les déclarations de Loïc Schneider à son procès
Mesdames et messieurs les jurés,
Enfin, nous arrivons vers la fin de ce procès qui a débuté en 
décembre 2018. Je ne savais pas qu’un procès pouvait durer aussi 
longtemps.
J’ai été arrêté quelques jours après l’anniversaire de mes 22 ans, en
 août 2018, les policiers ont défoncé la porte de la maison de mes 
parents en criant, ma petite sœur a dû se mettre à genoux les mains sur 
la tête. En entendant la porte se faire fracasser, j’ai eu dans mon 
esprit des images de violence policière lors d’interpellations, de 
comment les policiers se lâchent et frappent les personnes. J’ai pris 
peur et je suis passé par le toit en finissant dans le jardin des 
voisins et j’ai rejoint l’autre côté du lotissement. Mais la police 
avait bouclé l’ensemble du quartier, et une personne qui marche en 
chaussette sur la route est très vite suspectée. Un policier en civil se
 met à courir après moi en me criant : ’Viens ici petit merdeux’. Ayant 
ressenti dans sa voix une certaine animosité, je juge préférable de ne 
pas répondre à son invitation qui, si c’était moi qui lui avais dit 
’merdeux’, relèverait de l’outrage.
Je me retrouve alors dans le jardin puis le garage d’un voisin, pris 
au piège. Étant contre le mur, contraint d’attendre que le policier 
arrive, ce dernier me saute dessus et me tord le poignet droit alors que
 je me laisse faire. Je lui fais la remarque de sa violence inutile et 
il me réplique : « Estime toi heureux que je ne t’ai pas tiré dessus ». 
Vu sous cet angle, je m’estime effectivement heureux d’être encore en 
vie. Il est vrai que de nombreuses interpellations policières ont comme 
fâcheuse tendance de se transformer en peine de mort. Mais ce triste 
sort est d’avantage réservé aux personnes racisées habitants dans les 
quartiers populaires. En France, il ne passe pas un mois sans décès lors
 d’interpellation. La porte du garage finie par s’ouvrir, des policiers,
 gendarmes, bacqueux & civils cagoulés apparaissent, arme 
automatique à la main. Peut-être 30 membres des ’forces de l’ordre’.
Le voisin, à qui appartient le garage, sort de sa maison et 
découvrant la scène me dit spontanément : « Ça va Loïc ? Tu veux un 
verre d’eau ? ». Cette remarque a fait un blanc dans le sérieux et la 
lourdeur de l’interpellation, j’ai fait de mon mieux pour étouffer un 
rire et j’ai refusé le verre d’eau car mes mains étaient attachées. De 
retour à la maison de mes parents afin de mettre mes chaussures, je 
n’arrive pas à faire mes lacets et demande aux gendarmes d’enlever mes 
menottes : « Nan, c’est possible d’y arriver avec » répond l’un. J’ai 
toujours aimé les défis alors j’essaye, mais vu que mes mains sont 
attachées dans le dos et même avec beaucoup de volonté, c’est tout 
bonnement impossible. Les gendarmes rigolent et se moquent de moi. Ma 
petite sœur se tient juste à côté avec une sérénité mélangée d’émotions 
comme je n’en avais jamais vu sur son visage, son regard est puissant. 
Elle lance spontanément avec force aux gendarmes : « Mais enlevez-lui 
les menottes pour qu’il mette ses chaussures ! » Sa voix contient une 
puissance divine, la moquerie s’est transformée en gène. J’ai vu les 
regards des gendarmes se perdre vers le sol et l’un s’est empressé 
d’enlever les menottes. Ma petite sœur aurait dit « Mais enlevez-lui les
 menottes et laissez-le libre ! », les gendarmes seraient peut-être 
partis et j’aurais pu faire un câlin à ma petite sœur. Parce que 
viendront ensuite 1 an et 4 mois d’emprisonnement, 1 an et 4 mois où 
même au parloir, les gardiens empêchent les câlins.
Lorsque j’arrive à la prison en France, un gardien de 2 mètres de 
haut me dit : « Si tu brûles ma voiture je te découpe en deux ». Entre 
le policier qui est prêt à me tirer dessus et ce gardien qui veut me 
découper, je crois que je préfère encore me faire tirer dessus que de 
finir en deux morceaux. Mais ce qui est inquiétant, outre la menace de 
mort, c’est que ce gardien pense que j’ai brûlé une voiture, je réalise à
 ce moment-là combien le procès à venir est une supercherie monstrueuse.
 En accusant quelqu’un de toutes les violences qui peuvent se passer 
dans une manifestation, vous générez un flou dans l’esprit simpliste des
 gardiens & policiers. Par l’accusation disproportionnée, vous 
suscitez un traitement disproportionné.
Ce gardien enchaîne avec une vitesse douteuse : « Ça ne sert à rien 
ce que tu as fait, regarde maintenant où tu es, ils sont où tes amis ? 
Maintenant tu es ici… » Je lui fais remarquer que lui aussi est ici mais
 il enchaîne : « … Tu es seul, tu as échoué dans ta vie. Tu n’as rien 
changé et tu ne sers à rien. Etc.. » Je n’ai même pas l’opportunité d’en
 placer une, ou d’avoir un échange, il me coupe la parole. Il ne 
transpire pourtant pas ce qu’il dit, j’ai l’impression qu’il a la 
mission de me démoraliser. Je me fais ensuite fouiller à nu lors de 
l’entrée à la prison, puis également lors de ma sortie de prison vers le
 tribunal pour juger sur la légalité du mandat d’arrêt. Je suis 
transféré par les ERIS. Les ERIS sont des mastodontes, cagoulés et armés
 de mitrailleuses, ils sont 8 dans deux 4x4 blindés aux vitres teintées.
 Arrivé à la cour d’appel de Nancy, dans une pièce d’attente avant 
l’audience, un ERIS, après m’avoir enchaîné mains et pieds, tente de 
gagner sur le terrain des idées : « Tu sais que tu coûtes cher ? », 
dit-il. Je lui réponds : « Vous savez qu’il y a 40 millions d’€ qui sont
 déversés chaque année en Meuse pour faire accepter le projet 
d’enfouissement des déchets nucléaire à Bure ? ». Lui : « Qu’est-ce que 
tu veux que j’y fasse ? ». Moi : « Oh rien, je voulais simplement 
préciser ce qui coûte cher »
Fin du dialogue.
Pendant l’audience, je m’avance devant la juge avec deux agents Eris 
cagoulés, l’un à ma droite, et l’autre à ma gauche. La situation est 
totalement surréaliste, je suis menotté. Ma famille et des amies sont là
 pour me soutenir. Mon grand frère pasteur me lance alors un petit bout 
de papier avec quelques mots d’encouragement, je le rattrape malgré les 
menottes mais je me fais plaquer au sol par un agent ERIS. Les juges se 
retirent immédiatement et mon frère est évacué de la salle. Alors que je
 suis toujours au sol, je tente de garder de toutes mes forces le papier
 dans le creux de ma main. L’agent exerce alors une pression sur mon cou
 et je hurle de douleur en lâchant prise. L’audience reprend. L’acte 
d’accusation est traduit d’une manière qui laisse sous-entendre que 
c’est moi personnellement qui ait brûlé 19 voitures et blessé une 
personne dans un bâtiment.
