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6/07/2022

le seuil ou le guet de feu

 

Agamben : du langage le seuil ou le guet de feu

« La vérité est une errance, sans laquelle certains hommes ne pourraient pas vivre. Elle est, ainsi, une forme de vie, cette forme de vie dont certains hommes ne peuvent se passer. Leur forme-de-vie est, en ce sens, une errance pour la vérité, qui les constitue comme témoins. »

Giorgio Agamben

 

Zone Critique revient sur Quand la maison brûle, de Giorgio Agamben. L’ouvrage, publié dans la collection Bibliothèque, chez Payot-Rivages, dans une traduction de Léo Texier, reprend quatre textes du grand philosophe italien, où il est tour à tour question de péril, de seuil, de passage et de vérité.

Langage et politique : vers la ruine

Texte sans doute le plus politique, texte qui ouvre l’ensemble de l’ouvrage et donne son titre au livre, « Quand la maison brûle » reprend et actualise des réflexions déjà engagées de longue date par l’auteur. Des propos sur la nudité, le masque social et la persona aux propos sur la vérité en lutte contre les lumières du temps et, en filigrane, le brillant « Qu’est-ce que le contemporain ? », « Quand la maison brûle » poursuit la démonstration d’une politique aux prises avec l’histoire – d’une politique contre l’histoire – et dans la recherche de sa propre mue autoritaire, à laquelle opposer le geste de la pensée (philosophie) et le geste du langage (poésie).

Agamben ouvre son propos sur un constat implacable qui, s’il a le mérite de prendre de la hauteur quant à la collapsologie ambiante, se refuse à une cécité béate tout en rappelant que le drame est un drame du construit plus qu’un drame jaillissant ex nihilo d’une tragédie indépassable. « Qu’une civilisation – une barbarie – sombre pour ne pas se relever, cela est déjà survenu et les historiens sont habitués à marquer et dater les ruptures et les naufrages. Mais comment témoigner d’un monde qui va vers sa ruine les yeux bandés et le visage couvert, d’une république qui s’effondre sans lucidité ni fierté, dans l’abjection et la peur ? Leur aveuglement est d’autant plus désespéré que les naufragés prétendent gouverner leur propre naufrage, ils jurent que tout peut être tenu techniquement sous contrôle, qu’il n’y a besoin ni d’un nouveau dieu ni d’un nouveau ciel – mais seulement d’interdits, d’experts et de médecins. Panique et escroquerie. »

Là où brûle le feu. Parce que le feu est celui d’un pouvoir – là, la politique contre le politique – qui cherche et creuse son propre renouvellement, sa propre survie, la cohérence absurde de son propre entêtement. Un état donc où le primat de la politique sur le politique, asservit l’histoire à sa propre fin, détourne la performativité émancipatrice du langage et perpétue son propre aveuglement

Ce qui s’effondre, ne serait donc pas le monde mais le commun, ou du moins la capacité du politique – contre la politique – à faire commun et cité, à faire maison. Là où brûle le feu. Parce que le feu est celui d’un pouvoir – là, la politique contre le politique – qui cherche et creuse son propre renouvellement, sa propre survie, la cohérence absurde de son propre entêtement. Un état donc où le primat de la politique sur le politique, asservit l’histoire à sa propre fin, détourne la performativité émancipatrice du langage et perpétue son propre aveuglement, c’est en ce sens d’ailleurs que l’auteur rappelle combien « [nous] séparer de notre passé est la première des ressources du pouvoir », non pas au sens du roman national mais dans la perspective d’une histoire commune, refuge et foyer, maison désormais en flamme, où jouir de la ruine. « Il en va comme si le pouvoir cherchait à s’emparer à tout prix de la vie nue qu’il a produite, et que cependant, […] il s’efforce de se l’approprier et de la contrôler par tous les dispositifs imaginables […]. »

 

Visage et langage : nudité de seuil

C’est qu’il faudrait toujours opposer une parole, geste de la philosophie et de la poésie, geste du salut également ouvrant et œuvrant à une émancipation de soi et donc des autres : retour au politique comme moteur du collectif, retour au visage comme moteur de l’humanité individuelle.

