8/09/2020

POEZIBAO 6 VIII 2020










Posted: 05 Aug 2020 06:02 AM PDT


Pa
Bailly_naissancedelaphraseuvres livres de ce printemps ou parus au début du déconfinement quand tout le monde avait bien autre chose à penser… Mais justement, penser (à) autre chose était tellement nécessaire, au moment cette « sortie », comme une soif en pleine chaleur.
Ce fut un petit livre rouge et vert, paru chez Nous, qui m’aida à me remettre dans mes propres pas : Naissance de la phrase de Jean-Christophe Bailly, l’insituable qui pourtant a l’étendue dans son œil de travail.
La question du langage est depuis toujours une de ses questions : « le pari aura été de supposer à la question de l’origine des langues (et donc, de l’apparition du langage) celle de la venue en nous, des phrases que nous essayons de former ». Ceci concerne les deux textes du livre, le second étant davantage consacré, mais sur le même thème, au livre de Williams Carlos Williams et au film de Jim Jarmusch au titre éponyme Paterson.Celui qui ne parle pas encore, l’infans, a besoin d’une langue déjà formée, existante non seulement bien sûr pour communiquer mais aussi pour exister. Toutefois il nous arrive de chercher nos mots, de buter sur l’un d’entre eux, d’en oublier avant de les retrouver. « Ce que nous percevons dans des moments resserrés, si nous nous laissons entraîner, c’est l’antériorité absolue où le langage a dû puiser pour être et devenir, c’est le monde muet auquel il renvoie et d’où il provient. » Le langage avant la langue (maternelle), c’est-à-dire aussi, du silence, du non prononcé, « un frayage humain », « un écho » et un éveil du sens, tout ce qui s’est perdu en chemin qui rend si difficile l’expression de nos émotions.
« Phraser (parler, écrire) », c’est chercher et écouter cette origine.
Nourri des réflexions sur ce sujet de Humboldt et bien sûr de Herder et de Benveniste, Bailly réfléchit à la recherche de l’impossible justesse (quand parvenons-nous exactement à dire ce que nous pensons ou ce que nous ressentons ? Si rarement, si imparfaitement, que souvent, nous gardons le silence ou nous nous regardons, le regard étant le passage peut-être le plus proche de cette justesse recherchée… mais aussi, lorsque nous ne parvenons plus à parler (peut-être l’origine des larmes ? enfin, ceci est une pensée qui me traverse).
« La conscience d’un flottement » ... (le « es schwebt » de Webern cher à Lacoue-Labarthe, vers lequel tout ce livre est tendu, adressé, ça flotte, « il » (un neutre) flotte…). Il y a toujours quelque chose « avant », quelque chose, « un pur départ du sens », « une impulsion », avant même le langage, comme une intention.
On pense alors au fredon (ce qui insiste, qu’on retrouve souvent, sous le motif différent de l’obsession, chez Pascal Quignard), au chant, ce faible chant, chantonnement comme inconscient de lui-même, à demi-voix dans un moment de bonheur ou tout au contraire d’inquiétude. C’est le Singbarer Rest cher à Paul Celan (traduit par Ph. Lacoue-Labarthe par « résidu chantable »), proche du marmonnement, dans la même recherche de l’origine, le commencement si léger de la musique, peut-être. Le langage d’une certaine manière n’est que traduction, ouverture d’un monde ou du monde. En arrière-plan on retrouve la « dictée », « chant interne de la langue », ce « phraser » : essayer de faire une phrase, essayer de formuler une prononciation, qui amène à la diction.
A l’origine de cette réflexion, le peuple des chasseurs cueilleurs des Tupis-Guaranis au Paraguay, étudié par Hélène Clastres. En effet chez ce peuple, le père doit concentrer toute son attention, sa pensée (penser étant d’abord être attentif) bien avant la naissance de son enfant, afin de lui ouvrir un chemin, et un seul. De sorte, dit Jean-Christophe Bailly que « l’être à venir est identifié à une phrase, et l’existence de tout être humain considérée comme un phrasé (…) ce qui est donné à l’enfant n’est pas tant  le nom qu’il va porter que l’accès au langage lui-même, que ce qui lui permettra de se porter dans le monde. »Nous ne saurons jamais vraiment ce qui fut à l’origine des langues mais nous pouvons rêver ou penser à ce qui fut « ce monde dénué de noms et de verbes », (pas de grammaire, donc …) et que c’est justement celui-ci qui a « fonctionné comme le seuil même où s’est ouvert le langage. »
Q
u’en est-il du dessin paléolithique, alors ? Un signe, « un signe, et de sens nul » dirait Hölderlin, un pur signe, un signe avant que ne naisse l’image (autre grand champ de travail de Jean-Christophe Bailly), avant les « figures » ou les « empreintes ».
Le but fragile de nommer, de l’émergence d’une phrase, de l’élaboration d’un récit.

Pour clore le petit livre rouge et vert, vingt pages lumineuses sur Paterson, le livre et le film, ce film suspendu, aérien, tout entier écho des voix des passagers dans le bus, des paroles si gracieuses, du corps gracile, des gestes créatifs de la compagne de Paterson (« une femme pareille à une fleur ») le chauffeur de bus poète, le bruit de l’eau… Sur le même thème de ce qui précède : avant le poème : « quelque chose qui n’est pas nommé », et « pendant » le poème « la traversée, par le langage, d’une accalmie qui est aussi une tension ». Dans Paterson le film, il ne se passe presque rien, ce qui donne cette suspension.
Il y a comme un bavardage léger et constant, auquel on ne prête qu’à moitié l’oreille, peut-être justement ce qui précède le moment où Paterson le personnage du film prend son carnet pour écrire un poème. Il s’efface pour laisser affleurer ça en lui, tout sauf de l’inattention, tout au contraire « tout un travail ».
« Le langage ne produit du sens que parce qu’il est l’écho d’une sens qu’il a entendu. ».
« Le sonore vient ajouter l’élongation d’une trace insaisissable où tremble le passage de la vie — soit cela même dont le poème fait son matériau le plus propre ».J’ai pensé, plusieurs fois durant le temps de la lecture de ce livre, à celui de Keith Basso, L’eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert (Zones sensibles) qui étudie les liens entre espace et langue chez les apaches occidentaux en Arizona. Comme il est dit dans la préface de Carlo Séveri : « … un nom de lieu, en apache, est une image décrite par des mots. Il montre ensuite qu’un nom de lieu apache indique une direction du regard ». On retrouve ici, à la place du père du peuple des tupis-guaranis, celle de l’ancêtre qui n’est jamais qu’un père ancien, qui « occupant le lieu pour la première fois ce point dans l’espace, a « vu ainsi » le lieu, et l’a nommé tel qu’il le voyait ».
L’ancêtre n’a donc pas seulement marqué ce lieu d’un nom prêté, pour le distinguer d’autres lieux ; il y a aussi inscrit sa propre présence invisible dans la description verbale du lieu, puisqu’il y a, pour ainsi dire, transcrit son regard. Toute personne qui passe par là se met donc à la place de l’ancêtre. La parole qu’il ou elle énonce – le nom du lieu – est celle de l’ancêtre. Celui qui voit, et qui énonce le nom, voit donc le lieu à partir de ses yeux. »
On en revient au regard mais aussi à celui qui transmet, et à celui qui revient vers lui.
Là-bas, pas de nom de lieu, juste la description du lieu où l’on passe, évidemment mouvante puisque le paysage peut s’éroder, changer mais en même temps reste malgré tout reconnaissable. Où ni les dates ni l’Histoire n’existent, puisqu’elles ne sont que racontées et que chacun la raconte autrement.

