10/12/2020

Une histoire érotique de la psychanalyse


À en croire S. Chiche, s’il est un enseignement à tirer de l’histoire de la psychanalyse envisagée sous l’angle de l’érotisme, c’est que l’invention de Freud ne fournit ni doctrine ni modèle à suivre.

Du souvenir d’enfance reconstitué par Freud autour de sa mère, nue dans un wagon lit, aux amours transgressives d’Anaïs Nin, Sarah Chiche balaye une série d’histoires, érotiques dans tous les sens du terme. Les protagonistes ont expérimenté autant de figures possibles de l’amour et du sexe. Tous ont un lien avec la psychanalyse, mais aucun ne s’est fié à une doctrine pour orienter ses choix.

Qu’avons-nous appris sur l’amour et la sexualité ?

« La psychanalyse enseigne-t-elle quelque chose d’inédit sur l’amour et la sexualité ? », « A-t-elle créé un nouvel érotisme ? », se demande Sarah Chiche au seuil de son Histoire érotique de la psychanalyse. On s’étonne que des questions aussi essentielles n’aient pas encore été posées de manière aussi directe. D’autant que, Sarah Chiche le rappelle, jusque dans les années 90, nombreux étaient ceux qui se représentaient l’analyse comme la voie à suivre pour accéder à plus de liberté et d’épanouissement sexuel. Cette confiance n’est plus partagée, et aujourd’hui, la question de ce qu’apporte la psychanalyse en matière d’amour et de sexualité se pose car les pratiques ont évolué, en matière d’érotisme comme en ce qui concerne les arrangements entre amour et sexualité. Devant ces changements, nombre de psychanalystes ont paru rester sur le gué, semblant campés sur des positions conservatrices sur des sujets comme l’homosexualité, la question transgenre, etc.

La chute des illusions est peut-être l’occasion de rétablir ce qu’on est réellement en droit d’attendre de la psychanalyse. S’il est un point sur lequel Freud nous a éclairés, explique Sarah Chiche, c’est sur l’étroite immixtion entre l’amour et la haine. Aimer, c’est se rendre dépendant de l’autre, c’est lui reconnaître plus d’importance qu’à soi-même, à ceci près que, pour pouvoir aimer, il faut être soi-même quelqu’un. L’abandon à l’autre est gros d’une réaction narcissique, et cette réaction, c’est la haine.

La compréhension du lien indéfectible entre amour et haine est l’apport incontestable que l’on doit reconnaître à la psychanalyse. Pour le reste, des psychanalystes, des patients, des artistes ayant côtoyé la psychanalyse se sont trouvés face à des situations auxquelles chacun a répondu en fonction de ce qu’il était. Sarah Chiche s’en remet à l’histoire, ou plutôt à une série d’histoires individuelles qui ont compté dans l’histoire de la psychanalyse. Ces récits racontent l’étendue des configurations possibles sans prétendre constituer un enseignement.

La galerie des grandes amantes de la psychanalyse

Parmi les personnages de cette Histoire érotique, certains appartiennent à la galerie des classiques de la psychanalyse : les deux patientes de Freud que furent B. Pappenheim et Dora, la maîtresse de Ferenczi (Gizella Pálos), sa fille (Elma) que l’élève de Freud voulut un temps épouser, l’amante de Jung (Sabina Spielrein), la princesse Bonaparte, Anna Freud dont les amours homosexuelles avec Dorothy Tiffany Burlingham ont gardé leur part de mystère. Sylvia, la deuxième femme de Jacques Lacan qui ne put divorcer de G. Bataille que plusieurs années après la naissance de la fille qu’elle avait eue avec Lacan, Catherine Millot, qui inspira largement à Lacan ses méditations sur l’amour mystique.

Si ces figures plus ou moins anciennes sont convoquées, c’est pour autant qu’elles peuvent parler aux amants d’aujourd’hui et qu’elles inspirent à l’auteur des réflexions contemporaines. L’affaire Spielrein/Jung que le film A Dangerous Method a popularisée est donc reprise, mais ce qui attire l’attention de Sarah Chiche, c’est la différence entre les deux femmes de Jung et entre les deux types de relations qu’il a entretenues avec chacune d’entre elles. Jung apparaît finalement comme un homme qui ne peut pas éprouver l’amour et le désir pour une même personne - comme tant d’autres. À quoi Sarah Chiche ajoute que la question retrouve son acuité et sa vérité si l’on admet que cette difficulté à aimer et désirer la même personne n’est pas le fait des hommes, comme l’a cru Freud, mais qu’elle concerne au même titre les deux sexes et/ou les deux genres.

Un monde psychanalytique plus vaste

Mais Une Histoire érotique de la psychanalyse ne se contente pas de nous promener parmi des personnages déjà visités. On y apprend beaucoup. Le lecteur connaissait-il le rôle d’inspiratrice et de mécène indirecte – et ambiguë – de la psychanalyste et traductrice Blanche Reverchon auprès du poète Pierre Jean-Jouve ? Savait-il que cette rencontre avait permis une métamorphose et un épanouissement de l’écriture du poète ? On découvre aussi comment en 1810, le Code civil a déplacé le sens du mariage. D’institution garantissant la reproduction du couple, il est devenu un pacte économique protégeant le capital familial. La question de la reproduction n’étant plus à l’ordre du jour, la fellation et la sodomie dans les foyers ont cessé d’être pénalisables. Toutes les formes de sexualité devenaient légales à partir du moment où elles associaient des adultes consentants. On comprend alors que la jeune discipline médicale a récupéré le rôle de censeur moral de ces pratiques.