Là où s’établit l’économie globale de l’œuvre, c’est évidemment dans la communication qui s’opère entre les différents textes. Si le premier pose la critique politique et ouvre à une réflexion synthétique, les trois autres déploient des ramifications fécondes avec l’ensemble de l’œuvre d’Agamben. C’est qu’il faudrait toujours opposer une parole, geste de la philosophie et de la poésie, geste du salut également ouvrant et œuvrant à une émancipation de soi et donc des autres : retour au politique comme moteur du collectif, retour au visage comme moteur de l’humanité individuelle. « Quand pensée et langage se séparent, nous croyons pouvoir parler en oubliant que nous parlons. Poésie et philosophie, quand elles disent quelque chose, n’oublient pas qu’elles sont en train de le dire ; elles se souviennent du langage. Si nous nous souvenons du langage, si nous n’oublions pas que nous pouvons parler, alors nous sommes plus libres, nous ne sommes plus contraints par les choses et les règles. Le langage n’est pas un instrument, il est notre visage, l’ouvert dans lequel nous sommes. » C’est par le langage que je demeure dans l’ouvert, que je mets en jeu mon visage : « il expose et communique. Pour cette raison, le visage est lieu de la politique. Notre temps impolitique ne veut pas voir son propre visage, il le tient à distance, le masque et le couvre. Il ne doit plus y avoir de visage, mais seulement des nombres et des chiffres. Même le tyran est sans visage. » Et si le tyran est sans visage c’est bien que ma parole me donne un visage, ouvre au Contre’un cher à La Boétie.

Dès lors, celui qui s’ouvre par le langage, ouvre dans le même temps, communique et déploie. Il oppose au seuil de la ruine le seuil du multiple. De même que, dans le mesure où le seuil est loi – Agamben le rappelle dans « La porte et le seuil »  – il participe d’une cartographie du collectif, éclaire. Et la loi, si elle pose l’interdit, ouvre surtout à son dépassement, à l’interrogation de sa limite comme de sa légitimité : « La loi est la porte-clôture qui interdit ou permet le passage des actions à travers les seuils qui articulent les rapports entre les hommes. » Puisqu’il s’agit bien de préserver de l’embrasement la maison, puisqu’il s’agit bien de perpétuer le passage de ce que nous sommes à ce que nous serons. Et là d’envisager le seuil comme un devenir et un événement – celui du passage – ou la rencontre d’une intériorité et d’une extériorité, d’une individualité et de l’histoire, d’un sujet et d’un collectif. « Et, par l’arrêt de la pensée sur ce seuil, quelque chose comme un dehors, un espace de liberté devient possible. »

 

Charon poète-prophète

Parce que l’on pourrait considérer celui qui passe comme celui qui transmet, ou celui qui témoigne. Si je me tiens au seuil, si je me tiens dans le devenir d’un espace de seuil, je suis aussi – du moins c’est le pari que l’on fera – le fameux contemporain identifié ailleurs par Agamben. Le contemporain, rappelons-le, est celui qui voit dans les obscurités de l’époque, à la fois poète, à la fois Charon, à la fois médium. Et la « Leçon dans les ténèbres » semble se diriger dans cette perspective lorsqu’elle évoque la figure du prophète et surtout son rapport à la parole : une parole que l’on entend pas. Comme celui qui demeure d’une parole de vérité dans la maison qui brûle. « L’efficace de sa parole est, à vrai dire, précisément fonction du fait qu’elle reste inaudible, de ce qu’elle est de quelque façon incomprise. Prophétique est, en ce sens, la parole enfantine qui s’adresse à quelqu’un qui par définition ne pourra pas l’écouter. Et c’est précisément la coprésence nécessaire de ces deux éléments – l’urgence de l’apostrophe et son inanité – qui définit la prophétie. » Et la métaphore de l’enfant n’est pas anodine dans la mesure où elle situe le poète comme celui qui, dans l’espace du seuil, aura transgressé la loi et la culture, se sera défait de l’injonction construite et formulée pour se diriger vers une vérité non plus indicible mais intolérable.  Elle est la parole qui démasque sous la lumière éblouissante les points construits de la catastrophe, le systématisme du devenir-ruine : « Ne peut dire la vérité que celui qui n’a aucune chance d’être entendu, celui qui parle depuis une maison qui tout autour de lui se trouve impitoyablement consumée par les flammes. »

Le prophète comme le poète, celui qui déchire par son langage la fiction du langage, déconstruit par son langage l’illusion systémique pour remettre l’obscurité dans la facticité des lumières : il se fait contemporain du réel. 

Le prophète, entendu dans un sens plus large que celui qui porte une parole divine, déchire par son langage la fiction du langage, déconstruit par son langage l’illusion systémique pour remettre l’obscurité dans la facticité des lumières : il se fait contemporain du réel. Il est « [celui] qui accomplit cette expérience de la parole, celui qui est, en cela, poète et non seulement lecteur de sa propre parole, en décèle la signature dans tout fait, même le plus minime, et en témoigne dans tout événement et en toute circonstance, sans arrogance ni emphase, comme s’il percevait avec clarté que tout ce qui lui arrive, saisi à la mesure de l’annonce, dépose toute altérité et tout pouvoir, lui devient plus intime et, dans le même temps, plus lointain. » Il porte témoignage d’une vérité. Se fait témoin donc : « Témoin est celui qui parle uniquement au nom d’une impossibilité à dire. »