C’est bien sûr un déplacement par rapport au propos de Jean-Christophe Bailly, mais il y reconnaîtra le parallèle et les possibles.
Tout est flottant.
Comme le battement d’une aile.

Isabelle Baladine Howald

Jean-Christophe Bailly, Naissance de la phrase, Nous, 2020, 62 p., 12€


Posted: 05 Aug 2020 05:45 AM PDT

David Mus  quadri romaniLes livres de David Mus sont presque toujours associés à la marche à pied, à l’état de qui-vive que peut procurer cette activité, état toujours prompt à transcrire les premières proximités. Ce poète nous a habitués dans chacun de ses livres à un vers en déploiement constant, qui s’ouvre au jour, à l’espace entier de la page – comme une peinture en quelque sorte –, avec des phases de répit, des saillances, des aplats si l’on veut, et des concentrés de pensée plus ou moins alerte.
Ce nouvel opus publié à Rome chez Empiria, contribue au genre « français » des livres « sur Rome », initiés par Du Bellay, poursuivis par Stendhal ou encore Zola. On décèle comme un retour aux fondamentaux, bien que, et il est capital de le souligner, de livre en livre, ils n’aient jamais été perdus de vue chez ce poète : rendre visible et conjuguer la parole à l’expérience d’un quotidien qui n’a de cesse d’aller de l’avant. Une grande discipline est imposée dans ces 22 « Tableaux romains » et un exergue, écrits entre 2015 et 2018 ; moins d’étal, de largesse, d’amplitude dans la versification.

            On ne rivalise pas avec
                 Gaspard Dughet

            (…)

            Poussin peint dans son frigo
                        l’air humide

            qu’éclaire l’ampoule mais
                         voici au fond

            de la sépulture de marbre
                         des Colonna

            deux bergers un frais matin   
                           attendant
           
            le soleil tout neuf au bord
                       d’un étang

            (…)

Dans leur manière de faire affleurer une fraîcheur perçue de plusieurs siècles en arrière, une fraîcheur qui infléchit la pensée pour lui donner un rythme, une maîtrise, en même temps qu’une sérénité que seule l’expérience du temps apprend, ces Tableaux romains pourraient constituer le pendant contemporain – une cinquantaine d’années les séparent – des Tableaux d’après Brueghel de William Carlos William. Dialogue avec les représentations, les arts connexes, les saints qui inspirent, tentatives de monter en épingle la vivacité fixée dans du marbre, ou dans un tableau, dans ce que le poète (en immersion continue dans sa ville élue) aura croisé de palais, de sculptures, d’églises, sa vie durant. Tout cela, comme né d’une seule et même grande saison, qui aura mûri dans la conscience aigüe du promeneur pour lui procurer un grand bonheur de composition. Une rectitude manifeste, candeur aussi, et qui n’est rien d’autre que le résultat d’un effort de parole sans cesse dirigée vers l’évidence, à l’image même de la nouvelle ligne du métro romain « C » qui, après de multiples difficultés de construction, fréquente désormais de quelques pieds sous terre les foulées romaines du poète.
Aucun interdit bien sûr, pas plus que de recommandations, à lire un poème à la lumière de son référent, ou à regarder un tableau au timbre du détournement verbal du poète, l’opération est à double sens, nous fournissant avant tout une aide pour « voir » et prendre conscience de ce qui entoure, de ce qui est bel et bien présent, dehors plutôt qu’ailleurs1 dirait David Mus, et toujours « en-avant de soi » selon André du Bouchet.
A un second niveau de lecture, on pourrait envisager que ces « Tableaux romains » aient semble-t-il été écrits pour susciter des vocations. Le rythme du poème se calque par évidence sur l’essuie-glace que font les yeux qui observent chaque centimètre carré d’une toile peinte, ou pourquoi pas d’une mosaïque, sur les mouvements de la main qui palpe le stuc pour en sentir le lisse ou rugueux qui traverse les siècles. Une « école de la sagesse » devenue « école d’art », où des étudiantes « à reluquer » ont remplacées les moines.


Mathieu Nuss
1 Dehors plutôt qu’ailleurs, Julien Nègre éditeur, 2016


David Mus, Tableaux romains / Quadri romani (introduction de Fabio Ciriachi), éditions Empiria (Rome), 2018, 96p., 12€
Posted: 05 Aug 2020 05:07 AM PDT

Henri Droguet  grandeur natureHenri Droguet publie Grandeur nature aux éditions Rehauts.


TEXTO

Le vent plus qu'imparfait la brise drue
murmure brisure friture à lanturlus
balaie des arpents d'or décroise
les flots précipités rythmiques
formidablement puis
lassement ravage et démantèle
l'hirsute hercynienne
herbe de guingois les guinguettes
breloques & berniques et c'est
le demi-jour lingot vermillon
l'incertaine clarté déjà qui s'exténue
dans l'ombre perméable épaisse
d'un sous-bois

congestionnés barbelés barbus qui s'avancent
inévitables les nuages
(ouate cartilage et papier crépon)
déroulent leurs fanfreluches
leur histoire farouchement libre sans
figures sans intrigues ni
commencement ni rien
qui ne finit pas

il y a toujours dans le noir
un orage lointain qui s'apprête à
bondir désordonner tondre
la mer où s'entremangent
la barbue l'émissole
le congre et la baudroie

un gibet grince
les corneilles se taisent net
les ajoncs les coucous les jonquilles
fleurissent le bord de l'étroit ruisseau
qu'on enjambe d'un pas
un pétrolier meugle dans la brume
qui sent le lait le fourrage ensilé le crin
des chevaux au pré
un chien bleu furtif et chimère
liche ses badigoinces

novembre la nuit la veille
au pays de papoésie
                        déjà
            quelqu'un meurt
                                    de sa belle mort
on se tient là encore et encore
comme une poule sur
un tonneau de goudron
on aime — ah! les heureux soupirs
et l'apaisant vertige! —
on écrit à tombeau ouvert pour
trouver le bon usage
du silence se dé/dire
et tenir
la mort à distance