Dans cette prison française, je me suis retrouvé bloqué au quartier 
arrivant pendant 1 mois en attente d’être transféré en Allemagne. Ce qui
 m’a traumatisé c’est le passage d’un gardien toutes les deux heures, 
même en pleine nuit, qui vérifie si je suis toujours en vie en faisant 
glisser le cache de la porte avec beaucoup de bruit avant d’allumer la 
lumière. Je n’ai jamais pu dormir plus de deux heures d’affilées. J’ai 
eu l’occasion de rencontrer un ramasseur de ferraille d’origine 
roumaine. Son crime était de ne pas avoir déclaré combien d’argent il 
avait gagné en ramassant ce qu’il trouvait sur les trottoirs. Il avait 
pris 4 mois ferme pour un manque de 400€ d’impôts à l’État. Il y a des 
évasions fiscales, des paradis fiscaux, des blanchiments d’argents, des 
’panama papers’, des luxleaks, des milliards et des milliards d’euros 
qui disparaissent entre les mains des riches. Mais je n’ai pas vu de 
riches ou de banquiers en prison, tout le monde n’a pas les moyens de 
s’échapper dans une malle de contrebasse. Les 500 personnes les plus 
riches de France ont multiplié par 3 leur fortune depuis la crise 
financière de 2008, pour atteindre 650 milliards d’euros.
L’égalité, c’est avoir la possibilité de jouir de la même capacité 
matérielle, or, une femme de ménage ne peut pas habiter une villa de 
l’Elbschaussee. Et la gentrification à Hambourg qui continue 
actuellement ne devrait pas arranger les choses. Les inégalités se 
creusent. Le jeune italien Fabio, un ancien prisonnier du G20 de 
Hambourg, avait déclaré au tribunal (en 2017) que les 85 personnes les 
plus riches du monde possèdent la même richesse que 50% de la population
 la plus pauvre. La situation s’est aggravée depuis, un appel des gilets
 jaunes précisait en janvier 2019 qu’il s’agit désormais de 26 
milliardaires qui possèdent autant que la moitié de l’humanité. 
L’éducation qu’offre l’institution judiciaire sur ce point est qu’il est
 immoral de ne pas payer ses impôts lorsque l’on est pauvre mais que 
c’est chose acceptable lorsque la classe aisée se le permet. C’est ce 
que l’on appelle une justice de classe. Et je n’ai rien appris dans vos 
institutions qui embellisse l’âme humaine, tout la déprave.
Voici une citation de Foucault :
« L’illégalisme des biens a été séparé de celui des droits. Partage 
qui recouvre une opposition de classes, puisque, d’un côté, 
l’illégalisme qui sera le plus accessible aux classes populaires sera 
celui des biens — transfert violent des propriétés ; que d’un autre la 
bourgeoisie se réservera, elle, l’illégalisme des droits : la 
possibilité de tourner ses propres règlements et ses propres lois ; de 
faire assurer tout un immense secteur de la circulation économique par 
un jeu qui se déploie dans les marges de la législation — marges prévues
 par ses silences, ou libérées par une tolérance de fait. Et cette 
grande redistribution des illégalismes se traduira même par une 
spécialisation des circuits judiciaires : pour les illégalismes de biens
 — pour le vol —, les tribunaux ordinaires et châtiments ; pour les 
illégalismes de droits — fraudes, évasions fiscales, opérations 
commerciales irrégulières —, des juridictions spéciales avec 
transactions, accommodements, amendes atténuées, etc. La bourgeoisie 
s’est réservé le domaine fécond de l’illégalisme des droits. ’
Michel Foucault - Surveiller et Punir, S. 172, édition française
Lorsque j’ai été transféré à Hambourg dans une voiture de police 
allemande, le conducteur a mis quelques musiques puis a monté le son 
lorsque c’était ’L’Internationale’, les agents de la « Soko 
SchwarzBlock » voulait certainement voir ma réaction. Je n’ai pu 
m’empêcher de leur dire que je préfère ’La Maknovtchina’. J’ai trouvé 
intéressant de pouvoir parler de permaculture avec une policière même 
si, entre deux légumes, elle tentait de me poser des questions pour 
savoir si j’étais allé au G20 et ce que j’avais pu y faire. Je crois que
 j’ai finalement réussi à éveiller en elle un intérêt plus grand pour 
les légumes. Arrivé à Hambourg, j’ai été transféré par un autre camion 
et d’autres policiers vers le centre de détention UHA. Nous avons fait 
plusieurs escales dans la soirée où venait s’ajouter dans ma petite 
cellule d’autres interpellés pour diverses raisons. Il n’y a pas de 
ceinture de sécurité donc on se cogne parfois au mur. Nous nous sommes 
retrouvés un peu serrés à quatre et deux hommes étaient complètement 
saouls. L’un d’eux a tapé sur le mur pour demander à pouvoir aller aux 
toilettes à plusieurs reprises, même lorsqu’il y a eu un arrêt pour 
rajouter un interpellé dans la deuxième cellule, en vain. Il n’a 
finalement pas pu se retenir et a fait pipi par terre. Je suis donc 
resté en équilibre sur le banc avec mes deux pieds levés, un autre a 
tenté la même tactique. Celui qui a pissé et le dernier qui était aussi 
bourré ne semblaient pas prendre conscience de la situation et 
laissaient leurs chaussures sur le sol. La flaque de pisse, en suivant 
les mouvements du camion, a fini par se balader sur l’ensemble de la 
surface en s’échappant parfois sous la porte où se trouvait juste 
derrière mes cartons d’affaires qui venait de la prison de France. Une 
partie d’un carton a absorbé un peu d’urine, mais c’est un gardien qui 
les a transportés sans le remarquer. D’une certaine manière, on peut 
dire que justice est faite. Car il n’est pas bon d’empêcher quelqu’un 
d’uriner.
Après quelques jours d’observation dans une cellule où la lumière 
restait toujours allumée, j’ai retrouvé ce rituel du gardien qui regarde
 à l’intérieur toutes les deux heures. L’avantage est qu’il n’y avait 
pas ici de cache à faire glisser car la porte contenait un petit hublot.
 Dans une cellule vide où rien ne se passe, je voyais toutes les 2 
heures le visage d’un gardien pendant quelques secondes. Si je me 
mettais un instant à la place de ce gardien qui doit regarder chaque 
détenu, je crois que je fonderais en larme de voir autant de détresse. 
Je pense que la plupart des gardiens apprennent à ne plus avoir 
d’émotions. Ce sont presque des automates ou des robots. Et je crois 
aussi que la plupart ne rêve pas de faire ce métier, mais que le choix 
de devenir gardien se fait souvent car il n’y avait aucune autre 
alternative visible. Je dis alternative visible parce qu’il y a pleins 
de débouchés dans des collectifs paysans ou de maraîchages. Semer des 
graines ou semer le désespoir dans les cœurs de celles et ceux qu’on 
enferme. Tant que cette planète n’est pas complètement bousillée, je 
pense que nous avons le choix. Je suis resté les quatre premiers mois 
dans le petit bâtiment A qui est parallèle au palais de justice où nous 
nous trouvons à présent. Je parle également de ce bâtiment dans mon 
témoignage de sortie de prison à travers le texte : « Briser le mur de 
la prison qui sépare de la zone du dehors » dont je vais reprendre 
quelques passages :
Ce bâtiment, c’est celui des arrivants. Là, on doit rester 23h/24 en 
cellule, 7 jours sur 7. C’est un endroit sombre où des détenus craquent,
 crient et tapent sur les murs. J’y suis resté quatre mois. Pendant le 
premier, je n’avais que les habits que je portais sur moi en arrivant. 