Le poète est « le témoin par excellence », ersatz du prophète, figure au coeur des flammes, le même qui érige le langage jusqu’à sa fin ultime, qui le dépèce pour le rendre à sa pureté de néant. Il pousse la parole jusqu’à la « vérité du témoignage » comme aboutissement, « vérité ultime ». De fait, le témoignage s’oppose à la mémoire – la complète – dans la mesure où il ne rend pas le discours et le l’histoire mais bien le silence. Il témoigne par le langage, mais d’un langage qui abandonne le discursif, « amant des mots. Des mots, cependant, non en tant qu’assertions : en tant que gestes. »

 

Et alors, s’il ouvre au contemporain en souillant ses lumières – parce qu’ils les dévoilent comme factices, parce qu’ils prophétisent la ruine qu’elles portent en elles – il désigne les seuils, et témoigne de l’infinité des silences, enfants de l’obscurité. Alors, il « ne dit rien, mais appelle ; il continue avec insistance à appeler et c’est la ténacité de cette apostrophe vide de sens qui constitue son unique et incontournable autorité. » Il fait de la parole une vérité, il rend au langage son geste souverain, énonce et appelle au coeur de la maison qui brûle un langage sacrifié et épiphanique.





Posted by  on mercredi, mars 30, 2022

5/30/2022

relativiste du jeu de langage

 

Wittgenstein était-il un relativiste du jeu de langage ?

En termes très simples, le philosophe Ludwig Wittgenstein (1889-1951) se préoccupait de savoir si les concepts sont utiles ou non.

À première vue, la position de Wittgenstein sur l'introduction de nouveaux concepts dans différents (ce qu'il appelait) jeux de langage (ou Sprachspiel ) semble de nature très pragmatiste , voire instrumentaliste . (Voir « Wittgenstein et le pragmatisme » et « Instrumentalisme wittgensteinien » .)

On peut donc maintenant se demander comment de tels concepts peuvent être utiles si les entités auxquelles ils se réfèrent n'existent pas en fait ou n'ont aucune réalité. En d'autres termes, l'utilité de tels concepts ne dépend-elle pas — ou ne suppose-t-elle pas — l'existence ou la réalité de ce à quoi ils se réfèrent ? (Wittgenstein a spécifiquement écrit sur les « pensées subconscientes » de Sigmund Freud et les « différents infinis » de Georg Cantor .)

Alors, "l'utilisation" dépend-elle - ou dépend-elle - de la réalité ?

[On peut voir dans la citation ci-dessus - de Philosophical Grammar - que Wittgenstein n'a jamais cru que ce problème ne concernait que «l'utilisation».]

N'est-il pas vrai que, par exemple, les concepts ROUND SQUARE et FLAT NUMBER ne sont pas très utiles si les entités auxquelles ils se réfèrent n'existent pas ou ne sont pas réelles ?

[Le mot « renvoyer » tel qu'il vient d'être utilisé. Ce sont généralement des mots ou des termes qui font référence, plutôt que des concepts. On dit que les concepts ont des extensions à la place.]

Prenez les mondes possibles des philosophes analytiques.

Les mondes possibles ne sont peut-être pas réels , cependant, ils se sont révélés utiles et fructueux lorsqu'il s'agit de formaliser et de clarifier nos notions modales . Ainsi les concepts PHILOSOPHICAL ANE et GOLDEN MOUNTAIN peuvent s'avérer utiles à certains égards. Cela dit, ces deux exemples ne sont pas exactement équivalents aux concepts ROUND SQUARE et FLAT NUMBER. C'est principalement parce qu'il y a des montagnes, il y a de l'or, il y a des ânes et il y a le phénomène d' être philosophe . Et l'or et la montagne peuvent être juxtaposés sans contradiction. Il en va de même avec l' âne et être philosophe . Cependant, la rondeuret l'équerrage , ainsi que la planéité et le nombre , ne peuvent pas non plus être juxtaposés.

La position du philosophe américain W.VO Quine sur les nombres (abstraits) n'était pas si éloignée de la position de Wittgenstein sur l'introduction de nouveaux concepts. Quine croyait fondamentalement que les nombres avaient une valeur d'usage instrumental . Quine croyait également qu'il est malhonnête de nier l'existence ou la réalité des nombres lorsque, au cours de sa pratique (c'est-à-dire en mathématiques et en physique), on suppose effectivement qu'ils existent en fait ou sont réels. (Voir «Indispensabilité de Quine-Putnam» .)

Alors est-il vrai que parce que les nombres ont une valeur instrumentale, ils doivent aussi exister ou être réels ?

Pourquoi utiliser le concept (pour reprendre l'exemple de Wittgenstein) PENSÉES SUBCONSCIENTES (ou tout simplement SUBCONCIEUX) dans notre grammaire s'il n'y a pas de pensées subconscientes ? Quelle utilisation possible un tel concept pourrait-il avoir si cet usage ne dépend pas de la réalité ou de l'existence de pensées subconscientes ?

[ Les activités mentales inconscientes ou non conscientes ne doivent pas être confondues avec les pensées subconscientes de Freud et d'autres théoriciens .]