                                    (12 novembre 2016)

///

PARADE

La mer c'est pré gagné
champ d'écailles & placenta croustillé
sourcier fulgurant misérable miroir
paillasse à compagnon* et gamelle aux étoiles
l'énorme crépitant fossoyeur mémoriel
chaudron des métaphores et route
dans l'ouvert
pour le partage le dénuement la besogne
malgré les toujours incertains savoirs
ça mûrit vaguement dans les grains
les bruines les songes
                        pour aller

au fond d'un enclos un homme bleu
se laboure et pleure
ricane rigole et pleure

Le vent épais(sement) découche
roule dans l'île aux cent promesses
le gratte-cul le laiteron
la salicorne et le cresson
un peuplier verdit
l’aube confuse et laiteuse
c’est
                                    (30 mai 2019)
*André Frénaud

Henri Droguet, Grandeur nature, éditions Rehauts, 2020, 82 pages - 16€ - sur le site de l’éditeur




8/08/2020

On Deceptive Ravens, Bluffing Shrimp and Other Snake Oil Salesmen


The Natural World Can Teach Us a Lot About the Ancient Art of Bulls**t

On Deceptive Ravens, Bluffing Shrimp and Other Snake Oil Salesmen


We would like to understand what bullshit is, where it comes from, and why so much of it is produced. To answer these questions, it is helpful to look back into deep time at the origins of the phenomenon.
Bullshit is not a modern invention. In one of his Socratic dialogues, Euthydemus, Plato complains that the philosophers known as the Sophists are indifferent to what is actually true and are interested only in winning arguments. In other words, they are bullshit artists. But if we want to trace bullshit back to its origins, we have to look a lot further back than any human civilization. Bullshit has its origins in deception more broadly, and animals have been deceiving one another for hundreds of millions of years.
*
The oceans are full of fierce and wonderful creatures, but few are as badass as the marine crustaceans known as the mantis shrimp or, in more technical circles, stomatopods. Some specialize in eating marine snails, which are protected by hard, thick shells. To smash through these calcite defenses, mantis shrimp have evolved a spring-loading mechanism in their forelimbs that allows them to punch with enormous force.
Their hammer-like claws travel 50 mph when they strike. The punch is so powerful that it creates an underwater phenomenon known as cavitation bubbles, a sort of literal Batman “KAPOW!” that results in a loud noise and a flash of light. In captivity they sometimes punch right through the glass walls of their aquariums.
This punching power serves another purpose. Mantis shrimp live on shallow reefs, where they are vulnerable to moray eels, octopi, sharks, and other predators. To stay safe, they spend much of their time holed up in cavities in the reef, with just their powerful foreclaws exposed. But suitable cavities are in short supply, and this can lead to fights. When an intruder approaches a smaller resident, the resident typically sees. But if the resident is big enough, it waves its claws in a fierce display, demonstrating its size and challenging its opponent.
Like any superhero, however, mantis shrimp have an Achilles’ heel. They have to molt in order to replace the hard casings of their hammer claws—which as you can imagine take more than their share of abuse. During the two or three days that the animal is molting, it is extremely vulnerable. It can’t punch, and it lacks the hard shell that normally defends it against predators. Pretty much everything on the reef eats everything else, and mantis shrimp are essentially lobster tails with claws on the front.
A sophisticated bullshitter needs a theory of mind—she needs to be able to put herself in the place of her mark. So if you’re a molting mantis shrimp holed up in a discreet crevice, the last thing you want to do is flee and expose yourself to the surrounding dangers. This is where the deception comes in. Normally, big mantis shrimp wave their claws—an honest threat—and small mantis shrimp flee. But during molting, mantis shrimp of any size perform the threat display, even though in their current state they can’t punch any harder than an angry gummy bear.
The threat is completely empty—but the danger of leaving one’s hole is even greater than the risk of getting into a fight. Intruders, aware that they’re facing the mantis shrimp’s fierce punch, are reluctant to call the bluff.
Stomatopods may be good bluffers, and bluffing does feel rather like a kind of bullshit—but it’s not very sophisticated bullshit. For one thing, this behavior isn’t something that these creatures think up and decide to carry out. It is merely an evolved response, a sort of instinct or reflex.
A sophisticated bullshitter needs a theory of mind—she needs to be able to put herself in the place of her mark. She needs to be able to think about what the others around her do and do not know. She needs to be able to imagine what impression will be created by what sort of bullshit, and to choose her bullshit accordingly.
Such advanced cognition is rare in the animal kingdom. We have it. Our closest primate relatives, chimpanzees and gorillas, may have it as well. Other apes and monkeys do not seem to have this capacity. But one very different family does: Corvidae.
We know that corvids—ravens, crows, and jays—are remarkably intelligent birds. They manufacture the most sophisticated tools of any nonhuman species. They manipulate objects in their environment to solve all manners of puzzle. The Aesop’s fable about the crow putting pebbles into an urn to raise the water level is probably based on a real observation; captive crows can figure out how to do this sort of thing. Ravens plan ahead for the future, selecting objects that may be useful to them later. Crows recognize human faces and hold grudges against those who have threatened or mistreated them. They even pass these grudges along to their fellow crows.
We don’t know exactly why corvids are so smart, but their lifestyle does reward intelligence. They live a long time, they are highly social, and they creatively explore their surroundings for anything that might be edible. Ravens in particular may have evolved alongside pack-hunting species such as wolves and ourselves, and are excellent at tricking mammals out of their food.
Because food is sometimes plentiful and other times scarce, most corvid species cache their food, storing it in a safe place where it can be recovered later. But caching is a losing proposition if others are watching. If one bird sees another cache a piece of food, the observer often steals it. As a result, corvids are cautious about caching their food in view of other birds. When being watched, ravens cache quickly, or move out of sight before hiding their food. They also “fake-cache,” pretending to stash a food item but actually keeping it safely in their beak or crop to be properly cached at a later time.
So when a raven pretends to cache a snack but is actually just faking, does that qualify as bullshitting? In our view, this depends on why the raven is faking and whether it thinks about the impression its fakery will create in the mind of an onlooker. Full-on bullshit is intended to distract, confuse, or mislead—which means that the bullshitter needs to have a mental model of the effect that his actions have on an observer’s mind.
Do corvids have a theory of mind? Do they understand that other birds can see them caching and are likely to steal from them? Or do they merely follow some simple rule of thumb—such as “cache only when no other ravens are around”—without knowing why they are doing so? Researchers who study animal behavior have been hard-pressed to demonstrate that any nonhuman animals have a theory of mind. But recent studies suggest that ravens may be an exception.
When caching treats, they do think about what other ravens know. And not only do ravens act to deceive other birds sitting right there in front of them; they recognize that there might be other birds out there, unseen, who can be deceived as well. That is pretty close to what we do when we bullshit on the Internet. We don’t see anyone out there, but we hope and expect that our words will reach an audience.
Why is there bullshit everywhere? Part of the answer is that everyone, crustacean or raven or fellow human being, is trying to sell you something.
Ravens are tricky creatures, but we humans take bullshit to the next level. Like ravens, we have a theory of mind. We can think in advance about how others will interpret our actions, and we use this skill to our advantage. Unlike ravens, we also have a rich system of language to deploy. Human language is immensely expressive, in the sense that we can combine words in a vast number of ways to convey different ideas.
Together, language and theory of mind allow us to convey a broad range of messages and to model in our own minds what effects our messages will have on those who hear them. This is a good skill to have when trying to communicate efficiently—and it’s equally useful when using communication to manipulate another person’s beliefs or actions.
That’s the thing about communication. It’s a two-edged sword. By communicating we can work together in remarkable ways. But by paying attention to communication, you are giving other people a “handle” they can use to manipulate your behavior. Animals with limited communication systems—a few different alarm calls, say— have just a few handles with which they can be manipulated. Capuchin monkeys warn one another with alarm calls. On average this saves a lot of capuchin lives. But it also allows lower-ranking monkeys to scare dominant individuals away from precious food: All they have to do is send a deceptive alarm call in the absence of danger.
Still, there aren’t all that many things capuchins can say, so there aren’t all that many ways they can deceive one another. A capuchin monkey can tell me to flee, even if doing so is not in my best interest. But it can’t, say, convince me that it totally has a girlfriend in Canada; I’ve just never met her. Never mind getting me to transfer $10,000 into a bank account belonging to the widow of a mining tycoon, who just happened to ask out of the blue for my help laundering her fortune into US currency.
So why is there bullshit everywhere? Part of the answer is that everyone, crustacean or raven or fellow human being, is trying to sell you something. Another part is that humans possess the cognitive tools to figure out what kinds of bullshit will be effective. A third part is that our complex language allows us to produce an infinite variety of bullshit.
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Excerpt from Calling Bullshit. Used with the permission of the publisher, Random House. Copyright © 2020 by Carl T. Bergstrom and Kevin D. West.