Impossible de récupérer mes affaires pourtant arrivées en même temps.
Dans ce bâtiment, c’est deux douches collectives par semaine, à 6h45 
du matin. J’y lavais alors mon caleçon puis je me rhabillais sans car il
 fallait d’abord le faire sécher sur le radiateur de ma cellule. Dans ce
 bâtiment, c’est des gardiens qui vous gueulent dessus et vous poussent 
si vous dépassez la ligne invisible entre votre cellule et le couloir 
lors de la distribution du repas. L’unique instant de respiration dans 
une cellule de moins de deux mètres de large sur quatre mètres de long :
 c’est une heure de promenade par jour.
Dans ce bâtiment, il y avait essentiellement des étrangers dont le 
crime est d’être contrôlé sans papiers, des petits dealers ou des 
accusés de vols. J’ai vu des regards haineux de gardiens se porter 
longuement sur des détenus racisés. La plupart des étrangers que j’ai 
croisés en promenade dans ce bâtiment A définissent les gardiens comme 
des nazis. Cela m’a fait bizarre d’entendre ça aujourd’hui, sachant que,
 dans cette même prison, il y a moins d’un siècle, des nazis ont tué 
plusieurs centaines de personnes. Après 1 mois d’attente, j’ai enfin pu 
avoir mes affaires de rechange. Avec désormais une bonne dizaine de 
caleçons, en sachant que les autres détenus n’en ont qu’un seul, j’ai 
commencé à faire des distributions durant l’heure de promenade. Ma 
famille m’a envoyé une cinquantaine de caleçons. Cela m’a donné beaucoup
 d’énergie de pouvoir aider d’autres personnes en prison en les 
distribuant, il y avait cette phrase écrite au stylo sur un mur d’une 
cellule « When you help someone, you help yourself ». C’est dans ce 
bâtiment A que j’ai été mis en isolement pour la première fois car un 
gardien m’a surpris en train de donner du pain aux pigeons sur le rebord
 de ma fenêtre. Je n’ai rien compris à ce qu’il m’a dit en entrant dans 
ma cellule et c’est seulement en sortant de la pièce d’isolement après 1
 heure que j’ai pu avoir un petit morceau de papier en guise 
d’explication sur lequel il est écrit en français : « Ne pas nourrir les
 oiseaux. »
Après 4 mois dans ce bâtiment A, j’ai pu aller dans un autre bâtiment
 où il y avait plus d’heures de cellules ouvertes en journées. Un détenu
 a acheté le jeu de société Risk, mais comme il n’était possible que de 
jouer à 6 joueurs maximum et que nous étions 12 à l’étage, j’ai commencé
 à construire des cartes d’extension sur des boîtes de Kellogs que les 
autres détenus pouvaient acheter chez le commerçant et à faire des 
figurines avec de la farine, du sel et de l’eau. Pour pouvoir les 
colorier, j’avais acheté un kit de crayon de couleur que je réduisais en
 poudre en prenant soin de retirer les morceaux de bois avant de 
rajouter de l’eau afin d’obtenir une peinture liquide. Il est possible 
d’imaginer beaucoup de jeux de société avec de la farine, de l’eau et un
 peu de sel. Un autre détenu a même commencé à calquer les territoires 
que j’avais imaginé afin de faire le plateau de jeu en 3D. Je pense que 
j’ai dû faire au moins 50 parties de Risk en prison. Une partie pouvait 
s’étaler sur plusieurs semaines comme nous étions jusqu’à dix joueurs. 
Pour vous donner une idée il y a 42 territoires sur le jeu de base, le 
plus grand des plateaux de jeu que j’ai créé faisait 189 territoires. 
J’étais souvent la première personne qui se faisait éliminer de la 
partie car j’essayais constamment de combattre le plus fort et de 
motiver les autres à équilibrer la partie en l’attaquant. J’ai remarqué 
qu’en prison il y a souvent un prisonnier qui se prend un peu pour le 
chef et comme tout le monde le craint, personne n’ose le combattre dans 
le jeu afin de ne pas créer de tension, c’est donc toujours lui qui 
gagne. J’ai aussi écrit une cinquantaine de page de règle alternatives 
du Risk afin de le rendre plus collaboratif et moins compétitif. 
Malheureusement, en sortant de prison, j’ai seulement pu récupérer les 
plateaux de jeu, les cartes & figurines sont restées dans ma cellule
 et n’ont pas été prise avec mes affaires.
Ce que je n’oublierai jamais, c’est chaque matin à 6h45 le gardien 
qui ouvre ma porte et me dit : ’Morgen’. Je répondais et je trouvais ça 
intéressant que l’on prenne la peine de me dire bonjour le matin, c’est 
vous accorder un peu de considération, d’humanité. Mais voilà, un matin,
 de mauvaise humeur, je n’avais pas envie de répondre, le gardien s’est 
alors mis à insister ’MORGEN ! MORGEN !’ j’ai mis ma tête sous mon 
oreiller et il est parti. Pourtant je n’avais rien dit, je n’avais pas 
répondu à la salutation. Le lendemain, quand un autre gardien m’a dit 
’Morgen’, j’ai fait un test en levant simplement mon pied, il est 
également parti. J’ai alors saisi avec effroi que chaque matin, ’morgen’
 n’incarnait pas une salutation matinale, mais une question : ’Êtes-vous
 toujours en vie ?’. Et que n’importe quel geste ou réponse signifie 
pour le gardien : ’Tout va bien, je ne me suis pas encore suicidé’. Ce 
mot continue encore aujourd’hui à me glacer le sang.
Il y a d’autres textes que j’ai écrit expliquant plus en détail mes 
péripéties carcérales. Par exemple, comment je me suis retrouvé en 
isolement à 2 autres reprises sur des accusations mensongères d’avoir 
crié par ma fenêtre lors de deux manifestations de soutien. Quand c’est 
arrivé pour la deuxième fois, les autres détenus ont chacun signé une 
pétition écrite à la main affirmant que je n’avais pas crié par ma 
fenêtre. Lorsque j’ai appris cela, j’en ai eu des frissons. J’ai pu 
connaître des moments très forts en prison. Souvent, nous nous laissons 
aller à l’ironie dans notre existence et nos échanges avec les autres. 
En prison, il y a des échanges & des personnes que j’ai pu 
rencontrer avec une intensité que je n’oublierai jamais. Un autre texte 
« escalade de l’arbitraire, procédure disciplinaire et libération d’un 
oiseau » explique aussi comment j’ai découvert un bébé oiseau mort dans 
une cellule d’attente lors des pauses du procès. Je l’avais ramené au 
tribunal car je savais que personne ne me croirait si je le racontais 
sans preuve. C’est un de ces petits cachots qui se trouve à côté de 
chaque salle d’audience. Il régnait dans celui-ci une odeur de cadavre 
fermenté. J’y raconte également comment une gardienne m’a laissé 
attraper un pigeon tout maigre dans un couloir d’accès au tribunal 
réservé aux prisonniers. J’ai pu le laisser s’envoler par la fenêtre de 
la salle d’audience.