Bien sûr, nous pouvons maintenant débattre du concept d'EXISTENCE lui-même ; qui a été utilisé - ou suggéré - à quelques reprises ci-dessus. Cependant, cela ne semble pas être le point de vue de Wittgenstein. Selon lui, nous pourrions introduire à peu près n'importe quel concept dans notre grammaire si nous le jugeons utile.

En un sens, Wittgenstein avait absolument raison.

Le concept PENSÉES SUBCONSCIENTES a sans aucun doute son utilité . En d'autres termes, ce concept explique de nombreux phénomènes mentaux et comportementaux.

Par exemple, pourquoi le sujet S se comporte-t-il de manière aussi contradictoire ? On peut supposer qu'il le fait parce que ses pensées subconscientes ont une sorte d'effet sur sa vie mentale consciente et son comportement…

… Pourtant, est-il réellement vrai que S a de telles pensées subconscientes ?

Après tout, il peut y avoir de nombreuses autres explications du comportement de S qui n'incluent pas de références aux pensées subconscientes ou au subconscient en général.

Peut-être que Wittgenstein aurait pu répondre : alors pourquoi ne pas introduire plutôt de nouveaux concepts dans votre grammaire ?

La seule chose qui importe, selon cette lecture de Wittgenstein, est de savoir si ces nouveaux concepts fonctionnent ou non dans le domaine global de notre grammaire (ou dans un jeu de langage particulier).

De plus, si les anciens concepts ne fonctionnent plus, débarrassez-vous-en.

Certains diront, cependant, que certains anciens concepts ne fonctionnaient pas précisément parce qu'ils n'avaient aucun fondement dans la réalité (par exemple, PHLOGISTON, ETHER, etc.). Cela dit, les personnages et les événements des œuvres de fiction ne sont ni réels ni réels ; bien qu'ils s'avèrent néanmoins (si dans un sens lâche) utiles. Ils sont utiles dans la mesure où ils présentent aux lecteurs, par exemple, des types généraux de situations et des types généraux de personnages. Cela dit, les événements et personnages fictifs sont souvent (ou toujours) parasites des événements et personnages du monde réel (ou réel). Ainsi, de telles œuvres de fiction fonctionnentprécisément parce qu'ils renvoient indirectement (dans l'esprit des lecteurs) à des existants. En effet, même les œuvres les plus extrêmes de l'irréalisme fictionnel doivent dépendre de ces types de références indirectes, sinon leurs lecteurs ne s'identifieraient pas aux œuvres ou même ne pourraient pas leur donner un sens.

Si nous revenons à la thèse générale de Wittgenstein.

Une attitude aussi rapide et lâche vis-à-vis de la formation de concepts n'entraînerait-elle pas une multiplicité de concepts contradictoires ?

Relativisme, règles et lois

Si les pratiques, les coutumes, les « formes de vie » (voir ici la position de Wittgenstein ) ou les jeux de langage sont véritablement autonomes, alors peut-être que la notion de contradiction conceptuelle n'a pas vraiment de prise. C'est principalement parce qu'il présume l'existence d'un jeu de langage correct (ou vrai) (ou même d'une méta-pratique) qui se tient en quelque sorte au-dessus de tous les autres jeux de langage pour émettre son jugement suprême sur eux.

Donc, si nous poussons la position (possible) de Wittgenstein à son extrême limite, alors n'importe quel groupe peut formuler n'importe quel concept qu'il souhaite. C'est-à-dire qu'il n'y aura pas de jeu de méta-langage (ou de méta-pratique) pour leur dire quels concepts ils peuvent ou ne peuvent pas formuler. Ainsi, tout ce que tout le monde dit aurait un sens dans le contexte du jeu de langage dans lequel il est intégré.

Encore une fois, la position de Wittgenstein exclut automatiquement tout méta-langage (ou jeu de méta-langage) qui tenterait de donner un sens au flux conceptuel et au chaos qui l'entoure. Ainsi, nous aurions simplement besoin d'accepter que c'est littéralement le cas où tout est permis. Et ce serait principalement parce que chaque jeu de langage individuel formulerait ses propres règles.

Dans tous les cas et selon le regretté Wittgenstein, de telles règles ne sont pas (comme le dit Ray Monk la première position de Wittgenstein) "fixées par des lois immuables de forme logique" . Ils sont, au contraire, fixés par la coutume, la pratique ou les formes de vie . Par conséquent, selon cette lecture, les règles ne pourraient pas être des lois (certainement pas des « lois immuables »). C'est parce que les lois sont (généralement) réputées être universellement applicables, c'est-à-dire applicables à tous les niveaux . Les règles d'un jeu de langage, en revanche, ne peuvent s'appliquer qu'à deux (pour ainsi dire) joueurs individuels .