Turning to Art for Spiritual Sustenance

Jennifer Remenchik

Hayley Barker, “Astrology” (2020), oil on linen, 25.25 by 20.25 inches (image courtesy Bozo Mag and private collection)
Editor’s Note: This article is the fourth in a four-part series about artists and art movements in Los Angeles and it was made possible by a grant provided by the Sam Francis Foundation.
LOS ANGELES — In a year of massive layoffs, outcries against systemic racism, and our first official global pandemic, it is little wonder that some may be looking beyond the material world and seeking spiritual sustenance, even in the usually secular art world. Increasing global economic and political uncertainty — and not to mention the ongoing reality of climate change, which remains impervious to human calamity — has given new meaning and resonance to one of fire-and-brimstone preachers’ favorite topics: the apocalypse. If indeed the end is not near, it certainly seems near.
As per usual, art reflects the context from which it emerges. While there had already been a growing trend toward exhibitions exploring spirituality in art (see: Hilma af Klint at the Guggenheim, which became the museum’s most-visited exhibition ever), discussions around art as a spiritual practice appear to be ever more salient and pertinent, particularly among certain Angeleno artists.
“A lot of people have been turning to art, needing space to process,” said the artist Edgar Fabián Frías over a phone call. “We’re all collectively moving through a lot of trauma together.”

Edgar Fabián Frías, Meditation Mondays, “Week 5: Creating Sacred Spaces with Ofelia Esparza and Rosanna Esparza Ahrens” (2020), digital collage (image courtesy the artist)
Frías, a native Angeleno, incorporates spiritual rituals adopted from their indigenous Wixárika heritage into their work, along with an array of other mindfulness practices and is, in addition to an artist, a licensed psychotherapist. While normally based in Los Angeles, Frías is currently a visual arts fellow at the Tulsa Artist Fellowship in Tulsa, Oklahoma, a city recently ruled Native American territory in a landmark Supreme Court decision. During April and May of this year, Frías hosted weekly livestream pieces on Instagram for the Vincent Price Art Museum in Los Angeles called Meditation Mondays. The series aimed to “set the tone for the week supporting wellbeing, healing, mindfulness, and gratitude” and introduced viewers to a variety of spiritual and therapeutic practices including, of course, meditation, delivered in their benevolent, calming voice. Said Frías of the project, “there’s so much grief in the air right now. Spirituality and coming together are ways we can keep sustaining each other as we move through this time.”

Much of Frías’s work revolves around community empowerment and collaboration. For many of the Meditation Mondays sessions, for instance, they invited artists and friends as co-presenters. Artist Asher Hartman accompanied Frías on one livestream in which Hartman performed intuitive readings of viewers’ submitted names, telling one viewer that inhabiting her name made him feel like he was in “a bucket seat above the world.” Spoken passionately with his head thrown back and arms outstretched, the readings are charming and captivating. Frías followed up the readings by drawing and interpreting tarot on the same name. In another, Frías was joined by artists Ofelia Esparza and Rosanna Esparza Ahrens on the topic of creating sacred spaces, with the intention that viewers could learn about the process, its potential in self-care practice, and create their own.

Hayley Barker, “Still Angry” (2020), oil on linen, 25 by 20 inches (image courtesy Shrine NYC and the artist)
For several years now, the Los Angeles-based artist Hayley Barker, who lives and works in Crestview, has taken a more introspective approach to the intersection of art and spirituality. Her paintings, typically oil on linen and a colorist’s dream, carry an intense emotional weight that gives depth to the subjugation that their female subjects experience. For instance, in “Astrology” (2020), exhibited in February at the BozoMag booth of Art Los Angeles Contemporary’s 2020 fair, Barker depicts the German-Jewish painter Charlotte Salomon, who was murdered by the Nazis, using Salomon’s own self-portrait as the basis of the work. In the painting, Salomon confronts the viewer with her bright eyes and angular bone structure, with the word “Astrology” simply painted onto the surface, as though Barker were communicating with Salomon through the stars. Says Barker of the piece, “Looking at her portrait now, (and the self-portraits of other painters) I suspect that we somehow wear our traumas all over our faces. And that includes traumas that have yet to come.” More recently, in the wake of George Floyd’s killing, Barker painted “Still Angry” (2020), in which an anonymous woman stares directly at the viewer, her fair skin marred with a sickly tinge of green, yellow, and blue. She appears despondent yet determined. “Anger is a spiritual project,” Barker said over email.
Like Barker and Frías, artist Julie Weitz has been making space for emotional response during moments of political upheaval — and she has invented a character to do so. Weitz, who has lived in Los Angeles for seven years, created the long-running project MY GOLEM (2017–present) to serve as a vessel for exploring calls for social justice and the various feelings and traumas that these injustices produce, all through the lens of a golem character whom Weitz says “revitalizes the golem mythology as an empowerment fantasy.” In a video posted on Instagram on July 6, “GOLEM MEDITATION” (2020), Weitz conducted a Zoom meeting with the golem character, leading it through a meditation with Hebrew letters until Golem, overcome with emotion, finally breaks down.