Je continue encore aujourd’hui à rêver deux ou trois fois par semaine
 que je me fais arrêter par la police dans différentes situations ou 
lieux. Une fois par mois je rêve qu’un policier me tire dessus pendant 
l’interpellation. J’ai du mal à prendre des initiatives parce qu’en 
prison on ne vous laisse rien faire de votre propre volonté, vous devez 
constamment vous soumettre à une volonté extérieure. Je remarque que je 
me laisse désormais plus facilement emporter par les autres et que c’est
 difficile de m’affirmer ou simplement être moi-même. Je ne sais même 
plus qui je suis. Je n’ai plus d’identité et tous les gens que je 
rencontre me connaisse à travers le procès : ’ah c’est lui qui est en 
procès’. Ce procès devient ma nouvelle identité. Et même lorsque l’on me
 pose une question sur ce que je fais à Hambourg, j’en viens forcément à
 devoir parler du procès parce qu’autrement je ne serais pas ici mais 
près de mes proches en France. Je ne vois pas de sens dans cette ville 
et elle me semble bien triste. J’ai toujours détesté les villes. Je 
crois qu’il faut les démanteler en offrant gratuitement et sans taxe des
 lopins de terre à qui le souhaite. Les villes ne sont pas des lieux 
saints, il n’y a aucune autonomie en nourritures ou énergies. Elles vont
 s’effondrer un jour ou l’autre. Ma famille et mes ami.e.s me manquent. 
Parce qu’un des principes de l’incarcération est de vous séparer de vos 
proches et de votre lieu de vie, j’ai l’impression que malgré ma sortie 
de prison en décembre, je suis encore enfermé. Je suis allé seulement 
une fois voir ma famille en France, trouvant un moment entre les 
journées d’audiences et de travail. Et depuis le Coronavirus, c’est 
impossible de traverser la frontière. Une amie qui s’appelle Monique 
Tatala était très gravement malade en février, et lorsque j’ai enfin pu 
débloquer un week-end pour aller la voir à l’hôpital, j’ai appris 
qu’elle était décédée quelques jours avant mon départ.
Je suis né à Nancy, ville du nord-est de la France, située à 80km du 
village de Bure où se trouve un projet d’enfouissement à 500 mètres sous
 terre des déchets nucléaires les plus radioactifs. Avant de commencer 
des études de droit pour exercer le métier d’avocat en droit à 
l’environnement, j’ai réalisé de grands voyages solitaires à vélo où 
j’ai commencé à lire l’ensemble des livres de prédilections de 
Christopher McCandless, ce jeune dont la vie a inspiré le film ’film 
Into The Wild’. J’ai pu découvrir Tolstoï, Jack London et Henri David 
Thoreau, mon auteur préféré. Ce dernier a vécu 2 ans seul dans les bois 
en refusant de payer son impôt à l’État américain pratiquant l’esclavage
 des noirs. Il a mené une vie autonome construisant une petite cabane en
 forêt bien que certains témoignages racontent que sa mère continuait à 
lui faire son linge et que des tartes posés sur le rebord des fenêtres 
du village de Concord disparaissaient. Il s’est également opposé à la 
guerre menée contre le Mexique qui a finalement été une guerre 
colonisatrice des USA où le Mexique a perdu énormément de territoires. 
Sans cette guerre, le Texas par exemple, ne ferait pas partie des 
États-Unis. Le mur qui sépare le Mexique et les USA est un mur à 
abattre.
Voici une citation de son journal, écrite après son séjour d’une nuit
 en prison en juillet 1846, 174 ans avant le G20 de Hambourg :
« Dans ma brève expérience de la vie humaine, j’ai découvert que les 
obstacles qui se dressaient sur mon chemin n’étaient pas des hommes 
vivants, mais des institutions mortes. Les hommes sont aussi innocents 
que le matin pour celui qui se lève tôt, pour le pèlerin confiant ou 
pour les voyageurs matinaux qu’il a croisé sur son chemin vers la 
poésie. Alors que les institutions comme l’Église, l’État, l’École, la 
propriété, sont des spectres sinistres et fantomatiques en raison du 
respect aveugle qu’on leur témoigne. Quand je me suis abandonné au rêve 
poétique d’un paradis terrestre, je n’ai pas envisagé d’être dérangé par
 un Indien Chippewa, mais j’ai pensé qu’il serait vraisemblablement 
englouti par une monstrueuse institution. Le seul bandit de grand chemin
 que j’aie jamais rencontré était l’État en personne. Quand j’ai refusé 
de payer la taxe qu’il réclamait pour cette protection dont je ne 
voulais pas, il m’a lui-même volé. Quand j’ai affirmé la liberté qu’il 
proclame, il m’a emprisonné. J’aime l’humanité, je hais les institutions
 de ses aïeux. Ni des voleurs, ni des bandits de grand chemin mais des 
gendarmes et des juges ; non pas des pêcheurs mais des prêtres ; non pas
 des ignorants mais des pédants & des pédagogues ; non pas des 
ennemis étrangers mais des armées en ordre de marche ; non pas des 
pirates mais des navires de guerre. Non pas une malveillance gratuite 
mais une bienveillance organisée. Par exemple, le geôlier ou gendarme 
simplement considéré en tant qu’homme et voisin – avec pour ce dernier 
70 années à vivre – peut s’avérer être un homme droit et digne, doté 
d’un cerveau capable de réfléchir ; mais en tant qu’officier & 
instrument de l’État, il n’a pas plus d’entendement ou de cœur que la 
clef de sa prison ou que son gourdin.
Le plus attristant, c’est que les hommes adoptent volontairement le 
caractère & la fonction d’une nature brutale. Il existe assurément 
bien assez de moyens qui permettent à un homme de se procurer du pain 
sans que cela le rende nuisible en tant que voisin & compagnon. Il y
 a bien assez de pierres sur le chemin du voyageur sans qu’un homme ne 
vienne y ajouter son propre corps. Pour prendre un seul exemple : il n’y
 a sans aucun doute jamais eu de pire crime commis depuis le 
commencement des temps que l’actuelle guerre mexicaine [ au terme de 
laquelle le Mexique s’est vu contraint de céder aux États-Unis le Texas,
 la Californie, l’Utah, le Nevada, le Colorado, Wyoming, le Nouveau 
Mexique et l’Arizona (…) ] Tel est le commandement implacable : bouge et
 tu seras délogé ; sois le maître de tes actes ou tu deviendras 
l’instrument de l’esclave le plus insignifiant sans même t’en rendre 
compte. N’importe qui peut gouverner celui qui ne se gouverne pas 
lui-même. Tous les hommes sont plus ou moins ensevelis dans la tombe des
 coutumes, et pour certains, seuls les quelques cheveux au sommet de 
leur crâne émergent du sol. Ceux qui sont physiquement mort valent 
mieux, car au moins, il y a de la vie dans leur décomposition.