Les règles sont donc simplement des commodités contingentes incitées à servir le but particulier à portée de main. En effet, ils peuvent être ignorés (ou modifiés) en fonction de situations ou d'objectifs nouveaux.

Il se peut même que certaines lois – du moins – soient des lois même si elles ne respectent que des règles arbitraires et contingentes qui sont elles-mêmes relatives à la coutume ou à la pratique. Ainsi, selon cette lecture, ces lois sont des entités construites sur mesure qui ont souvent (ou généralement) été considérées comme appartenant à quelque chose au-delà de la simple station de règles. En d'autres termes, au moins certaines lois sont considérées comme universelles . Cependant, ces lois ne sont peut-être pas plus universelles que les œufs pochés ou les pantalons évasés.

Référence principale

Wittgenstein, Ludwig, Recherches philosophiques (1945-1949).


Paul Austin Murphy

Paul Austin Murphy


[Je peux être trouvé sur Twitter ici .]

Mon blog de philosophie :

4/22/2022

Un choc de deux systèmes

 

Un choc de deux systèmes

La guerre en Ukraine est une confrontation entre deux systèmes, l'un moderne, légaliste, décentralisé et multicéphale ; l'autre archaïque, nationaliste, centralisée et monocéphale

(Ceci est une version compatible avec le droit d'auteur de ma facette d' une conversation avec Laetitia Strauch-Bonart publiée dans le périodique français l'Express .)

(traduction automatique)

Ivan le Terrible.

Nationalisme offensif contre nationalisme défensif

Ce conflit montre une confusion néfaste, chez les Russes et leurs partisans, entre l'État en tant que nation au sens ethnique et l'État en tant qu'entité administrative. Un État qui veut fonder sa légitimité sur l'unité culturelle est désormais voué à rencontrer l'hostilité des autres. Un citoyen suisse francophone, bien que culturellement lié à sa langue, n'aspire pas à appartenir à la France, et la France ne cherche pas à envahir la Suisse romande sous ce prétexte. De plus, les identités nationales peuvent changer rapidement : les Belges francophones ont une identité différente des Français. La France elle-même a traversé une opération de colonialisme interne pour détruire les cultures provençale, languedocienne, picarde, savoyarde, bretonne et autres et éradiquer leurs langues sous une identité centralisée.La nationalité n'est jamais définie et jamais fixée ; l'administration l'est.

L'unité culturelle peut avoir un sens, mais seulement, à mon avis, sous la forme de quelque chose de réduit comme une cité-État – j'irais même jusqu'à dire qu'un État ne fonctionne bien que de cette façon. Dans ce cas, le nationalisme est défensif – catalan, basque ou libanais chrétien – mais dans le cas d'un grand État comme la Russie, le nationalisme devient offensif. Remarquez que sous la Pax Romana ou la Pax Ottomana , il n'y avait pas de grands États, mais des cités-États regroupées dans un empire dont le rôle était lointain. Mais il y a un empire lâche et un État-nation rigide comme un empire, ce dernier étant représenté par la Russie.

Coordination pour Mafia-don Like Protection

Il existe désormais deux modèles impériaux : soit un modèle lourd, comme celui de la Russie, soit une coordination des États sur le modèle de l'OTAN. Nous verrons lequel sortira vainqueur du conflit actuel. Cette guerre n'oppose pas seulement l'Ukraine et la Russie, c'est un affrontement entre deux systèmes, l'un moderne, décentralisé et multicéphale, l'autre archaïque, centralisé et autocéphale. L'Ukraine veut appartenir au système libéral : tout en étant slavophone, comme la Pologne, elle veut faire partie de l'Occident.

Adam Smith contre Napoléon

Qu'est-ce que nous appelons l'Occident ?

Ce que nous appelons « l'Occident » n'est pas une entité spirituelle, mais un système administratif avant tout. Il ne s'agit pas d'un ensemble ethno-géographique, mais d'un système juridique et institutionnel : il comprend le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Il mêle le monde thalassocratique phénicien du commerce en réseau et celui d'Adam Smith, fondé sur les droits individuels et la liberté de transiger, sous la contrainte du progrès social . Aux États-Unis, la différence entre démocrates et républicains est mineure vue d'un autre siècle. Les deux parties veulent le progrès social, mais à des rythmes de croissance différents.

D'un autre côté, le nationalisme exige l'État tout-puissant centralisé – pire, hégélien – et qui organise la vie culturelle pour éliminer les variations individuelles.

Le nationalisme est souvent lié à une dimension spirituelle - représentée par Soljenitsyne et le patriarche de Moscou via le modèle russo-slavo-orthodoxe - qui m'horripile en tant qu'orthodoxe moi-même. De plus, cette prétendue proximité entre l'Ukraine et la Russie est discutable : la Crimée est russe depuis Catherine II, et Staline l'a russifiée en déplaçant les Tatars. Il est facile de dire que l'Ukraine est l'âme de la Russie parce qu'elle vient des Rus' de Kiev, mais on peut tout aussi bien dire qu'elle est la Horde d'Or des fils de Gengis Khan.