Sur un tout autre plan, on découvre des soubresauts ignorés parmi les épisodes des ventes et reventes du tableau de Courbet, L’Origine du monde. On doit aussi à Sarah Chiche d’élargir l’horizon de la culture des écrits analytiques, qui ont souvent tendance à revenir sur les mêmes lieux. Jamais à notre connaissance un auteur de psychanalyse n’avait parlé jusque-là du groupe de Bloomsbury, qui réunit au début du XXe siècle Virginia Woolf, Léonard Woolf (son futur mari), l’économiste John Maynard Keynes, mais aussi Lytton Strachey, le traducteur de l’œuvre de Freud en anglais, etc. Ces créateurs de génie, adeptes de ce que l’on appellera soixante ans plus tard le « polyamour », sont portés par un idéal sur lequel la psychanalyse n’a pas grand-chose à dire. Mais pour Sarah Chiche, leur expérience correspond à ce qu’elle appelle une manière « plus vaste » d’aimer, expression importante dans l’œuvre de l’auteur des Enténébrés.

Des fausses perversions aux effets réels de l’emprise

Entre deux histoires plus ou moins publiques, Sarah Chiche glisse une évocation de l’un ou l’autre de ses patients. En matière d’imprévisibilité, ces vies privées ne le cèdent en rien aux grands récits. Elles permettent aussi à l’auteur de parler à partir de sa clinique. C’était d’autant plus important que, en tant que pratique, la psychanalyse a suscité des difficultés nouvelles pour ceux qui l’exerçaient. L’amour de transfert, Sarah Chiche le rappelle, est un vrai amour, et toute la question est de savoir quand sa transgression peut être une rencontre réelle – car cette possibilité ne peut pas être exclue – et quand elle constitue un ratage de la cure. Sarah Chiche avait consacré en 2010 un roman (L’Emprise) à la dépendance d’une patiente vis-à-vis d’un thérapeute manipulateur, et elle se montre ici très sévère avec les complaisances du monde psy. Elle rappelle le mot de Joyce Mc Dougall, qui en 2001 qualifiait d’« incestées » ces patientes séduites par leur psy alors que leur analyse les avait fait régresser.

À plusieurs reprises, Sarah Chiche s’appuiera sur cette psychanalyste trop oubliée, auteur du concept de « néosexualité ». Joyce Mc Dougall est en effet celle qui permet de penser les pratiques sexuelles sans visées reproductives et de les exclure de la sphère des perversions. Jusqu’à elle, la référence était la théorie freudienne de la « fixation de la libido », et certains Freudiens s’étaient autorisés de cet évolutionnisme pour prétendre essayer de convertir leurs patients homosexuels à l’hétérosexualité. Sur ce sujet, un certain nombre de Lacaniens s’étaient révélés eux aussi particulièrement normatifs.

Une Histoire de femmes

Les femmes occupent la place centrale de cette Histoire érotique de la psychanalyse. « Les femmes dont il est question dans ce livre brûlent d’un feu que rien ne vient éteindre », écrit Sarah Chiche dans son introduction, comme s’il allait de soi qu’une histoire érotique devait être d’abord une histoire de femmes. Le livre est paru en 2018, quelques mois après la polémique provoquée par la chronique dont S. Chiche avait été à l’initiative (« Nous revendiquons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle »). Sans vouloir réduire cet ouvrage foisonnant au contexte de ce débat, il est difficile de ne pas se demander ce qu’il précise de la position de l’auteur sur le mouvement Metoo.

À ceux qui s’étonnaient de la distance de Sarah Chiche par rapport aux revendications de nombreuses femmes, elle répond par un ouvrage consacré à des femmes audacieuses. Dans un temps où les hommes sont beaucoup regardés au prisme de leurs pulsions, l’impossible assouvissement sexuel est ici du côté des femmes. Une Histoire érotique de la psychanalyse plaide pour que la variété des femmes soit prise en compte et que la flamme du désir leur soit, à elles aussi, reconnue. Cette flamme apparaîtra d’autant mieux que l’on voudra bien la considérer sous toutes ses formes, y compris les plus paradoxales. Sous la plume de Sarah Chiche, un destin comme celui de la chaste B. Pappelheim est brûlant d’érotisme.

Un érotisme, un style

Chacune des femmes de cette Histoire érotique pourrait à sa façon souscrire à la déclaration de Lou Andréas-Salomé placée en exergue : « Je ne peux conformer ma vie à des modèles, ni ne pourrai jamais constituer un modèle pour qui que ce soit ; mais il est tout à fait certain en revanche que je dirigerai ma vie selon ce que je suis, advienne que pourra. » La psychanalyste explique la révélation fulgurante que cette phrase a constituée pour l’adolescente qu’elle était. Mais au-delà de l’auteur, la parole de Lou apparait comme le fil conducteur de l’ouvrage, démentant toute possibilité de transmission en matière d’amour et de sexualité. Si Une Histoire érotique de la psychanalyse a quelque chose à nous apprendre, c’est que la psychanalyse ne nous enseigne rien au sens où elle ne prescrit pas de vérité ou de norme. A chacun – et surtout à chacune - de trouver ses propres arrangements, ses propres configurations, son propre style.

