? Pendant une minute l’ouverture hésita. Une promenade ou une marche. Comme si Dieu se pavanait dans la nuit. Brusquement elle se sentit glacée extérieurement et, seule, la première partie de cette musique était chaude dans son cœur. Elle ne put même pas entendre les sons qui suivirent ; elle attendait, glacée, les poings serrés. Puis la musique reprit, plus impérieuse et plus puissante. Cela n’avait rien à faire avec Dieu. C’était elle, Mick Kelly, marchant dans la lumière du jour et toute seule dans la nuit. Sous le chaud soleil et dans le noir avec tous ses plans et ses sentiments. Cette musique était elle… son moi réel.
Elle ne pouvait pas écouter assez pour tout entendre. La musique bouillonnait en elle. Que faire ? S’attacher à certains passages merveilleux pour ne plus les oublier… ou se laisser aller, écouter ce qui venait sans penser, sans essayer de se rappeler ? Seigneur ! le monde entier était cette musique et elle n’avait pas assez de tout son être pour écouter. Puis enfin le thème d’ouverture fut repris par tous les instruments donnant ensemble la même note comme un poing dur, crispé, qui lui martelait le cœur. Et la première partie s’acheva.
Cette musique ne durait pas un temps long ou court. Elle n’avait rien à faire avec le temps. »
Outre le fait que cette page décrit la musique et les sensations qu’elle procure de la manière la plus juste possible, parce que si subtile, si suggestive, j’y vois presque une notice à l’intention de celles et ceux qui s’attachent trop au sens des œuvres, et qu’embarrasse ou frustre l’idée de ne pas avoir tout compris. J’ai la conviction que l’on n’a pas besoin de tout comprendre pour vivre une expérience riche et unique avec une œuvre, voire que l’expérience est encore plus intense quand elle recèle une part de mystère – j’y reviens, à ce mystère, cette part du réel qui échappe à l’entendement et qui est d’autant plus précieuse parce qu’elle nous porte au cœur même de l’informulable. Un passage de Frankie Addams montre tout aussi finement le lien que fait Carson McCullers entre musique et indicible.

« La mélodie était lente, sombre et triste. Puis tout d’un coup le cornet commença un jazz échevelé et zigzaguant empli de toute la magie nègre. Puis la musique ne fut plus qu’un son filé et lointain avant de revenir au blues du début. On eût dit le récit de cette longue saison troublée. Elle restait là sur le trottoir sombre, le cœur serré, les genoux collés, la gorge contractée. Puis, sans avertissement, il arriva une chose que, tout d’abord, Frankie ne put pas croire. Au milieu d’une phrase mélodique, la musique s’arrêta net. Tout d’un coup le cornet cessa de jouer. Pendant un instant Frankie ne comprit pas, se sentit perdue.
« Il s’est arrêté pour secouer la salive de son cornet, murmura-t-elle enfin à John Henry. Dans une seconde il reprendra. »
Mais la musique ne reprit pas. La mélodie resta brisée, inachevée. Et elle ne pouvait plus supporter cette terrible angoisse. Elle sentait qu’il lui fallait faire quelque chose de sauvage, d’inattendu. Elle se frappa la tête à coups de poing, mais cela ne servit à rien. Alors elle se mit à parler à haute voix, bien qu’au début elle ne fît pas attention à ses propres paroles et ne sût pas d’avance ce qu’elle dirait.
« J’ai prévenu Bérénice que j’allais quitter la ville pour de bon et elle ne m’a pas crue. Il y a des jours, vraiment, où je trouve que c’est la dernière des imbéciles. »
Elle se plaignait très haut et sa voix semblait découpée comme des dents de scie. Elle parlait et ne savait pas quel mot suivrait celui qu’elle prononçait. Elle écoutait sa propre voix, mais les mots qu’elle entendait n’avaient guère de sens. »