Julie Weitz, “My Golem at Geo Group ICE Detention Center Protest on May 5th, 2020 in Adelanto, CA” (2020), performance documentation (photo credit Molly Tierney)
Golems are significant to Jewish mythology and generally mean something akin to an unfinished human or a raw form, though interpretation of both the mythological creature itself and its meaning are highly mutable. They tend to be depicted as dumb and inherently obedient, though sometimes they are portrayed as rebelling from their master-like creators. Following this vein, Weitz’s golem regularly takes stances on social justice issues, such as in MY GOLEM PROTESTS (2019–2020). The performances, and the photos documenting them, depict Weitz as the golem character protesting against ICE detention centers. The Golem character, dressed in a lavish costume consisting of a white leotard, tights and full-face makeup, holds up signs that say “NEVER AGAIN MEANS FREE THEM ALL” and “CLOSE THE CAMPS,” drawing parallels between the United States’s current treatment of immigrants and the Holocaust.
Artist and activist Patrisse Cullors, perhaps best known as co-founder of Black Lives Matter, has consistently referenced spirituality in her performance work as both a coping mechanism and a call to action. In Prayer to the Iyami, performed at the Broad before the shutdowns earlier this year, Cullors uses her older brother’s clothes to build a 20-pound tapestry of wings, which she then wore. Each pound of its weight symbolizes the 20 years she has spent attempting to protect her brother from imprisonment and police brutality. Cullors says on her website that she thinks of the piece “as a love letter to Los Angeles and, most importantly, a loving prayer for her brother Monte,” affirming art-making as inextricably linked to the fight for social justice and spiritual solace as an antidote to the exhaustion it can produce.
On June 13, Cullors performed “A Prayer for the Runner” over Zoom as part of a celebration of Pride month and the Stonewall Uprising of 1969 at the Fowler Museum. In her performance (available to watch in full above), Cullors enacts a spiritual ritual for Ahmaud Arbery, who was fatally shot by white vigilantes near Brunswick, Georgia while on a run. On the right side of the split-screen video, Cullors physically performs the ritual, lighting candles on an altar below another set of wings, while on the left, the words of the prayer are depicted in subtitles, appearing and disappearing as Cullors moves through them. Cullors orates clearly and in an even tempo, saying “you were running for respite” to the spiritual entities of Ahmaud Arbery, Breonna Taylor, and George Floyd.
Throughout these practices, Angeleno artists are processing their emotional responses, both political and personal, to the incredible upheavals of this year and beyond. In the context of stay-at-home orders and shutdowns that ebb and flow on a seemingly endless basis, it is perhaps unsurprising that the artworks depict both the longing for community, as with Frías’s Meditation Mondays, and the need for thoughtful introspection, like with Barker’s “Still Angry.” Continuing on a trend that was already brewing, the stark events of 2020 have served to move the spiritual impetus in art forward, albeit in an often more direct, politically affected way.