Et le style de Sarah Chiche justement est de plus en plus personnel et affirmé. Les questions sont posées sans détours (« Les psychanalystes sont-ils homophobes ? ») et la « confiance radicale dans Eros » qui constitue l’éthique de la psychanalyse habite l’écriture de cette Histoire. Sarah Chiche n’est pas de ceux qui envisagent la psychanalyse comme une psychothérapie rangée. C’est pour elle une traversée à risque, qui peut achopper sur l’écueil du transfert. En même temps, la force de la foi en Eros ne doit pas nous aveugler sur cette autre éthique qui exige de tenir compte de l’effroi que peut inspirer un excès de plaisir dont l’autre ne voulait pas. L’expérience de Dora – une jeune adolescente suivie par Freud - est un traumatisme de ce type, et Sarah Chiche est aussi incisive dans la description de la manipulation collective dont la jeune fille a été l’objet qu’elle est ferme dans son plaidoyer pour la liberté d’aimer et de désirer à sa façon.

Par ce style à la fois personnel et vrai, Sarah Chiche ravive le tranchant de l’apport de la psychanalyse. Elle en décape l’enseignement sans jamais céder ni au pédantisme, ni au langage de l’entre soi. C’est dire si la lecture d'Une Histoire érotique de la psychanalyse est stimulante. Elle invite chacun – et au moins autant, chacune – à oser inventer son style après tant de femmes et d’hommes qui ont compté dans l’Histoire de la psychanalyse.

 

 

 

© 2020 Nonfiction

Le problème avec le féminisme hétérosexuel


Le problème avec le féminisme hétérosexuel

« Le féminisme a besoin des lesbiennes, en a toujours eu besoin, pour faire valoir ses droits »

paru dans lundimatin#258, le 12 octobre 2020

Le texte qui suit revient sur la parution de Moi les hommes je les déteste de Pauline Harmange (qu’il critique) et Le génie Lesbien d’Alice Coffin (qu’il défend), afin de promouvoir un féminisme lesbien contre un féminisme hétérosexuel. Raisonner avec les catégories d’hommes, de femmes, d’hétéros et de lesbiennes peut mener dans des impasses : la politique ne devrait pas se fonder sur des identités, pour au moins deux raisons. D’une part, elles sont souvent le fruit d’une construction par le pouvoir. À l’inverse, c’est parfois aussi pour obtenir de la visibilité et de la reconnaissance que certains jouent aux jeux des identités, qui s’apparente alors à la grande foire libérale où chacun peut choisir ses préférences au supermarché des catégories. Dans les deux cas, c’est le même problème : la recherche d’une pacification sociale toujours douteuse et le renforcement de l’individu souverain sur ce qu’il est, se définissant par une somme de caractères qui lui conviennent. D’autre part, l’analyse politique en termes d’identité fige le réel en des termes qui nous paraissent le plus souvent inappropriés et semble parfois reconduire ces identités plutôt que les subvertir. Surtout, elle peut mener à une régression vers une politique « de milieu », qui ne parle plus qu’à elle-même et finit par se regarder le nombril. Dans ce texte, par exemple, l’usage d’un vocabulaire spécifique (« cishet », hétéras) constitue en soi une barrière à la réappropriation plus large du propos.
Cependant, s’il est question d’identités ici, ce que l’auteure revendique est avant tout une pratique (le lesbianisme). Sans doute est-il difficile d’éviter la cristallisation d’une pratique dans une identité (les lesbiennes) mais celle-ci peut avoir l’avantage de ne pas chercher la reconnaissance sociale ni l’assentiment du pouvoir. Il ne s’agit pas de se faire accepter, au contraire : il s’agit plutôt de faire sentir le potentiel subversif de certaines affirmations et de certaines pratiques. Notamment, il importe de ne pas jouer le jeux d’un féminisme mainstream qui ne remet pas en cause les fondements de l’ordre social. La partition entre hommes et femmes et leurs rapports de pouvoir (le patriarcat) fait partie de cet ordre social – et ce texte se propose de le faire voler en éclat. Cela passe entre autre par le fait d’inventer un féminisme lesbien qui ne cherche pas le consensus et encore moins l’assentiment des hommes.

Récemment, deux essais féministes ont été publiés presque à la suite et ont ébranlé la France réac. « Moi les hommes je les déteste » de Pauline Harmange et « Le génie Lesbien » d’Alice Coffin. Au deux on leur reproche une haine des hommes revendiquée, on les compare et les met sur le même pied, alors qu’à mon sens ils ne pourraient pas être plus différents. Le premier est écrit par une femme hétérosexuelle, le second, une lesbienne. C’est une différence de taille puisqu’elle engendre deux pensées distinctes, parfois irréconciliables. En gros, elles écrivent deux féminismes complètement différents qui pourraient se résumer ainsi : l’un parle de composer avec les hommes (dans l’intime) et l’autre de s’émanciper totalement d’eux.