Et même si, spirituellement, l'Ukraine faisait partie de la Russie, cela ne signifierait pas que les Ukrainiens n'auraient pas le droit de rejoindre le système occidental. Ils pourraient être émotionnellement slaves mais administrativement organisés dans un système occidental et militairement protégés par une alliance entre Occidentaux – qui inclut même, je vous le rappelle, la Turquie. Poutine ne peut pas comprendre cela, ni certains spécialistes des relations internationales qu'on appelle parfois « réalistes » — je pense par exemple à John Mearsheimer.

Le phénicisme : thalassocratique multiculturel et non colonial

États vs individus

Ces penseurs bâclés tels que Mearsheimer et d'autres confondent États et intérêts individuels ; ils croient qu'il n'y a qu'un rapport de force entre les puissances — pour Mearsheimer, Poutine ne fait que réagir aux progrès indus de l'Occident sur son terrain. Mais la réalité est tout autre : ce que veulent les Ukrainiens, c'est faire partie de ce que j'appellerais un ordre international « bénin », qui fonctionne bien parce qu'il s'autocorrige, et où les rapports de force peuvent exister mais rester inoffensifs. Poutine et les « réalistes » sont du mauvais siècle, ils ne pensent pas en termes de systèmes ni en termes d'individus. Ils souffrent de ce que j'appelle le «syndrome de Westphalie» - la réification des états en tant qu'entités platoniciennes naturelles et fixes.

Soljenitsyne

Soljenitsyne voyait bien l'aspect diabolique de la société communiste, mais croyait que la société occidentale était tout aussi nocive. Mais étant naturellement multicentrique, l'Occident se veut comme la Suisse : il est orienté vers le bas, malgré une concentration occasionnelle. Par ailleurs, « l'Occident » évolue ; il n'a pas de centres d'autorité fixes. Certes, il y a des influences démesurées en Occident, comme Google d'aujourd'hui et General Motors d'hier, mais Google ou General Motors n'en sont pas le centre — ces multinationales ne se contrôlent même pas.

Les multinationales ont tendance à faire faillite – en fait, elles sont plus susceptibles de fermer leurs portes que votre entreprise familiale.

Ce modèle tend vers «l'antifragilité» - un concept présent dans mes livres qui fait référence à une propriété des systèmes qui se renforcent lorsqu'ils sont exposés à des facteurs de stress, des chocs ou de la volatilité. La Russie ne peut pas être ce que j'appelle « antifragile ».

Un mécanisme de correction d'erreurs

Un système stable nécessite une organisation décentralisée et multicéphale, qui permet de corriger les erreurs et d'éviter les effets délétères de certains risques en les cantonnant au niveau local. Après la guerre de 1918, les Français ont détruit la Syrie en la centralisant. A l'inverse, lors de la formation de la nouvelle Allemagne, les Français ont insisté pour qu'elle soit fédérale dans l'illusion que cela l'affaiblirait. Privée de centre de gravité, l'Allemagne ne songe plus à faire la guerre, mais à gagner… de l'argent. Il s'avère que le beurre fonctionne mieux que les armes à feu. L'Allemagne est devenue une puissance économique grâce au fédéralisme - et cela semble naturel car elle a passé son histoire dans des États fragmentés avant la prise de contrôle prussienne. Pour la Russie, une telle organisation décentralisée serait impossible : si on lâche du lest,

L'intérêt du monde occidental est qu'il s'agit d'un modèle multicéphale, fait de contrats qui permet une autonomie régionale sous une coordination mondiale ; La Russie est un système autocéphale, qui ne pense qu'à un rapport de forces. Regardez l'Occident : y a-t-il un centre ? Non. S'il y en avait un, d'ailleurs, il serait à Kiev aujourd'hui. Et si vous voulez détruire l'Occident, de combien de bombes avez-vous besoin ? Si vous détruisez Washington, Londres et Paris resteront. Mais si vous détruisez le palais où se trouve Poutine, c'est autre chose.

La stabilité d'un système décentralisé est bien meilleure que celle d'un système centralisé. A ce titre, je suis agréablement surpris par la réaction du monde occidental, qui l'a fait, de manière organique. Je pensais que l'Occident ne pouvait pas affronter Poutine, car un combat entre un autocrate et des salariés me paraissait perdu d'avance, mais il semble que l'agrégation de nos actions commence à porter ses fruits.

Hélas, l'UE est un peu trop centralisée...

La subsidiarité n'a pas été respectée, d'où le départ du Royaume-Uni. Mais le modèle approprié est celui de l'OTAN, qui existe dans le domaine où une action conjointe organisée est nécessaire — la réaction militaire — tout en laissant les pays faire ce qu'ils veulent sous la contrainte de ne pas s'attaquer les uns les autres. Et je suis reconnaissant à l'Union européenne d'avoir réussi à faire démarrer le concept de nation pour penser davantage en termes de coordination régionale.