 hyperallergic.com





8/06/2020

Le masque et la vie



LE MASQUE ET LA VIE

L'imposition du port du masque est une mesure qui doit faire débat. Et c'est bien le cas, hélas dans une polarisation qui rend difficile d'avoir des échanges d'idées sereins et étayés sur des faits ou des données solides.
Ceci alors qu'il n'y a à l'heure actuelle aucun consensus sur l’utilité réelle de cette mesure.
Le Pr Toussaint -qu'il faut écouter car il est une des rares voix libres et rationnelles à s'exprimer actuellement- relève que si le port du masque aurait effectivement fait sens en mars et avril (dans la phase de flambée de l'épidémie) ce n'est absolument plus le cas aujourd'hui. Et que les effets nocifs et délétères de son imposition l'emportent de loin sur tout hypothétique bénéfice.
Sur ce sujet comme tant d'autres, nous sommes hélas pris dans l' "hyperréalité" comme l'appelaient Jean Baudrillard et Umberto Eco, soit une narration découplée du réel qui est fallacieusement devenue "la réalité" pour la plupart des gens comme pour celles et ceux qui nous gouvernent.
J'ai essayé de toutes mes forces dès le 12 mars de rappeler les contours du "réel" tels qu'ils devraient (enfin !) finir par être reconnus  aujourd'hui : nous sommes sur les sept premiers mois de l'année en sous-mortalité en 2020 par rapport à 2019 et non, contrairement à ce qu'indiquent des membres de la Task Force (hum) le confinement n'y est pour rien : une étude publiée le 21 juillet dans The Lancet (non truquée celle-là) montre que le confinement ne réduit en rien la mortalité due au Covid, ce qui est cohérent avec tous les plans pandémie qui ne recommandaient le cas échéant cette mesure qu'au tout début de l'épidémie sur une durée brève.
Bref, nous vivons depuis des mois dans un semblant de réalité que la population a introjecté à grand renforts de ce qu'il faut bien appeler propagande.
Dans cette hyperréalité, le port du masque peut bien sûr faire sens. "Mieux vaut porter un masque qu'avoir besoin d'un respirateur", "on le porte pour protéger les autres" et "même si c'est peu agréable, c'est un effort que chacun peut faire"...
Sauf que : nous somme dans une phase où cette mesure n'a aucune utilité avérée alors qu'elle est toxique , hygiéniquement, socialement et existentiellement. L'épidémie est terminée depuis avril et nous avons urgemment à reprendre pied dans la réalité : que le virus circule sous une forme atténue dans des groupes qui ne risquent rien est de surcroît à ce stade une bonne chose.
Les conséquences de cette dérive sécuritaire sont d'une lourdeur dont seule le basculement dans l'hyperréalité explique qu'elle puisse pareillement nous échapper.
La décision du canton de Neuchâtel d'imposer le port du masque dans l'enseignement post-obligatoire à la rentrée, disons-le haut et fort, est une horreur psychique et sociétale. Qui se profile déjà dans l'imaginaire grimaçant de certains dirigeants pour les classes d'âge inférieures. Et des fabricants mettent déjà sur le marché des masques pour enfants en bas-âge ! Nous sommes en train d’empoisonner psychiquement les générations futures avec des formes de maltraitance imposées au nom d’un moralisme sanitaire absurde.
Dans le même temps, l'instrumentalisation des acteurs sociaux comme agents de mise en conformité et de répression débouche sur une logique et des dynamiques d'oppression au quotidien. Pour en donner un exemple frappant, le constat que l'on est en train de faire sur l'augmentation des violences obstétricales pendant la période épidémique fait froid dans le dos, en montrant la déshumanisation inévitable à laquelle conduisent toutes mesures sécuritaires. Avec comme d'habitude les femmes, les enfants et les personnes âgées qui en paient le plus lourd tribut.
Il faut donc bien rappeler les choses, ce d'autant plus que la communication officielle au long des mois écoulés a méchamment brouillé les repères au sein de la population : la plupart des mesures qui ont été imposées (en particulier le confinement et le port du masque) ne sont pas des mesures sanitaires et ne reposent sur aucune science solide.
Il s'agit de mesures sécuritaires, à l'impact incertain et dont le coût sociosanitaire global est systématiquement minimisé ou nié par les panels "d'experts" qui concoctent diligemment ces mesures attentatoires aux libertés fondamentales comme à la dignité des personnes.
Si effectivement elles étaient nécessaires ou même utiles, on pourrait y adhérer à la condition toutefois que la pesée d'intérêts coûts / bénéfices soit réalisée avec rigueur. Ici, il n'y a qu'un dogmatisme idéologique mâtiné de manipulation : même le Pr Didier Pittet s'est récemment fait aboyer dessus par certains de ses confrères du fait de sa position tiède sur l'utilité  des masques ! Dès lors que le "message officiel" affirme cette utilité, tout son de cloche autre est problématique, quel qu'en soit la pertinence. Tout ceci n'a bien sûr plus rien à voir avec la science. En français : il s'agit d'une propagande d’état sécuritaire au nom de la science. Inquiétant...
D'où l'importance d'inclure des penseurs compétents issus d'autres disciplines que la médecine ! La gestion d'une épidémie impacte tous les domaines de la vie en société, et ces impacts doivent impérativement être diligemment pensés et inclus dans la réflexion. Comme le veut l'adage de sagesse populaire, la santé est quelque chose de bien trop sérieux pour être laissée aux seuls médecins.
Les "répercussions" dommageables du port du masque n'étant pas pensées semble-t-il, je suis heureux de donner ici la parole à M. Michel Rosenzweig, philosophe et psychanalyste, qui nomme les choses avec une vitalité qui fait du bien.
Il nous rappelle l'importance de ne pas oublier l'essentiel, et je le remercie chaleureusement de m'avoir donné son autorisation de publier sur cette page son très beau texte. Espérons que quelques responsables politiques aient le courage de s'ouvrir à cette parole avant d'être tentés d'infliger de nouvelles décisions délétères et à l'utilité douteuse !


LE MASQUE ET LA VIE
Par Michel Rosenzweig (philosophe et psychanalyste)
Vivre masqué en permanence dans les espaces clos et à l'extérieur alors que ce virus circule à bas bruit est un non-sens total. Et quoi qu'en pensent les adhérents au masque obligatoire qui n'y voient toujours rien d'autre qu'une simple mesure d'hygiène envers les autres, ce qui reste encore à démontrer, c'est toute la vie quotidienne qui est affectée et durablement. Car tout est à présent soumis au règne du masque obligatoire, les moindres gestes, la moindre action, les moindres déplacements, les visites, les rendez-vous, c'est toute notre vie quotidienne qui est à présent régie et rythmée par ce régime du masque : sortir, faire ses courses, aller chez le coiffeur, au restaurant, dans un bar, un musée, au cinéma, faire du sport, de la danse, etc. etc.
Et si ce régime est imposée aujourd'hui dans des conditions sanitaires saines, qu'en sera-t-il lorsque les autres coronavirus mutants et les influenza reviendront bientôt ?
Au moindre rhume, aux moindres symptômes grippaux, que fera-t-on?
Si ces contraintes limitantes drastiques sont imposées alors qu'elles ne se justifient pas aujourd'hui, à quelles mesures aurons-nous droit à la saison des grippes?
Dans ces conditions, il est clair que ce régime sera maintenu sans aucune limite de temps. C'est un peu comme si on avait érigé un immense barrage face à une hypothétique vague démesurée, un tsunami dont la survenue est loin d'être certaine. C'est un peu aussi comme le désert des Tartares avec sa forteresse érigée contre un ennemi qui ne venait jamais.
Nous avons basculé dans un univers de précaution absolue visant l'asepsie et le risque zéro pour préserver la vie et nous sommes en réalité en train de perdre la vie. Car la vie n'est pas la survie.
Lorsque vous marchez dans une rue commerçante de votre quartier et qu'un inconnu masqué vous fonce dessus pour vous prévenir que la police vient de verbaliser deux personnes pour non port du masque alors que rien n'indique qu'il est obligatoire dans ce secteur, vous réalisez qu'il se passe quelque chose qui n'a strictement rien à voir avec la santé. Lorsque vous prenez les transports en commun et que des patrouilles de police sanitaire arpentent la plateforme en dévisageant les passagers, vous comprenez que ce monde est devenu invivable. Lorsque vous entrez dans votre bistrot familier et qu'on exige de vous de mettre votre masque pour faire 2m50, et qu'en vous installant, la serveuse masquée vous présente un carnet dans lequel vous êtes invité à indiquer votre nom et votre numéro de téléphone pour être autorisé à manger, vous comprenez que rien ne sera jamais plus comme avant et que la joie, le plaisir de sortir, la convivialité, les échanges et les partages dans ces conditions, c'est terminé.
Je suis désolé pour toutes les personnes qui approuvent ce régime de dictature sanitaire, sincèrement, car je pense qu'elles ont perdu leur sens commun, leur bon sens, leur faculté de juger et de discriminer. Et je le pense sincèrement. Ces personnes qui en insultent d'autres sont en réalité atteintes d'un autre virus bien plus toxique, celui de l'intoxication médiatique et du formatage des cerveaux alimenté et entretenu par la propagande médicale et politique anxiogène et contre lequel il n'y a aucun remède ni aucun vaccin.
Ce masque qu'ils exigent parfois avec violence au nom de leur santé en masque en réalité un autre, celui qui voile leur conscience et surtout leur liberté de conscience, de penser, d'apprécier et d'évaluer correctement la situation, celui qui voile la raison au profit du fantasme de la maladie mortelle qui rode à chaque coin de rue, celui de la peur panique d'être contaminé par la peste.
D'abord il y a eu un virus. Ensuite des malades, puis des morts. Comme chaque année à la même saison, cette année l'aire des morts aura juste été plus concentrée sur une plus courte période. Mais au total, comparé aux pics épidémiques annuels et saisonniers ? Prenez la peine honnêtement de regarder un graphique de santé publique étalé sur les dernières années.
C'est la visibilité de cette épidémie qui a choqué les consciences et construit une image, une représentation erronée de la réalité, une discordance, ce sont les discours et les messages changeants, les injonctions contradictoires et paradoxales, les conflits d'intérêts de toute catégorie, l'instrumentalisation, la récupération et l'exploitation politiques de l'épidémie qui ont brouillé la lisibilité correcte et rationnelle de cet épisode.
Oui il y a eu une épidémie due à un coronavirus dont l'origine demeure mystérieuse pour moi et pour d'autres.
Oui les plus fragiles et les plus âgés en ont été victimes. Soit. Et alors ? Est-ce une raison suffisante pour imposer ce régime de dictature sanitaire totalement disproportionné au moment où nous avons besoin de légèreté et d'air ?
Est-ce une raison pour enfermer et astreindre toute une population au moment où rien ne le justifie lorsqu'on regarde les courbes des hospitalisations et des décès ?
Et après ?
Le contrôle électronique et numérique des contaminés ?
Des codes de couleurs ?
Un bracelet électronique pour les pestiférés ?
Et puis pourquoi faire croire que ce régime prendra fin avec un vaccin alors que l'on sait parfaitement bien qu'aucun vaccin contre un coronavirus n'a jamais vraiment fonctionné ? Si les vaccins contre la grippe saisonnière fonctionnaient massivement, on le saurait me semble-t-il. A-t-on éradiqué la grippe avec un seul vaccin ?
Alors j'avoue, oui, j'avoue et je reconnais volontiers que je suis atteint d'un syndrome très connu : celui du canari dans la mine. Vous savez, cet oiseau que les mineurs emportaient pour les prévenir du gaz méthane qui s'échappait du charbon, un gaz incolore inodore et indétectable.
Lorsque que le canari s'endormait, ou mourait, il était temps de sortir.