C’est aux féministes hétéros que je m’adresse ici pour les inviter à réfléchir leur féminisme et le biais qui résulte de leur hétérosexualité. Moi aussi j’étais ravie en entendant le titre du livre de P. Harmange, je l’ai commandé, lu dans le métro (meilleure méthode de distanciation sociale, j’avais un rayon d’un mètre libre autour de moi alors que la rame était pleine), et apprécié, du moins au début. Quelque chose me gênait. Malgré cette décomplexion et politisation du concept de misandrie, le texte appelait malgré tout à « faire avec » les hommes, tout en les détestant. L’autrice mentionne comment elle s’arrange avec son mari, lui explique comment être un bon allié quand ça ne la saoule pas, et puis combien elle a de la chance quand même d’avoir trouvé un gars bien (c’est bien connu, toutes les féministes en couple avec des hommes cishet ont trouvé la perle rare). Et moi en tant que féministe lesbienne je me sens perdre tout mon intérêt pour son propos. Ce n’est pas ce féminisme-là que je revendique puisque, de toute façon, il m’exclut.

Je trouve paradoxal d’écrire pour se revendiquer d’une misandrie politique et de rappeler que tout de même l’autrice est mariée et remplit un rôle social hétéro « inoffensif », comme pour nous rassurer vis-à-vis de son propos.

Beaucoup de prises de parole féministes par une majorité de femmes blanches hétéros et cisgenres sont atténuées par un discours qui se veut rassurant et consensuel envers les hommes : on ne parle pas des hommes mais d’un système, ne le prenez pas pour vous. À cela je dis : si, prenez-le pour vous ! Vous en êtes les principaux acteurs et êtes ceux qui en jouissent. Vous êtes les principaux concernés, c’est bien de vous qu’on parle, yes all men.

Depuis quand le travail des féministes est de rassurer les hommes dans leur position dominante ? C’est complètement antithétique.

Pourquoi en tant que féministe je devrais m’arranger avec les hommes ? Quelle est cette injonction qui dit que forcément, je dois chercher un vivre ensemble serein avec les hommes ? Chercher la réconciliation avec eux ? Avec mes amis, mes frères ?

Pourquoi le féminisme devrait mettre la barre si bas qu’il devrait se contenter d’exiger le consensus avec la domination patriarcale ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Dominez-nous un peu moins, svp. Voilà, comme ça c’est mieux, merci, bisou.

J’y vois un féminisme passé au rouleau compresseur de l’injonction à l’hétérosexualité. Parce que sans les hommes, nous serions des lesbiennes (horreur !), et il ne faudrait pas se montrer trop hostiles quand même envers eux, car ce sont toujours eux qui nous valident dans l’espace public. Que l’égalité, on se dit qu’on l’obtient en jouant de la domination en l’inversant, sans penser qu’on ne fait que la perpétuer et rendre inaccessible l’horizontalité dans le rapport à l’autre.

Avec cette pensée plus ou moins bien déguisée nous aboutissons toujours à un insupportable féminisme de la complémentarité qui exclut toute personne qui ne serait pas cis et hétéro. Rendez-vous compte de l’homophobie et de la transphobie de ce féminisme.

Ce serait peut-être plus tolérable (bien que toujours critiquable) si ce n’était pas le point de vue le plus largement relayé dans les médias, ce féminisme consensuel hétéro qui vous veut du bien.

J’ai vu cette critique sur un compte féministe à propos de « Moi les hommes je les déteste » qui disait je ne veux pas faire une grande farandole avec les féministes hétéros car si elles détestent les hommes, dès que leurs mecs nous sortent des propos lesbophobes et sexistes elles sont les premières à les défendre. Vous n’êtes pas les seules victimes du sexisme de vos mecs, toutes les femmes de votre entourage le sont. Et lorsque vous choisissez de protéger votre relation hétéro plutôt que vos ami.e.s, vous participez à la domination patriarcale, vous aussi. Voici ce que l’injonction à l’hétérosexualité fait au féminisme et aux relations. Valérie Rey-Robert est un phare dans la nuit lorsqu’elle dit qu’il n’y a pas de masculinité toxique, il n’y a qu’une masculinité qui par essence est toxique puisque bâtie sur des valeurs sexistes. Elle invite à une réinvention de l’hétérosexualité car, j’ose le dire, il n’y a pas de relation toxique avec les hommes cishet, il n’y a que de l’hétéronormativité. La culture hétérosexuelle est par essence sexiste et n’est pas compatible avec la culture féministe et c’est pour cela que le féminisme appelle à sortir de l’hétérosexualité.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

À partir du moment où on prend conscience que rien ne nous oblige de socialiser avec les hommes, on pense un féminisme qui ne cherche pas à se réconcilier avec la domination patriarcale (et donc la perpétue au moins en partie), mais bien à l’effacer.