Ceux qui ont un domaine à défendre qu’ils ont usurpé par acte de 
propriété, des esclaves à garder à leur service, ceux qui aimeraient 
retenir leur dernière inspiration pour la conserver perpétuellement, 
ceux-là exigent l’aide des institutions, de ce testament stéréotypé et 
pétrifié du passé. Mais ceux qui sont, en eux-mêmes, quelque chose à 
défendre, qui ne sont pas asservis, qui sont en accord avec leur temps, 
ne veulent pas de ce genre de sujétion. »
La première chose qui m’a attristé en lisant son journal est de 
savoir qu’il n’existe quasiment plus d’espace sauvage aujourd’hui. J’en 
suis arrivé à la conclusion qu’il deviendrait même criminel de mener une
 vie de contemplation comme il l’a fait, car actuellement notre 
civilisation industrielle détruit chaque jour 200 espèces animales et 
végétales. Ce serait être contemplateur du désastre. Le 7 Juillet 2020, 
cela fera 219 000 espèces végétales et animales exterminées par notre 
civilisation industrielle & capitaliste depuis le G20 de Hambourg. 
Les manifestations n’ont fait à ma connaissance disparaître aucune 
espèce, pas même une seule entreprise de marque de luxe. Je n’ai pas 
envie de lister ici l’ampleur de la catastrophe, de l’effondrement en 
cours, je pense que chacun en a entendu parler et peut se renseigner en 
faisant quelques recherches. Dans les débats qui ont pu agiter ce 
tribunal, j’ai entendu dire qu’il pouvait être compréhensible de lutter 
avec violence sous le nazisme mais que cela n’est pas convenable dans 
une démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le problème, 
c’est que nous ne sommes pas en démocratie, mais dans un régime 
représentatif
Emmanuel-Joseph Sieyès, juste après la révolution française, dans son
 discours du 7 septembre 1789, a déclaré : « La France ne doit pas être 
une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix entre ces deux 
méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très
 grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni 
assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent
 gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des 
représentants. [...] Les citoyens qui se nomment des représentants 
renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas 
de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la 
France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État 
démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une 
démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, 
ne peut agir que par ses représentants. »
Cette personne qui a participé activement à l’élaboration du système 
politique après la révolution française a l’honnêteté intellectuelle de 
reconnaître qu’un régime représentatif n’est pas une démocratie. 
Aujourd’hui, la classe dirigeante, afin de ne pas perdre ses intérêts et
 risquer de disparaître sous un nouveau mécontentement populaire, nous 
berce dès l’école et rabâche à la télévision que nous sommes dans une 
’démocratie avancée’. Cette formulation prétentieuse veut nous faire 
croire que nous serions allés même au-delà de la démocratie alors qu’en 
réalité nous n’avons jamais atteint cette étape mais sommes encore 
aujourd’hui sous un régime représentatif.
J’ai décidé d’agir plutôt que d’abandonner mon pouvoir à un représentant.
« Vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous
 étonnez pas s’ils en sortent corrompus. » écrivait Élisée Reclus dans 
son texte « Ne votez pas, agissez ». Les parlements sont infestés par 
les lobbys, les intérêts des grosses entreprises et de la finance.
J’ai donc commencé par rejoindre la mouvance Anonymous on me bornant à
 écrire des textes et faire des vidéos à travers une opération contre 
les grands projets inutiles et imposés. Il s’agissait de cibler les 
sites internet des grosses industries ou de l’État français impliqués 
dans la réalisation de différents projets comme le barrage de Sivens, la
 poubelle nucléaire à Bure ou l’aéroport de Notre Dame des Landes, par 
exemple. Dans le même temps, je me suis rendu à la manifestation 
d’octobre 2014 à Sivens où Rémi Fraisse fut tué par une grenade 
policière à une centaine de mètres de moi. C’était une de mes premières 
manifestations et j’ai été traumatisé par la violence policière, les 400
 grenades explosives lancées aveuglément dans la nuit, le mensonge 
d’État qui masqua les circonstances de sa mort, la propagande médiatique
 de criminalisation, et l’indifférence de la justice qui a prononcé un 
non-lieu malgré les demandes de la famille de Rémi d’obtenir une 
condamnation symbolique. Le lendemain matin j’ai directement appelé ma 
petite sœur au téléphone, et j’avais pleuré, réalisant que j’aurais pu y
 passer également avec toutes ces grenades qui explosaient autour de 
moi. J’ai aussi depuis des problèmes d’auditions qui se sont aggravés et
 des acouphènes aigus continuel dans mon oreille. Mais le plus grave 
pour moi c’est qu’aujourd’hui je peux dire devant vous qu’un jeune homme
 de mon âge est mort presque à côté de moi dans une manifestation, que 
je peux le dire avec un sang-froid. Quelque chose s’est éteint en moi 
pendant l’incarcération, j’ai perdu une partie de mes émotions en 
prisons.
Afin que vous saisissiez un peu mieux, je tiens à dire quelques 
éléments concernant cette journée de mobilisation qui s’est tenue en 
pleine nature dans la vallée du Tescou (Sud-Ouest de la France), la 
préfecture avait promis de ne pas déployer de gendarmes afin de ne pas 
générer de tensions en retirant même, au cas où, les engins de 
chantiers. Le barrage de Sivens fut porté par la CACG, un organisme 
public-privé, ce qui lui permettait de réaliser une déclaration 
d’utilité publique et ainsi de mettre la main sur l’argent du 
contribuable : près de 4 millions d’euros de fonds publics pour 
construire ce barrage afin de soutenir une agriculture intensive. Mais 
le comble, c’est que le barrage de Fourrogue, construit juste avant ce 
projet de barrage de Sivens, a été déclaré illégal et inadapté par le 
tribunal administratif après sa construction. C’est-à-dire qu’il ne 
pouvait même pas remplir la mission pour laquelle il a été construit, à 
savoir l’irrigation des cultures. Cela démontre que l’intérêt derrière 
ces projets est essentiellement le détournement d’argent public. Les 
porteurs de ce projet veulent construire une cinquantaine de barrage 
dans la région et ils réfléchissent actuellement à refaire un projet de 
barrage non loin de l’endroit où Rémi, jeune homme de 21 ans, a été tué 
par la police. Une rivière doit pouvoir s’écouler librement jusqu’à 
l’océan. Est-il plus sain de s’adapter à la nature ou d’adapter la 
nature au capitalisme ?
J’aimerai que l’on m’explique où est le progrès lorsque des grands 
groupes comme Bayer/Monsanto brevètent le vivant et réalisent des 
mutations sur les plantes de telle sorte qu’il soit impossible de 
réutiliser les graines chaque année sans devoir les racheter. Il est 
démontré aujourd’hui que dans les anciennes variétés de graines un code 
génétique se transmet de génération en génération à travers les 
semences, la plante s’adapte à son milieu, elle a une intelligence, elle
 s’améliore et se renforce d’année en année. Bayer & Monsanto sont 
responsables de la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes 
par maladie ou suicide, notamment en interdisant l’utilisation de 
certaine semence et en imposants des graines génétiquement modifiées. En
 Inde par exemple, des paysans s’endettent à devoir les racheter chaque 
année, mais vous ne verrez jamais les dirigeants de ces entreprises 
faire 1 an et 4 mois de prison ferme pour ces raisons. Pour revenir à la
 mouvance Anonymous, j’ai découvert sur internet l’existence du projet 
d’enfouissement de déchets nucléaire à Bure à quelques pas de chez moi. 
Je n’en avais pas entendu parler à l’école, aux JT ou dans les journaux.