© Michel Rosenzweig

the Theory of Everything

Stephen Wolfram Battles the Theory of Everything

~ a surprisingly coherent path toward understanding the Universe ~
I can feel your reservations regarding Wolfram’s recent claim of a new way to find a fundamental, all-encompassing theory of physics. We hear that a lot. And, Wolfram’s track-record for verbose grandeur, mentioning the foundational work of others only as an aside, has been a valid lingering criticism. Yet, he has been doing a different kind of scientific experiment, using computer simulations of numerous sorts of universes, and the appearance of new kinds of looking are precisely when people discover revolutionary new things. Is that what Wolfram found? Not precisely, but we can cover the gist of his team’s work, and see what might grow from his unique approach.
Universal Rules
Physicists keep looking for the most fundamental laws. Some small set of rules that combine to generate space, time, energy, mass, gravity, magnetism, etc. No scientist expects that, upon finding those rules, we would then be able to ‘simulate everything’ or ‘predict the future’ or ‘know all truths’. Nope. They’re just looking for the most basic instructions that create a cosmos like ours. Like knowing the general way in which electrons are zipping where in a computer, instead of knowing what the software is about to do. That’s all.
Yet, having those rules would give us a reverberating certainty: we can use simulations of these rules, at small scale, to probe reality in ways that no massive, trillion-dollar equipment could. This would generate a panoply of insights, which have a habit of becoming valuable new industries a few decades later. Worth more than a winning lottery ticket, if you wear your generations-long bifocals. So, a lot of people keep looking.
For the most part, physicists have been doing that search from our size down and our size up. We figure out what we can see, and as soon as we can see smaller stuff or bigger stuff, we find equations for that new stuff.
Stephen Wolfram is taking a different approach: he created a simple-universe-rule language, allowing the creation of billions of BILLIONS of different ‘theories of everything’, as well as measurement of the properties that emerge in each of those possible universes. His reasoning for this is simple: Each starting rule generates a universe with properties which are distinct; this distinction is sufficiently large that we can find a universe-rule which needs to match our world in just a FEW places; and with ONLY those matches, we are likely to have found our own real cosmic generator.
I should emphasize that Wolfram is not simply cobbling-together all the disparate behaviors he wants; each universe-rule is one single rule that acts upon a network of dots and edges. Iterating that single transformation creates a lattice of ‘space’ that can be sliced according to causality to form ‘time.’ Due to the fact that he can check these potential-universe-rules quickly, Wolfram is able to weed-out billions of rules at a time, focusing analysis on the most promising candidate universe-rules. Computers are running a simulation which discards hypotheses; that’s science, sans cyclotron.
So, Did He Find Our Universe?
No. But look at this one:
Turns out, Einstein’s Relativity occurs in a wide swath of universe-rules. And many rules are sufficiently complex to generate ‘particles’ with conserved properties, especially momentum and rest mass, the exchange of energy, and light’s speed limit. Even quantum vacuum fluctuations’ production of virtual particles is a common occurrence. Additionally, his rule-generating language produces universes with Feynman-esque branches of particle interactions which merge later into an ‘observed state.’ Everett’s many-worlds interpretation AND wave-function collapse seem to be the trunk and tail of that elephant. So, those facts about our world don’t actually narrow things down much, which itself is a surprising insight!
Yet, our universe has many particularities — the interactions between particles of each universe-rule are radically distinct from each other. If we find a universe that makes quarks and electrons behave as they do here, then we’re probably done.
What Does this All Imply?
There are a few strange conclusions, consistent for the vast majority of interesting universe-rules: the cosmos may still be hyper-expanding, either at the ‘edges’ or ‘within’, forever. And, it creates more matter and energy along the way. Not a ‘conservation of energy’ with a ‘fluctuation of energy that averages-out to zero’ like we’ve been taught. It just keeps making more and more, as a natural unfolding of the rule that forms the space.
So, the explosion of stuff may be ongoing, far beyond where we can ever see. There are possible universe-rules which allow the generation of ‘negative mass/energy’ states, too. Just to get you excited. Wormholes aren’t out-of-the-question, either, because the universe-rules can create graphs with connections between otherwise disparate regions — a leap past all the space in-between.
Another peculiar assertion of Wolfram’s: in many universe-rules, intricate correlations may exist between parts of the space-time graph, yet those relationships can only be observed with explicit and exact simulation of the entire process, at the smallest scale. No shortcuts or simplifications are granular enough to catch these ripples. (Fundamentally, these universe-rules are acting cryptographically upon their minuscule states.) So, any attempt to extract these features by measuring statistical quantities will fail. The universe will remain probabilistic to us, because there are coincidences at the sub-atomic level that we will never be able to prove, though we may notice their gentle ‘noise’ impacting our instruments.
Most compelling was his explanation for how, just as the speed of light limits motion of information in space and time, there is an analogous limit to the cause and spread of quantum entanglement, as well as the pace of decoherence and measurement.
What’s Missing?
In particular, I did not see an explicit explanation for the feedback mechanism from mass-in-motion as a pattern of node activity, because it must cause a tilt in the ‘foliation of the time-like layers of the hypergraph.’ Yeah, and I mean every word of it. Whatever causes that feedback must also be a rule of the system; a rule where the pattern of node activity directs the foliation rule perceived by that pattern… Which implies a super-system for Wolfram’s language of universe-rules, where those feedback mechanisms may differ. Later, he supposes that different observers operate upon their personal foliations, without mentioning a feedback between the observed quantities and irregularities of the hypergraph which would allow a graph structure to change its own foliations. Same problem, there.
Additionally, some of his quantities extracted from these evolving graphs seem a bit forced, in order to find a correspondence with reality, without an explanation for why a particular extracted value should be experienced as one of the properties of a real object. The example that sticks with me: Wolfram envisions that the branches on the ‘multiway graph’ should each be endowed with an energy based upon their ‘angle’, and that this angle, accumulated over the course of a path, should be multiplied by the length of that path, to determine the probability of that arrangement occurring in a quantum measurement (the transition amplitudes). Where did this hat-rabbit ‘angle’ come from? How does this multiplication create a disparity in likelihood? That sounds like another missing rule in a super-system. He combines that measurement with the divergence at each point along those paths, to form quantum path-integrals — which does seem proper, if we assume the earlier axiom of “angles-being-energy,” though it is merely one possible universe-rule.
I have other quibbles — the assumption that ‘light speed’ corresponds to the space-time increments themselves, rather than perhaps only being the ‘greatest tilt observed in normal foliations’ within only the standard ‘vacuum state’ graph connectivity. Under unique local graph connection patterns, other ‘particles’ and ‘velocities’ may be possible.
Yet, none of these invalidates Wolfram’s work — the sheer diversity of universe-rules guarantees that many of them have the capability to describe any given cosmos, so ours is included, if it does follow rules at all. The quest is for the simplest rules that do so. And, in that respect, I still see Stephen Wolfram on the right track, and I expect that time will tilt more physicists toward this particular form of simulation-based experimentation. Much can be learned this way, like looking through a new sort of microscope.