(Voilà pourquoi les lesbiennes font peur. Voilà pourquoi Alice Coffin se prend autant de haine depuis qu’elle respire un peu trop publiquement. Les gay choquent par l’image de la sodomie. Les lesbiennes par l’aperçu d’un monde fonctionnel sans hommes.)

Plutôt que de penser un monde avec des hommes que nous haïssons, pensons un monde sans homme cishet. Il n’est alors pas question de les éliminer physiquement, mais d’effacer ce produit d’une culture nocive. Il n’est que produit. L’homme cishet n’existe pas dans la nature. Pas plus que la femme cishet. Pensez votre sexisme, votre homophobie et transphobie intégrées qui vous empêchent même de dire au revoir à ce modèle d’homme cishet et de relation hétéronormée. N’ayez pas honte, nous avons tou.te.s ces choses en nous, nous avons tou.te.s grandi dans cette même culture nauséabonde, sous ces mêmes injonctions.

Tant que cela ne sera pas fait, les Alice Coffin continueront d’essuyer la haine qui vous épargne de par votre privilège hétéro.

Le féminisme a besoin des lesbiennes, en a toujours eu besoin, pour faire valoir ses droits. Ce sont elles qui ont créé le MLF et milité pour que les femmes hétéros puissent avorter, pour la lutte contre le SIDA. En réponse, les féministes ont banni Monique Wittig aux États-Unis. Dans son livre « le génie lesbien » Alice Coffin revendique la nécessité du point de vu lesbien dans les luttes, et elle a bien raison car l’histoire le prouve.

Qu’y a-t-il de si mal à se séparer totalement des hommes cishet ? Eux se passent bien des femmes quand ça les arrange. Il faut assimiler une bonne fois pour toutes qu’il n’y a pas d’obligation à socialiser avec des hommes cishet. Il n’y a pas non à s’excuser de ne plus/pas socialiser avec eux. Et s’il venait à l’idée de différencier les convictions politiques des relations intimes, cela revient à dépolitiser les enjeux du féminisme et à se placer hors sujet dans le débat.

Posez-vous la question : qu’est-ce que qui vous fait rechigner à quitter votre relation hétéro ? La relation hétéro est traditionnellement fondée sur le travail gratuit au sein du foyer et le risque d’être violée et/ou battue ; j’imagine donc que cela ne vous fait pas rêver, alors c’est quoi ? L’amour pour l’acteur même involontaire de votre domination ? Ou bien les privilèges qui résultent d’être en couple avec le modèle dominant ? La validation publique, sociale qui va avec cette relation ? Le fait qu’on risque moins de vous insulter dans la rue, de vous agresser ou tuer parce que vous tenez la main de votre amoureux dans la rue ? De vous refuser un appart/un job ?

L’injonction hétérosexuelle ne concerne pas seulement les LGBTQI+, vous, les hétéras en êtes aussi victimes. Plein de fois j’ai entendu des hétéras dire « des fois j’aimerais trop être lesbienne ». Je trouve obscène de vouloir se revendiquer d’une minorité alors qu’on est privilégiée. C’est comme si moi, blanche, je disais : j’aimerais trop être noire, iels ont l’air de « insérer n’importe quel cliché raciste ». En revanche, je réponds à ça : oui, devenez lesbienne, vraiment ! Car on peut toujours choisir avec qui on sociabilise.

J’ajouterais donc : moi les hétéros, je les déteste.

Clémence Marsh

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10/10/2020

Papa’s Maze 3.0: father’s hand-drawn maze is his most beautifully intricate yet


Papa’s Maze 3.0: father’s hand-drawn maze is his most beautifully intricate yet

Thirty-five years since the artist we know as Papa created one of the most mind-bogglingly intricate hand-drawn mazes we had ever seen, he once again picked up his pen in an attempt to outdo himself. Using only his hand and a ballpoint pen, the artist began the daunting daily task of transferring the image from his brain, onto canvas.

The maze was supposed to take much longer but the global pandemic-induced lockdown allowed Papa to work uninterrupted, speeding up its completion. The result is easily the most dense and challenging yet beautiful maze we’ve ever seen.

Despite what you might think, the maze does have a solution. In fact, it has 5 solutions for traveling from the arrow on the left to one of the 5 circles on the right. It’s available in the Spoon & Tamago Shop for $48. (It had to be priced slightly higher than Papa’s other two mazes as the sheer density of the lines required a specialized printing process)


© 2020 Spoon & Tamago


10/08/2020

Grapefruit Is One of the Weirdest Fruits on the Planet


Grapefruit Is One of the Weirdest Fruits on the Planet

From its name, to its hazy origins, to its drug interactions, there’s a lot going on beneath that thick rind.

Long touted as a health food, grapefruit has a dark side.
Long touted as a health food, grapefruit has a dark side. Illustrations by Stella Murphy

In 1989, David Bailey, a researcher in the field of clinical pharmacology (the study of how drugs affect humans), accidentally stumbled on perhaps the biggest discovery of his career, in his lab in London, Ontario. Follow-up testing confirmed his findings, and today there is not really any doubt that he was correct. “The hard part about it was that most people didn’t believe our data, because it was so unexpected,” he says. “A food had never been shown to produce a drug interaction like this, as large as this, ever.”