 J’ai donc fait des recherches et découvert que depuis plus de 20 ans, 
des personnes luttent et se mobilisent contre ce projet. Il y a même eu 
une pétition signée à la main par plus de 50 000 personnes demandant 
l’organisation d’un référendum local pour savoir si la population est 
d’accord avec ce projet. Cette pétition a été ignorée. Il serait en 
effet dommage pour les autorités locales de perdre les 80 millions d’€ 
distribués chaque année afin « d’accompagner économiquement » le projet 
d’enfouissement. Jusque dans les écoles, l’argent nucléaire coule à 
flot, et des balades scolaires sont organisées dans les tunnels 
souterrains où déjà deux ouvriers sont décédés dans un effondrement des 
galeries.
Lorsqu’il a été rappelé à l’Agence Nationale pour la Gestion des 
déchets Radioactifs qu’il y aura à terme un écroulement des tunnels, la 
réponse donnée par un responsable fut : « C’est prévu, Cigéo va 
s’écrouler, mais nous préférons parler de convergences des roches. » Je 
crois plutôt qu’une convergence des luttes empêchera la folie de ce 
projet. De la même manière que l’écrivain italien Erri de Luca l’a 
affirmé à propos du projet de ligne TGV Lyon-Turin en Italie, je crois 
que le projet d’enfouissement de déchets nucléaires doit être freiné, 
entravé et donc saboté pour la légitime défense de la santé, du sol, de 
l’air et de l’eau.
L’Allemagne a théoriquement arrêté le nucléaire après Fukushima mais 
les déchets nucléaires restent un problème. En France, alors que nous ne
 savons également pas quoi faire des déchets, nous allons renouveler le 
parc des centrales et lancer une nouvelle génération de réacteurs (EPR),
 essentiellement pour pouvoir les vendre à l’étranger.
Au regard de la gestion laborieuse que la filiale nucléaire a réalisé
 en Somalie, puis en balançant les fûts de déchets nucléaires dans 
l’océan et dans divers sites d’enfouissement aux multiples accidents (au
 Nouveau Mexique comme en Allemagne) ; il semble évident qu’il ne faut 
pas laisser la gestion des déchets nucléaires à ces individus 
irresponsables.
« On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés »
Albert Einstein
Il est important de reconnaître avec honnêteté, que nous ne savons 
pas quoi faire et nous n’avons jamais su quoi faire des déchets 
nucléaires. Dès lors, l’arrêt immédiat de la production de ses déchets 
est une évidence.
Cette question de la gestion devrait être prise en compte par la 
société toute entière, en finançant des recherches indépendantes. Où 
trouver l’argent ? Il y a 80 millions d’euros déversés dans le 
département de la Meuse et Haute-Marne chaque année afin d’acheter le 
consentement de celles et ceux qui demain seront irradiés. Dans la 
langue de l’époque, on n’appelle plus cela ’corrompre’ mais ’travailler à
 l’acceptabilité sociale d’un projet’. Redirigeons cette somme dans la 
recherche d’alternatives. Pour les déchets existants, tentons de trouver
 des solutions par la science, plutôt que l’achat des consciences. Il y a
 les PDG du nucléaire, nucléocrates et autres personnes qui se sont fait
 des millions, voir milliards de bénéfices sur le dos de notre vie, il 
faudra également qu’ils rendent l’argent, pour la survie de l’humanité.
Je tiens à rappeler que l’Allemagne sera probablement plus impactée 
par ce projet d’enfouissement, car Bure se situe dans le Nord-Est de la 
France sous les vents dominants de l’ouest.
C’est cet engagement sur le terrain informatique contre Bure et le 
Barrage de Sivens qui m’a conduit à une première condamnation en justice
 après la visite de 7 agents de la DGSI au domicile de mes parents. Les 
48 heures de garde-à-vue qui ont suivi était une horreur. Refusant de 
collaborer, les agents sont aller jusqu’à menacer de mettre en garde à 
vue mon meilleur ami car il apparaissait sur le rush d’un montage vidéo.
 Ils ont réussi à me faire craquer en faisant pression sur cet ami 
proche qui ne partage pas mes opinions politiques. Je tiens à insister 
sur cette bassesse monstrueuse de l’élite de la police Française. 
J’étais jeune, je ne pensais pas alors qu’il était possible d’aller 
jusque-là. Faire pression sur des proches, je pensais que c’était 
seulement dans les films ou sous des dictatures. J’ai écopé de quatre 
mois de prison avec sursis ainsi que d’une interdiction de passer des 
concours dans certains métiers du domaine public pendant cinq ans. Étant
 en première année d’étude de droit à ce moment-là, j’ai décidé de faire
 appel afin de demander que cette interdiction de métier soit enlevée 
pour que je puisse continuer mes études et tenter de devenir avocats en 
droit à l’environnement. Malheureusement, la cour d’appel a confirmé 
l’interdiction qui est en plus redevenue active pour 5 ans à ce 
moment-là. C’est à ce moment-là que j’ai dû oublier ce projet 
professionnel et que je me suis tourné vers la permaculture. Terrain 
dans lequel l’État ne m’a pas encore mis d’entrave.
En France, les policiers allemands sont perçus comme les rois de la 
désescalade, j’ai cependant vu, à Hambourg, des milliers de manifestants
 escalader un mur afin d’échapper à la police qui matraquaient les 
crânes. C’était le premier jour des manifestations contre le G20 de 
Hambourg, le positionnement des canons à eau qui étaient dès le début 
presque au contact du cortège et les charges policières de tous les 
côtés ne laissaient même pas l’opportunité de s’échapper. Il y a eu 
plusieurs dizaines de blessées très graves à la tête. Pourquoi donc les 
palais de justices restent-ils silencieux vis à vis de la violence 
policière ? Où sont les photos des policiers matraquant les crânes dans 
les médias et leurs colonnes d’appel à délation post-G20 ?
J’accuse le pouvoir judiciaire de participer à un groupement fermé de
 personnes pratiquant la violence sur une base d’un partage des tâches 
entre les policiers qui passent à l’acte et les tribunaux qui 
cautionnent et encouragent les délits par leurs laxismes. Les palais de 
justice en général, appartenant à ce groupe, sont complice de toutes les
 violences policières du G20 car aucun ne s’est distancié à l’égard de 
ces violences. Il n’y a eu aucune condamnation de policiers depuis le 
G20 et ce, malgré les nombreuses vidéos et documentations citoyennes. 
Mais c’est également un problème structurel de l’institution policière, 
la police ne fait pas remonter les enquêtes contre elle-même.
Bertolt Brecht disait : « On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est
 violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui 
l’enserrent. »
Faut-il accueillir le G20 ou l’empêcher en protestant ?
Nous retrouvons dans ce sommet les cinq plus gros marchands d’armes 
au monde qui sont les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et la 
Grande-Bretagne, tous également membres permanents du conseil de 
sécurité de l’ONU. ’ Quand on est pour la paix, on ne vend pas des 
armes.’, ce sont les mots d’un sans papier Guinéen prononcé dans la cour
 de promenade du bâtiment A. Il m’a beaucoup parlé de la Guinée et de 
l’Afrique en générale, continent très riche en ressources mais pauvre à 
cause du pillage exercé par le système capitaliste. Si les Thomas 
Sankara ou Patrice Lumumba ne finissaient pas chaque fois assassiné par 
des armes construites dans les pays du Nord, l’Afrique aurait 
aujourd’hui un autre visage.