Anthony Repetto
Written by

Easily distracted mathematician

8/03/2020

Trilobites slipped out of one exoskeleton and built another, over and over and over again.





The Cambrian Creatures That Grew Up Over the Course of 28 Bodies

Trilobites slipped out of one exoskeleton and built another, over and over and over again.

<em>E. kingii</em> never got huge, but it kept on growing.
E. kingii never got huge, but it kept on growing. John Alan Elson/CC by-SA 3.0

With any luck, humans change a lot over the course of our time on Earth. As we grow out of our teeny onesies and our teenage styles, the aging process can feel a lot like shedding a past self. But other creatures literally do that: step out of their bodies and grow into a new one. For trilobites—marine arthropods that appeared in the Cambrian period, more than 500 million years ago—molting was a key part of growing up.
Trilobites could crawl out of their exoskeletons more than two dozen times in a single lifespan, typically by arching their bodies, lodging themselves into the sediment, and pushing out of the exoskeleton through the head, which separated into pieces. “The animal pulled itself out of its molt and walked out through the opening,” says Melanie Hopkins, an associate curator of paleontology at the American Museum of Natural History. Hopkins recently researched how a species called Elrathia kingii changed over the course of many, many molts.
In Utah, Hopkins found oodles of <em>E. kingii</em>.
In Utah, Hopkins found oodles of E. kingii. M. Hopkins/© AMNH
The scientific appeal of E. kingii comes from its frequent appearance in the Wheeler Formation in western Utah. There, it’s everywhere: “I could find a lot of well-preserved specimens in a really small amount of rock,” Hopkins says. (In most other respects, such biology or nearby ecology, this particular species of trilobite isn’t all that special—no offense, E. kingii.) The Wheeler Formation has sparse vegetation, which makes it easy for scientists to scour, and the fossils happen to be reddish or brown—darker than the surrounding rock. E. kingii is abundant in those layers, and Hopkins and her crew gathered over 450 specimens, and collected data from 228 of them. Back in the lab, they cleaned them up and started measuring.
After molting and scuttling away, E. kingii would take in a bunch of water. The new exoskeleton would form around them, like custom-built armor. “They would swell up, and then start to deposit calcium carbonate back into its outermost layer,” Hopkins says. (Something similar happens with present-day spiny lobsters.) In that process, Hopkins found, the animals would often grow new thoracic tergites—segments that run down the length of the body and look like vertebrae. (Segments like these helped trilobites curl up into tiny balls for safety.) Over time, the animal’s eyes also slowly moved closer to the back of its head, and sideways. As Hopkins describes in a new article in Papers in Paleontology, the youngest specimens of E. kingii would have measured a wee 0.02 inches long. Over the course of 28 molts, the creature reached a maximum body length of a little less than 1.5 inches. Hopkins found that, for the early part of development, the number of segments was a good indicator of age. Over time, the animals stopped adding segments. To gauge the ages of individuals with the same number, scientists look at the growth rate of the head, instead: The bigger the head, the older the animal.
Multiple species sometimes mingle in a single slab of rock.Multiple species sometimes mingle in a single slab of rock.
Multiple species sometimes mingle in a single slab of rock. M. Hopkins/© AMNH
There are still mysteries to the ancient life and times of trilobites, including how frequently E. kingii molted, and how long it lived. (Some contemporary arthropods, including some crab species, only live a few years, for instance, while some lobsters can survive for many decades.) A number of factors may have affected the growth rate and frequency of molting, including temperature and what kind of food was available. Other trilobite species that got more hulking may have gotten better at dodging predators, and therefore managed to stay alive longer. (The largest known trilobite—found in Manitoba, Canada, and dubbed Isotelus rex, or “King of the Trilobites”—measured a slightly mind-boggling 28 inches long.)
Hopkins was intrigued to see that, unlike humans, E. kingii didn’t seem to stop growing after it left its wild youth behind. In fact, it did more of its growing later. “They stopped adding body segments at 0.2 inches,” she says. “All of the rest of the growth happened as an adult.” She says it might seem counterintuitive because of how humans grow—markedly in childhood and adolescence, and then hardly at all. Maybe there’s a lesson to be learned in how E. kingii kept moving forward, again and again and again.