That food was grapefruit, a seemingly ordinary fruit that is, in truth, anything but ordinary. Right from the moment of its discovery, the grapefruit has been a true oddball. Its journey started in a place where it didn’t belong, and ended up in a lab in a place where it doesn’t grow. Hell, even the name doesn’t make any sense.


The citrus family of fruits is native to the warmer and more humid parts of Asia. The current theory is that somewhere around five or six million years ago, one parent of all citrus varieties splintered into separate species, probably due to some change in climate. Three citrus fruits spread widely: the citron, the pomelo, and the mandarin. Several others scattered around Asia and the South Pacific, including the caviar-like Australian finger lime, but those three citrus species are by far the most important to our story.

With the exception of those weirdos like the finger lime, all other citrus fruits are derived from natural and, before long, artificial crossbreeding, and then crossbreeding the crossbreeds, and so on, of those three fruits. Mix certain pomelos and certain mandarins and you get a sour orange. Cross that sour orange with a citron and you get a lemon. It’s a little bit like blending and reblending primary colors. Grapefruit is a mix between the pomelo—a base fruit—and a sweet orange, which itself is a hybrid of pomelo and mandarin.

Because those base fruits are all native to Asia, the vast majority of hybrid citrus fruits are also from Asia. Grapefruit, however, is not. In fact, the grapefruit was first found a world away, in Barbados, probably in the mid-1600s. The early days of the grapefruit are plagued by mystery. Citrus trees had been planted casually by Europeans all over the West Indies, with hybrids springing up all over the place, and very little documentation of who planted what, and which mixed with which. Citrus, see, naturally hybridizes when two varieties are planted near each other. Careful growers, even back in the 1600s, used tactics like spacing and grafting (in which part of one tree is attached to the rootstock of another) to avoid hybridizing. In the West Indies, at the time, nobody bothered. They just planted stuff.

Sometimes it didn’t work very well. Many citrus varieties, due to being excessively inbred, don’t even create a fruiting tree when grown from seed. But other times, random chance could result in something special. The grapefruit is, probably, one of these. The word “probably” is warranted there, because none of the history of the grapefruit is especially clear. Part of the problem is that the word “grapefruit” wasn’t even recorded, at least not in any surviving documents, until the 1830s.

The origins of the grapefruit aren't clear, but appear to point to Barbados.
The origins of the grapefruit aren’t clear, but appear to point to Barbados.

Before that it was known, probably, as the “shaddock,” which is especially confusing, because shaddock is also a word used for the pomelo. (The word may have come from the name of a trader, one Captain Philip Chaddock, who may or may not have introduced the pomelo to the islands.) As a larger, more acidic citrus fruit with an especially thick rind, the pomelo is what provides the bitterness for all bitter citrus fruits to follow, including the grapefruit. In the earliest and best history of the fruits on Barbados, written by Griffith Hughes in 1750, there are descriptions of many of the unusual hybrids that littered Barbados. Those trees include the shaddock, a tree he called the “golden orange,” and one he called the “Forbidden Fruit” tree. It was the latter that Hughes described as the most delicious, and when the grapefruit eventually became easily the most famous and popular citrus of the West Indies, it was widely believed to be the one once called the Forbidden Fruit.

It turns out this may have just been wishful thinking. Some truly obsessive researchers spent years scouring the limited, centuries-old descriptions of citrus leaf shapes and fruit colors, and concluded that of those three interestingly named fruits, the shaddock was the pomelo, the golden orange was actually the grapefruit, and the Forbidden Fruit was actually something else entirely, some other cross, which the researchers think they may have found on Saint Lucia, back in 1990.

Speaking of all these names, let’s discuss the word “grapefruit.” It’s commonly stated that the word comes from the fact that grapefruits grow in bunches, like grapes. There’s a pretty decent chance that this isn’t true. In 1664, a Dutch physician named Wouter Schouden visited Barbados and described the citrus he sampled there as “tasting like unripe grapes.” In 1814, John Lunan, a British plantation and slave owner from Jamaica, reported that this fruit was named “on account of its resemblance in flavour to the grape.”

If you’re thinking that the grapefruit doesn’t taste anything like grapes, you’re not wrong. It’s also documented that there were no vine grapes in Barbados by 1698. That means, according to one theory, that many of the people on the island would not really have known what grapes tasted like. Their only native grape-like plant is the sea grape, which grows in great numbers all around the Caribbean, but isn’t a grape at all. It’s in the buckwheat family, but does produce clusters of fruit that look an awful lot like grapes but aren’t particularly tasty. In fact, they’re quite sour and a little bitter, not unlike the grapefruit.

This is largely guesswork, almost all of it, because citrus is a delightfully chaotic category of fruit. It hybridizes so easily that there are undoubtedly thousands, maybe more, separate varieties of citrus in the wild and in cultivation. Some of these, like the grapefruit, clementine, or Meyer lemon, catch on and become popular. But trying to figure out exactly where they came from, especially if they weren’t created recently in a fruit-breeding lab, is incredibly difficult.