Comment la Russie peut-elle entrer dans le monde moderne ?

Seulement s'il se fragmente en états séparés. Certains groupes russes ont toujours été irrédentistes, les Cosaques, les Koulaks (fermiers localistes) et les Sibériens. Il y a aussi de nombreuses minorités. Plus largement, à cause de ce complexe de Westphalie, on oublie que les Russes n'ont pas forcément les mêmes intérêts que la Russie. Les intérêts nationaux sont des choses abstraites, et les gens finissent par y croire même lorsqu'ils entrent en conflit avec ceux des populations qu'ils englobent.

Orthodoxie et patriarches mineurs

Le patriarche de Moscou était également patriarche d'Ukraine. Mais dans le monde orthodoxe, chaque fois qu'une division ethnique ou linguistique se produit, un « patriarche mineur » est nommé dans le pays devenu indépendant — c'est le cas en Serbie, en Bulgarie, en Roumanie. C'est pourquoi le patriarche de Constantinople, le plus important, a accédé à la demande que le métropolite de Kiev devienne patriarche mineur en 2019. Du fait de cette séparation, l'Église orthodoxe russe s'est sentie amputée. Le patriarche de Moscou, Cyrille, soutient Poutine. Le patriarche d'Antioche, proche d'Assad, fait de même.

Cela confirme aussi, s'il en était encore besoin, l'absurdité des idées de Samuel Huntington dans Le Choc des civilisations . Non seulement son livre fourmille de raisonnements pseudo-mathématiques (ce qui pousse Serge Lang à le blackballer à l'Académie des sciences), mais, comme d'autres « réalistes », son obstination à penser en centres géopolitiques et identitaires l'amène à conclure que l'Ukraine appartient à le domaine russe. Mais on peut être orthodoxe à New York !

La multicéphalie n'a pas aidé en 2014

Un système collectif et distribué met du temps à réagir. Il faut beaucoup de moutons pour combattre un loup, et en 2014 nous étions trop peu de moutons.

Les gens veulent pouvoir commercer ensemble dans le monde d'Adam Smith. Ce faux débat me rappelle l'opposition entre Napoléon et les Anglais.

Napoléon contre le boutiquier anglais

Tout ce que les Anglais voulaient au départ, c'était que leurs produits arrivent en toute sécurité. Les vues de Napoléon ne les intéressaient pas. Tandis que Napoléon pensait à la gloire de la France, ils pensaient au portefeuille du commerçant anglais. Mais l'épicier anglais a gagné et, avec le commerçant phénicien, c'est lui qui a fait le monde moderne — le monde anglo-phénicien du cosmopolitisme mercantile. C'est ce qui signifie, par exemple, qu'aujourd'hui les Allemands sont plus intéressés par l'exportation de voitures que par l'expansion géographique de l'Allemagne.

De plus, cela m'amuse d'entendre certains parler d'« impérialisme culturel américain ». Pensez-vous que le matin, en se réveillant, les Américains pensent à exporter leur musique et leur nourriture ? C'est simplement qu'à l'autre bout de la planète, les jeunes préfèrent manger des hamburgers.

Je ne suis pas Contre la Modernité ; je suis pour son amélioration

Le système libéral moderne fait des erreurs, oui. Mais quand je le critique, je ne vise pas à le détruire, mais à l'améliorer. Et c'est un bon système car il s'auto-corrige. Je critique les naïves interventions occidentales parce que je réfléchis à leurs conséquences : j'étais contre la guerre en Irak, et l'expérience justifiait mes craintes ; Je suis contre l'intervention en Syrie, car si on se débarrasse d'Assad, on ne sait pas qui le remplacera ; Je n'ai rien contre le Brexit, car si les Britanniques veulent faire partie de notre système sans dépendre des bureaucrates bruxellois, c'est leur droit.

Le problème posé par un système bénin comme le nôtre est sa transparence, qui provoque des distorsions de perception : Tocqueville a compris que l'égalité paraît d'autant plus forte qu'elle se réduit ; de même, un système semble d'autant plus dysfonctionnel qu'il est transparent. D'où mes attaques contre quelqu'un comme Edward Snowden et ses acolytes, qui exploitent ce paradoxe pour attaquer l'Occident au profit des comploteurs russes.

Le pseudo-libertarisme invitant à la tyrannie

J'ai des problèmes avec beaucoup de gens, souvent des libertaires naïfs, qui pensent que je leur ressemble parce qu'ils aiment mes livres. Mais certains d'entre eux veulent détruire notre système plutôt que de l'améliorer : beaucoup sont pleins de ressentiment.

Ils ne réalisent pas que l'alternative à notre système désordonné est la tyrannie : un État mafieux (la Libye aujourd'hui, le Liban pendant la guerre civile) ou une autocratie. Et ces idiots se disent libertaires !