Si aucun mot de Carson McCullers n’est laissé au hasard, son écriture n’est pas de celles qui enferment et imposent mais de celles qui laissent une grande liberté d’interprétation, au point que parfois l’on ne peut être assuré d’avoir compris ce qui vient de se passer entre deux personnages – j’en veux pour preuve les appréciations très différentes de la scène de sexe entre Miss Amelia et Marvin Macy que nous avons lue tout à l’heure. La vie a bien souvent ce flou, et le travail de la mémoire plus encore. Interrogée sur sa méthode de composition, McCullers dit : « Je ne comprends que par fragments. Je comprends les personnages mais le roman lui-même reste flou. Le point se fait parfois, comme par hasard, à des instants que personne, et l’auteur moins que quiconque, ne peut comprendre. » Le tâtonnement est son mode opératoire. Il me semble refléter avec beaucoup de justesse la complexité de la vie, qui n’est jamais aussi lisible qu’on voudrait le croire, et c’est ce qui la rend, cette vie, plus passionnante qu’un roman de gare, et ce qui place la littérature de Carson McCullers à un niveau qui nargue les majeurs, mineurs et autres gammes hors de propos.

(Elizabeth Taylor dans la formidable adaptation de Reflets dans un oeil d’or par John Huston.)

Outro
Vous qui n’avez pas encore lu Carson McCullers, je ne vous envie pas seulement parce que vous allez maintenant pouvoir partir à la découverte de son œuvre fascinante mais aussi parce que vous allez avoir à votre disposition des traductions dignes de ce nom. Du moins semblons-nous avancer dans cette direction puisque Le Cœur est un chasseur solitaire vient d’en connaître une nouvelle, par Frédérique Nathan et Françoise Adelstain ; il s’agit de la troisième, après celles de Marie-Madeleine Fayet en 1947 et de la seule Frédérique Nathan en 1993. Reflets dans un œil d’or a d’abord été traduit par Charles Cestre, en 1946 puis par Pierre Nordon en 1993. Jacques Tournier a proposé en 1974 de nouvelles traductions de Frankie Addams, d’abord traduite par Marie-Madeleine Fayet en 1949, et de La Ballade du café triste, que Gabrielle Melera dite G.M. Tracy avait d’abord traduite en 1946. La seule traduction de L’Horloge sans aiguilles disponible à ce jour est celle de Colette M. Huet et date de 1962. Enfin, Le Cœur hypothéqué a été traduit par Jacques Tournier et Robert Fouques Duparc en 1977. Il a moins vieilli que d’autres. Certains textes mériteraient une nouvelle traduction qui, notamment, ne rendrait pas de manière si odieuse le parler des Noirs. Elle devrait aisément permettre, mieux que ne le font les anciennes versions, l’immersion dans l’atmosphère du Sud des États-Unis, ce Sud qu’une des traductions susdites désigne comme… le Midi. L’on y fête la veille de la Toussaint, à défaut d’Halloween, l’on y mange du maïs éclaté en guise de pop-corn et l’on y rencontre de vrais roger-bontemps – des quoi ? Des roger-bontemps. C’est une expression désormais inusitée, tirée du surnom d’un secrétaire d’évêque auxerrois qui a vécu aux quinzième et seizième siècles et qui, d’après les dictionnaires qui en font mention, désigne une personne de belle humeur et qui vit sans aucune espèce de souci. Tout juste y devine-t-on un jolly good fellow. Mais de telles aberrations, j’en suis sûre, ne seront bientôt plus imprimées. Car j’aime penser que Stock, l’éditeur de ces traductions, a le désir de rendre enfin justice à cette autrice si singulière dont lui seul a exploité les oeuvres en France.

 

 

 

 


Les Parleuses #3 : Carson McCullers

Résumé de ce numéro 3 des Parleuses sur le site de Littérature,etc. « Au programme de cette séance de bouche à oreille pour propagation du matrimoine littéraire : ateliers de lecture par arpentage d’une nouvelle de Carson McCullers menés par Aurélie Olivier, un atelier d’écriture mené par Chloé Delaume, Marraine 2019 des Parleuses, et une lecture – enregistrement de podcast imaginés par Fanny Chiarello. » C’était le samedi 25 mai 2019, à Lille.

On peut écouter le podcast ici.