A Frenchman named Odet Philippe is generally credited with bringing the grapefruit to the American mainland, in the 1820s. He was the first permanent European settler in Pinellas County, Florida, where modern-day Tampa lies. (It took him several attempts; neither the swamp ecology nor the Native people particularly wanted him there.) Grapefruit was Philippe’s favorite citrus fruit, and he planted huge plantations of it, and gave grafting components to his neighbors so they could grow the fruit themselves. (It is thought that Phillippe was Black, but he also purchased and owned enslaved people.) In 1892, a Mainer named Kimball Chase Atwood, having achieved success in the New York City insurance world, moved to the 265 acres of forest just south of Tampa Bay he’d purchased. Atwood burned the whole thing to the ground and started planting stuff, and soon he dedicated the land to his favorite crop: the grapefruit. The dude planted 16,000 grapefruit trees.

Grapefruit, though, is wild, and wants to remain wild. In 1910, one of Atwood’s workers discovered that one tree was producing pink grapefruits; until then, Florida grapefruits had all been yellow-white on the inside. It became a huge success, leading to the patenting of the Ruby Red grapefruit in 1929. Soon Atwood had become the world’s biggest producer of grapefruit, supplying what was considered a luxury product to royalty and aristocracy.

A brutally cold weather cycle in 1835 killed the fledgling citrus industry in the Carolinas and Georgia, and the industry chose to move farther south, where it never got cold. South Florida, though, can be a rather hostile place. By the time of the Civil War, Florida’s population was the lowest of any Southern state, and even that was clustered in its northern reaches. It was the citrus groves down there that enticed anyone to even bother with the broiling, humid, swampy, hurricane-ridden, malarial region. In the late 1800s, railroads were constructed to deliver that citrus—and grapefruit was a huge part of this—to the rest of the country and beyond. One of those railroads was even called the Orange Belt Railway.

Citrus, and grapefruit in particular, play an outsize role in the development of Florida.
Citrus, and grapefruit in particular, play an outsize role in the development of Florida.

The railroads made South Florida accessible to more people, and in the 1920s, developers began snapping up chunks of the state and selling them as a sunny vacation spot. It worked, and the state’s population swelled. Florida as we know it today exists because of citrus.

Grapefruit maintained its popularity for the following decades, helped along by the Grapefruit Diet, which has had intermittent waves of popularity starting in the 1930s. (Many of these diets required eating grapefruits as the major part of an extremely low-calorie diet. It probably works, in that eating 500 calories a day generally results in weight loss, but it’s widely considered unsafe.) Grapefruit has long been associated with health. Even in the 1800s and before, early chroniclers of fruit in the Caribbean described it as being good for you. Perhaps it’s something about the combination of bitter, sour, and sweet that reads as vaguely medicinal.

This is especially ironic, because the grapefruit, as Bailey would show, is actually one of the most destructive foes of modern medicine in the entire food world.


Bailey works with the Canadian government, among others, testing various medications in different circumstances to see how humans react to them. In 1989, he was working on a blood pressure drug called felodipine, trying to figure out if alcohol affected response to the drug. The obvious way to test that sort of thing is to have a control group and experimental group—one that takes the drug with alcohol and one that takes it with water or nothing at all. But good clinical science calls for the study to be double-blind—that is, that both the tester and subjects don’t know which group they belong to. But how do you disguise the taste of alcohol so thoroughly that subjects don’t know they’re drinking it?

“It was really my wife Barbara and I, one Saturday night, we decided to try everything in the refrigerator,” says Bailey. They mixed pharmaceutical-grade booze with all kinds of juices, but nothing was really working; the alcohol always came through. “Finally at the very end, she said, ‘You know, we’ve got a can of grapefruit juice. Why don’t you try that?’ And by golly, you couldn’t tell!” says Bailey. So he decided to give his experimental subjects a cocktail of alcohol and grapefruit juice (a greyhound, when made with vodka), and his control group a glass of unadulterated grapefruit juice.

The blinding worked, but the results of the study were … strange. There was a slight difference in blood pressure between the groups, which isn’t that unusual, but then Bailey looked at the amount of the drug in the subjects’ bloodstreams. “The levels were about four times higher than I would have expected for the doses they were taking,” he says. This was true of both the control and experimental groups. Bailey checked every possible thing that could have gone wrong—his figures, whether the pharmacist gave him the wrong dosage—but nothing was off. Except the grapefruit juice.

Bailey first tested a new theory on himself. Felodipine doesn’t really have any ill effects at high dosage, so he figured it’d be safe, and he was curious. “I remember the research nurse who was helping me, she thought this was the dumbest idea she’d ever heard,” he recalls. But after taking his grapefruit-and-felodipine cocktail, his bloodstream showed that he had a whopping five times as much felodipine in his system than he should have had. More testing confirmed it. Grapefruit was screwing something up, and screwing it up good.

Eventually, with Bailey leading the effort, the mechanism became clear. The human body has mechanisms to break down stuff that ends up in the stomach. The one involved here is cytochrome P450, a group of enzymes that are tremendously important for converting various substances to inactive forms. Drugmakers factor this into their dosage formulation as they try to figure out what’s called the bioavailability of a drug, which is how much of a medication gets to your bloodstream after running the gauntlet of enzymes in your stomach. For most drugs, it is surprisingly little—sometimes as little as 10 percent.