Pendant le G20 de Hambourg, la France et l’Allemagne vendaient des 
armes à la Turquie. Des armes qui ont probablement étaient utilisées 
lors de l’offensive Turc contre les kurdes aux Rojava dans le Nord de la
 Syrie. Des journalistes turcs sont encore emprisonnés pour avoir 
dévoilé que Erdogan avait livré des armes à Daesh. Si une personne donne
 une pierre a un manifestant, elle peut être accusé de complicité d’un 
acte d’une extrême violence et risque de finir en prison. Mais vendre 
des armes est un acte légal. Le problème vient peut-être du fait que 
c’est un don et qu’il serait à vos yeux plus juste de devenir marchand 
de pierres. Ou bien cela n’a rien à voir avec l’intérêt financier et il 
s’agirait d’une question morale : il est bon de vendre des armes car 
elles servent à faire la guerre pour la paix, incohérence déjà d’écrite 
par George Orwell dans son œuvre ’1984’. Des anarchistes ont récemment 
été torturé en Russie. Torture que l’on retrouve en Turquie ou en Arabie
 Saoudite. Avez-vous simplement idée de l’extrême violence qu’incarne 
votre sommet, cette réunion des 20 États les plus riches de la planète ?
Il y a quelque chose de particulièrement grave dans cette affaire, 5 
personnes doivent répondre de l’ensemble des dégâts d’une manifestation.
 99 % des faits reprochés ne visent pas personnellement les accusés. 
L’accusation s’étend à plus d’un million d’euros de dégâts. Le procureur
 tente de construire et d’imposer une vision très large de la 
complicité, au point qu’il désire même l’étendre au-delà de la 
présupposée présence des accusés. Concrètement, imaginez-vous dans une 
manifestation, quelqu’un brûle une voiture à 50 mètres de vous : vous 
êtes considérés comme responsable des dégâts. Mais ce n’est rien ! 
Imaginez-vous maintenant quittant une manifestation, 10 minutes plus 
tard, un cocktail molotov est lancé : bien que vous n’êtes plus présent,
 vous êtes aussi considéré comme responsable.
Il y a beaucoup de problème dans ce procès, dans la prison, dans la 
police, dans le capitalisme, dans l’État et son monde. Ces différents 
thèmes ont, entre autres, comme pourritures communes : la soif de 
gestion, la globalisation, la classification. La personnalité de 
l’individu, son identité, sa créativité, son unicité, doivent rentrer 
dans une case, un groupe.
Voici une autre citation de Thoreau :
« Le caractère unique d’un homme se manifeste dans chaque trait de 
son visage et dans chacune de ses actions. Confondre un homme avec un 
autre et toujours les considérer globalement est une marque de 
stupidité. Les esprits obtus ne distinguent que des races, des nations 
ou des clans, quand l’homme sage distingue des individus. »
Journal de Thoreau – juillet 1848
Je ne vais pas pouvoir expliquer ce que je n’ai pas fait et si vous 
me demandez ce que j’en pense, cela pourrait tenir dans cette autre 
citation :
« Quels que soient mes jugements sur tel ou tel acte ou tel ou tel 
individu, je ne mêlerai jamais ma voix aux cris de haine d’hommes qui 
mettent armées, police, magistrature, prêtres et lois en branle pour le 
maintien de leurs privilèges. »
Elisée Reclus
Il vous reste encore un peu de temps avant la fin de ce procès afin 
de limiter l’acte d’accusation seulement à ce que j’ai pu faire, tant 
que cela ne sera pas le cas, je refuse de m’exprimer à propos de 
l’accusation me concernant sur la manifestation de l’Elbschaussee. A 
savoir : si j’étais bel et bien présent, si vous m’avez confondu avec 
d’autres personnes, ou si je n’étais tout simplement pas là, preuve à 
l’appui.
En France, j’ai été accusé d’avoir découpé un grillage autour d’un 
projet d’enfouissement de déchets nucléaire, j’ai revendiqué devant le 
tribunal ce geste afin de l’expliquer. La retranscription de ce procès 
est disponible dans une brochure intitulée ’Sachez que je n’attends rien
 de votre institution’ également traduite en allemand. D’autres procès 
contre des anarchistes comme celui d’Alexandre Marius Jacob contient 
également une revendication et explication des actes réalisés devant le 
tribunal. Il s’agit d’une stratégie de rupture. Je comprends l’attitude 
de ne pas vouloir s’exprimer et de garder le silence et je veux rester 
solidaire envers les personnes qui choisissent de ne pas s’exprimer lors
 des procès. Cependant, je déteste les narrations mensongères des 
procureurs ou de la police. Et c’est dans les tribunaux que leurs 
versions s’établissent et sont reprisent par les juges puis les médias. 
Si je m’exprime aujourd’hui, c’est pour vous relater une réalité que 
j’ai vécu dans les rues de Hambourg.
Dans l’après-midi du 7 juillet 2017, la police allemande a fait une 
autre démonstration de sa désescalade. Dans un ballet incessant de 
policiers qui chargeaient en passant à répétition tout autour de Rota 
Flora. J’ai vu à plusieurs reprises la police matraquer sans raison des 
personnes sur les trottoirs ainsi que des personnes assissent aux 
terrasses des bars, buvant un verre. Peut-être que dans un esprit 
policier, le fait d’être simplement présent autour de Rote Flora est une
 culpabilité suffisante. Dans le petit parc juste derrière, 4 policiers 
ont couru vers une personne qui était dans un coin près d’un buisson, 
elle s’est fait tabasser à l’abri des regards & des caméras. J’ai vu
 un journaliste se faire frapper par la police. Et alors qu’une énième 
personne se faisait sévèrement matraquer devant Rota Flora, je me suis 
avancé spontanément avec d’autres personnes, criant d’indignation. Un 
policier m’a gazé au visage. J’ai alors posé mon sac à dos par terre et 
lancé 2 bouteilles de bières qui se trouvaient devant moi vers la 
police. Il y a des violences policières qui sont à l’origine de ce 
geste, je ne veux pas m’en excuser. D’autant plus que je n’ai pas réussi
 à atteindre la police et les bouteilles ont atterri à côté (comme on 
peut le voir sur une vidéo). Certes, à vos yeux, que le projectile 
touche ou non un policier, cela reste illégal, tout comme votre loi 
interdit de matraquer à hauteur de tête ou de mettre du gaz lacrymogène 
au visage. A-t-on pour autant déjà fait un procès à l’encontre d’un 
policier qui a donné des coups de matraque dans le vent à côté d’une 
tête sans la toucher ? Non. Il n’y a même pas eu un seul procès contre 
un policier qui a matraqué un crâne au G20. Dès lors, faut-il venir 
casqué en manifestation ?