C'est le cas de Snowden et de ses partisans. C'est un imposteur. Si je vous parlais d'une association à Ryad qui défend les femmes en France contre l'oppression masculine, vous vous moqueriez de moi. Eh bien, Snowden prétend défendre les Américains contre la tyrannie de Google tout en opérant depuis… Moscou !

Sur Twitter, j'ai fini par remarquer que dans cet écosystème libertaire naïf ou plutôt pseudo-libertaire, qui comprend des passionnés de bitcoin, des gens qui, comme Snowden, voient dans le Covid-19 un prétexte pour qu'une entité obscure exerce un contrôle sur la population. Cela inclut même les militants anti-vaccins. Nous sommes au cœur même de la désinformation : le but du programme russe de désinformation est ici de créer la méfiance entre les citoyens et les autorités, et d'exploiter tout ce qui peut apporter la dissension. La désinformation procède selon la citation présumée de Staline : « La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique. Ces militants magnifient par exemple d'infimes dysfonctionnements des vaccins Covid-19.

Comment j'ai découvert la désinformation

J'ai commencé à repérer des comptes Twitter appelés "Linda", pro-Trump qui, pour protester contre l'inflation, utilisaient le signe du rouble au lieu du dollar. Lorsque les mêmes personnes appuient à la fois les camionneurs canadiens et Vladimir Poutine, il y a un problème. D'une certaine manière, je suis venu défendre l'Ukraine parce que les mêmes imbéciles qui m'ont attaqué sur Covid ont aussi défendu Poutine.

C'est quand même troublant que des libertaires viennent défendre un autocrate !

Les libertariens sont contrôlés par la Russie parce qu'en général, ce sont des gens naïfs qui n'ont que des pensées de premier ordre — ils ne savent pas considérer les conséquences de certaines actions. C'est ce qui les distingue des libéraux classiques.

Ils ne réalisent pas que détruire le système actuel invite à la tyrannie.

La longue paix

Nous n'avons pas attendu cette guerre pour nous rendre compte que Pinker s'était trompé sur le déclin de la violence. La longue paix n'existe pas, en grande partie parce que le passé n'a pas été aussi violent que le prétend Pinker. Mes collègues et moi avons réfuté les calculs de Pinker dans nos recherches. Ses erreurs viennent notamment du fait que certaines données qu'il utilise surestiment le nombre de morts dans les conflits passés. Pinker veut jouer le gardien de la pensée libérale moderne, mais c'est le BHL américain : il ne connaît rien à son sujet.

De plus, même si ce conflit se termine bien, il aura montré qu'il suffit qu'un État dispose de l'arme nucléaire pour provoquer une catastrophe. Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, il n'est pas acceptable qu'un dirigeant conquière un autre territoire simplement parce qu'il possède la bombe atomique. Ce principe doit être détruit.

Ce qui nous amène au risque suivant, la Chine. Certes, elle n'a pas autant échappé au monde moderne que la Russie, et elle est étroitement liée commercialement à l'Occident. Mais il a aussi des tendances impériales. Le mieux serait donc qu'elle aussi se fragmente pour échapper au joug de Pékin. Taïwan et Hong Kong surpassent la Chine, alors envisagez-en davantage !

La Russie divisée

Il faut le laisser se diviser ! Si le régime central s'affaiblit, il y aura des poussées autonomes. Le modèle libéral n'est pas compatible avec cet impérialisme et la Russie ne peut survivre sans centralisation.

Fin de la guerre d'Ukraine

Si vous donnez ne serait-ce qu'un doigt à Poutine, il aura gagné la guerre. Les dirigeants russes doivent donc être humiliés, et le seul moyen est qu'ils battent en retraite. Nous avons besoin d'une répétition de la guerre russo-japonaise de 1905. Dans ce cas, Poutine sera renversé de l'intérieur, car, historiquement, les gens qui acceptent les autocraties n'aiment pas les faibles. Un Poutine faible n'est plus Poutine - tout comme un Trump gentil, plein de tact et réfléchi ne serait plus Trump. Pour que cela continue, il faut beaucoup de ventouses pour continuer à alimenter le récit – et si les ventouses commencent à douter de l'histoire, ce sera le début de la fin.

CONTEXTE

J'ai visité l'Ukraine à plusieurs reprises, plus récemment en tant qu'invité des Zelensky en août 2021 pour les festivités de l'indépendance ukrainienne. La dernière visite ressemblait à Hanibal ad portas . J'ai eu beaucoup de vodkas avec des Ukrainiens et discuté des idées de cette pièce avec beaucoup d'amis, ainsi que des membres du parlement ukrainien lors d'une conférence spéciale sur la fragilité et la stabilité des systèmes.



 

Nassim Nicholas Taleb

Nassim Nicholas Taleb