Grapefruit has a high volume of compounds called furanocoumarins, which are designed to protect the fruit from fungal infections. When you ingest grapefruit, those furanocoumarins permanently take your cytochrome P450 enzymes offline. There’s no coming back. Grapefruit is powerful, and those cytochromes are donezo. So the body, when it encounters grapefruit, basically sighs, throws up its hands, and starts producing entirely new sets of cytochrome P450s. This can take over 12 hours.

This rather suddenly takes away one of the body’s main defense mechanisms. If you have a drug with 10 percent bioavailability, for example, the drugmakers, assuming you have intact cytochrome P450s, will prescribe you 10 times the amount of the drug you actually need, because so little will actually make it to your bloodstream. But in the presence of grapefruit, without those cytochrome P450s, you’re not getting 10 percent of that drug. You’re getting 100 percent. You’re overdosing.

And it does not take an excessive amount of grapefruit juice to have this effect: Less than a single cup can be enough, and the effect doesn’t seem to change as long as you hit that minimum.

None of this is a mystery, at this point, and it’s shockingly common. Here’s a brief and incomplete list of some of the medications that research indicates get screwed up by grapefruit:

  • Benzodiazepines (Xanax, Klonopin, and Valium)
  • Amphetamines (Adderall and Ritalin)
  • Anti-anxiety SSRIs (Zoloft and Paxil)
  • Cholesterol-lowering statins (Lipitor and Crestor)
  • Erectile-dysfunction drugs (Cialis and Viagra)
  • Various over-the-counter meds (Tylenol, Allegra, and Prilosec)
  • And about a hundred others.

In some of these cases, the grapefruit interaction is not a big deal, because they’re safe drugs and even having several times the normal dosage is not particularly dangerous. In other cases, it’s exceedingly dangerous. “There are a fair number of drugs that have the potential to produce very serious side effects,” says Bailey. “Kidney failure, cardiac arrhythmia that’s life-threatening, gastrointestinal bleeding, respiratory depression.” A cardiac arrhythmia messes with how the heart pumps, and if it stops pumping, the mortality rate is about 20 percent. It’s hard to tell from the statistics, but it seems all but certain that people have died from eating grapefruit.

Grapefruit interacts with a wide variety of medications, potentially causing serious side effects.
Grapefruit interacts with a wide variety of medications, potentially causing serious side effects.

This is even more dangerous because grapefruit is a favorite of older Americans. The grapefruit’s flavor, that trademark bitterness, is so strong that it can cut through the decreased taste sensitivity of an aged palate, providing flavor for those who can’t taste a lot of other foods very well. And older Americans are also much more likely to take a variety of pills, some of which may interact with grapefruit.

Despite this, the Food and Drug Administration does not place warnings on many of the drugs known to have adverse interactions with grapefruit. Lipitor and Xanax have warnings about this in the official FDA recommendations, which you can find online and are generally provided with every prescription. But Zoloft, Viagra, Adderall, and others do not. “Currently, there is not enough clinical evidence to require Zoloft, Viagra, or Adderall to have a grapefruit juice interaction listed on the drug label,” wrote an FDA representative in an email.

This is not a universally accepted conclusion. In Canada, where Bailey lives and works, warnings are universal. “Oh yeah, it’s right on the prescription bottles, in patient information,” he says. “Or they have a yellow sticker that says, ‘Avoid consumption of grapefruit when taking this drug.’”

But in the United States, there’s no way a patient would know that many exceedingly common drugs should absolutely not be taken with an exceedingly common fruit. It is unclear whether a patient is expected to know that grapefruit has an interaction with many drugs. Should patients Google “drug I take” with “food I eat” in every possible configuration? The FDA only recommends patients talk to their doctors about food-drug interactions, and that can be a lot of ground to cover.

This interaction, by the way, seems to affect all of the bitter citruses—the ones that inherited the telltale tang from the pomelo. Sour orange. Lime, too. But it’s unlikely that anyone would drink enough sour orange or lime juice to have this effect, given how sour it is. Grapefruit, on the other hand, is far more palatable in large doses.

Bailey, though he doesn’t particularly like grapefruit, notes that there’s nothing inherently wrong with the fruit. There’s plenty of really helpful, healthy stuff in a grapefruit, especially vitamin C, which it has in spades. He just makes the case that in a time when more than half of Americans take multiple pills per day, and 20 percent take five or more, grapefruit-drug interactions are just something everyone should know about.

The United States produces more grapefruit than any other country, from Florida and now California as well (and elsewhere, though in smaller quantities). The industry is not unaware of this issue. In fact, citrus growers have been working for more than a decade on a variety of grapefruit that doesn’t interfere with drugs. But the industry has more pressing problems, especially the disease called huanglongbing, or citrus greening, that’s ravaging groves, and the citrus lobby certainly doesn’t want more drugs labeled “Do not take with grapefruit.”

From its largely mysterious birth on an island halfway across the world from its parents, the grapefruit has had an unusual journey to the modern world. It fueled the growth and development of South Florida, has spearheaded many an attempt at healthy eating, and has almost certainly killed people. Still delicious and refreshing, though.