Un peu plus tard, sur une vidéo policière, on me voit courir vers une
 dame d’un certain âge qui pousse son vélo. Elle s’était arrêtée au 
milieu de la route alors qu’un canon à eau avançait vers elle. Je l’ai 
aidé à rejoindre le trottoir et une fois atteint, nous nous sommes pris 
un jet du canon à eau clairement dirigé contre nous deux. Vous faites 
toujours preuve d’une imagination débordante et d’une sensibilité 
extrême lorsque vous écrivez dans vos actes d’accusation que tel 
projectile a été lancé vers la police en rajoutant « acceptant que cela 
aurait pu blesser gravement les policiers ». Car avant d’imaginer cela, 
il faudrait peut-être déjà démontrer que le projectile atteint en effet 
un policier. Une fois que c’est chose faite, il faut reconnaître qu’il 
est difficile de blesser gravement un policier quand il porte des 
protections contrairement aux manifestants qui n’en portent aucune. En 
attendant, le puissant jet d’eau nous a clairement atteint et personne 
ne reproche au policier qui a tiré d’avoir accepté que cela aurait pu 
blesser gravement cette dame âgée. Après avoir vérifié que cette 
dernière se portait bien, j’ai ramassé 2 pierres et je les ai jetées en 
direction du canon à eau. Les policiers étaient en position derrière le 
canon à eau.
Ne me retrouvant pas dans vos définitions de bon ou de mauvais 
manifestant, sachez que je reste solidaire à l’égard de n’importe quelle
 personne se retrouvant face à la justice suite aux manifestations : que
 ce soit celles du G20 ou des gilets jaunes, de Minneapolis ou des 
quartiers populaire, du Chile ou de Hong-Kong. Car encore une fois, 
quels que soient mes jugements sur tel ou tel acte ou tel ou tel 
individu, je ne mêlerai jamais ma voix à celles et ceux qui mettent 
armées, police, magistrature, prêtres et lois en branle pour le maintien
 de leurs privilèges.
Il y a eu de nombreuses tentatives afin de bloquer le G20 avec des 
sittings-non-violent, j’ai également pris part à cette stratégie et une 
personne qui se trouvait à côté de moi s’est retrouvé avec un œil au 
beurre noire pendant qu’un autre policier m’a donné des coups de pieds 
alors que nous étions assis. J’ai remarqué qu’il était moins dangereux 
d’utiliser cette tactique si il y a la présence de caméras qui filment 
la scène. La police semble très sensible à son image et se retient de 
montrer sous les projecteurs sa violence mais elle n’hésite pas, une 
fois qu’un peu d’ombre se présente, à déployer son obscurité.
« La résistance passive non-violente est efficace tant que votre 
adversaire adhère aux mêmes règles que nous. Mais si la manifestation 
pacifique ne rencontre que la violence, son efficacité prend fin. Pour 
moi, la non-violence n’était pas un principe moral mais une stratégie. 
Il n’y a aucune bonté morale à utiliser une arme inefficace. »
Nelson Mandela
Il existe une analyse de février 1989 sur les effets de l’uniforme 
réalisée par le service correctionnel du Canada. L’étude avait démontré 
qu’une personne sera plus disposée à être agressive si elle porte un 
uniforme. C’est pourquoi je n’en veux pas particulièrement aux 
individus, mais à la situation que génère le métier de policier. Il est 
probable que bientôt, tout comme à Minneapolis, il devienne nécessaire 
pour de plus en plus de monde de démanteler la police.
En dernier point, la presse allemande met souvent en avant l’impact 
économique des manifestations. Je crois que pour l’ensemble du G20 de 
Hambourg j’avais entendu qu’il s’agissait de 10 millions d’euros de 
dégâts. Je vais vous démontrer qu’une personne qui mange sainement et 
fait quelques dégâts en manifestation coûte moins cher à la société 
qu’un habitué du McDo. Un article du journal ’libération’ de l’année 
2019 a estimé que le coût de la mal bouffe pour la santé en France est 
de 55 milliards d’euros par an. Il faudrait qu’il y ait chaque année 5 
500 fois des manifestations avec 10 millions d’euros de dégâts pour 
égaler l’impact économique de la mal bouffe. Sachant que les 
mobilisations se sont étalées sur 4 journées, il n’est pas possible d’en
 réaliser plus de 92 dans l’année. A moins que l’on s’autorise à 
imaginer plusieurs manifestations en même temps. Il faudrait donc que se
 déroule de manière simultanée 59 manifestations comme celles du G20 de 
Hambourg en se répétant continuellement pendant un an afin que les 
dégâts économiques égalent ceux de la mal bouffe en France. Je n’ai pas 
trouvé de chiffre concernant l’Allemagne mais je pense que c’est 
sensiblement identique. En arrondissant, on peut dire que la mal bouffe 
coûte 100 milliards d’euros par an en Allemagne et en France. Donc 300 
milliards d’euros depuis le G20 de Hambourg, n’est-il pas plus sage de 
faire des procès contre les géants de l’agroalimentaire qui empoisonnent
 notre nourriture et nos vies ?
Voici quelques paroles de Ravachol :
« En créant les articles du Code, les législateurs ont oublié qu’ils 
n’attaquaient pas les causes mais simplement les effets, et qu’alors ils
 ne détruisaient aucunement le crime ; en vérité, les causes existant, 
toujours les effets en découleront. Oui, je le répète : c’est la société
 qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous 
devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer la 
société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes ; et votre œuvre, en
 s’attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n’est 
votre justice qui s’amoindrit à punir les effets. »
J’ai entendu le tribunal se souciait de savoir si la peine était 
suffisante pour l’éducation des accusés. J’ai été surpris de découvrir 
cette forme d’éducation. Vous estimez que punir par l’enfermement permet
 de contraindre à ne plus recommencer. Il existe des prisons ouvertes où
 le taux de récidive est de 20% en Norvège, l’endroit où je suis resté 
enfermé 1 an et 4 mois a un taux de 70% de récidive. Dans cette prison 
norvégienne les gardiens chantent parfois une chanson aux nouveaux 
arrivants, il y a de l’écoute, de l’amour et de la considération. Quand 
je suis arrivé dans votre prison, je suis resté 1 mois avec le même 
caleçon enfermé 23h/24 en croisant les regards sévères de gardiens qui 
vous méprisent. Mais au risque de ne pas avoir été clair, parce que l’on
 pourrait croire que je me satisfais d’une prison norvégienne. Tout 
comme Ravachol disant ’c’est la société qui fait les criminels’ et le 
criminologue Alexandre Lassange affirmant ’la société a les criminels 
quelle mérite’. Je pense que c’est en transformant la société que nous 
pouvons supprimer tous les crimes. Et je crois qu’il y a dans ce procès 
0% de chance de récidive, car la cause a disparu, il n’y aura plus 
jamais de G20 à Hambourg.
Ma prochaine déclaration contiendra un texte imaginant un G20 sans 
police, ce que je considère comme étant des alternatives à votre sommet 
ainsi qu’une critique de la civilisation industrielle & des énergies
 renouvelables du capitalisme vert. Je déposerai également à votre 
tribunal une BD patate que j’ai réalisé en prison expliquant comment 
tous les États du monde pourraient se débarrasser de leurs bombes 
atomiques.
Interpellé en août 
2018 pour sa participation supposée aux émeutes du G20 de Hambourg en 
2017, Loïc Schneider qui avait obtenu une liberté conditionnelle après 
16 mois de détention en Allemagne s’est exprimé aux derniers jours de 
son procès.
    
        [Pour d’avantage de contexte, nous vous invitons à lire nos articles précédents :
Arrêté après les émeutes de Hambourg, Loïc Citation est depuis un an en procès en Allemagne
D’Anonymous au G20 de Hambourg - Appel à soutenir Loïc Citation 
Le site de son comité de soutien se trouve ici : 
laneigesurhambourg.noblogs.org ]