12/30/2020

À propos de Charles Lutwidge Dogson, alias Lewis Carroll…

A propos de Charles Lutwidge dogson, Alias Lewis carroll…




A découvrir ou redécouvrir :
Retour sur une mystérieuse partie d’échecs qui est la première page du récit De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva suite d’Alice au pays des merveilles  d’après l’auteur anglais Lewis CARROLL : un roman dans le roman qui s’avère sans doute être une demande en mariage à Alice LIDDELL, la vraie Alice…
Christophe LEROY, né le 6 janvier 1968, est un passionné d'échecs (classement international à 2157 points Elo). Animateur infatigable depuis 1984, président du Comité Rhône Echecs depuis 1996, délégué général du Lyon Olympique Echecs depuis 1992, ce passionné, ensorcelé, nous invite au récit de l’aventure du décryptage de la partie d’échecs de Lewis CARROLL issue de l’œuvre « De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva » publiée en 1871.
« Alice et le Maître d’échecs » - 176 pages - Collection HURDLE aux éditions URDLA, centre international estampe et livre (http://www.urdla.com).
Dans ce livre sont à noter deux clins d’œil :

  • l’un à Marcel DUCHAMP : les diagrammes rouges et blancs de l’échiquier sont comme ceux de son livre Opposition et cases conjuguées sont réconciliées par Marcel DUCHAMP et V. HALBERSTADT (1932).

  • l’autre à Lewis CARROLL puis Henri RINCK, spécialiste lyonnais des fins de parties, reconnu mondialement par ses pairs, avec l’utilisation partout où cela était nécessaire de cette croix du Christ (échec) du XIXème siècle.
    En effet, Henri RINCK a été le dernier à l’utiliser dans ses livres d’échecs dont le dernier 1414 fins de parties (1950).



« Lecteur, oses-tu pénétrer une fois encore dans la caverne du grand magicien ? Si tu manques de courage, arrête-toi là, ferme ces pages, n’en lis pas plus ! »
Lewis CARROLL (La canne du destin)
D’autres informations sur : http://www.echecs-histoire-litterature.com

A propos de Charles Lutwidge DOGSON, Alias Lewis CARROLL…
Fils du Diacre Charles DODGSON et de son épouse Frances Jane LUTWIDGE, l’écrivain anglais, professeur de mathématiques au Christ Church College d’Oxford et Diacre, Charles Lutwidge DODGSON alias Lewis CARROLL est né au tout début de l'ère victorienne le 27 janvier 1832 à Daresbury dans le Cheshire, petite bourgade proche de Manchester.
A partir de 1843 la famille déménagea à Croft dans le Yorkshire à l’abri dans un presbytère isolé comme dans un château fort. Son père était le pasteur très actif de la paroisse (école le dimanche, conférences, lutte contre la pauvreté… ).
Charles est le frère aîné d’une famille de onze enfants dont une majorité sont des filles. Tous étaient comme lui gauchers et comme lui bégayaient. Ces anomalies, partagées par une communauté soudée, permirent à Charles de développer une personnalité d’enfant doué, hors normes, dans un cocon protecteur.

Ses frères et sœurs furent son premier public et c’est à Croft que ses talents d’amuseur allaient illuminer toute sa vie (création de jeux de société, de théâtre de marionnettes, de jeux de prestidigitation, etc.) La famille connaissait le jeu d’échecs et avait même acheté des feuilles de parties pour noter les coups.

Dans « De l’autre côté du miroir » le temps, aussi bien que l’espace, se trouve inversé. On écrit à l’envers, on souffre d’abord, on se blesse ensuite. Dans ce monde bizarre, il faut s’éloigner du but pour l’atteindre.
Le psychanalyste américain John SKINNER estime que la gaucherie est à l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thèmes dominants de Lewis CARROLL.
Il écrivit plus de 98 000 lettres dans sa vie : notamment des lettres à ses « amis enfants » tout en collaborant à des revues littéraires et de mathématiques.

Charles L. DODGSON, dans son âge mûr, prenait souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement.
Soulignons :

  • Son génie mathématique,

  • Sa grande maîtrise de la logique symbolique,

  • Son sens artistique très développé tant dans le théâtre que le dessin,

  • Ses travaux photographiques qui, pour certaines photos, s’avèrent être les plus réussies du XIXème siècle.


Notons qu’il fut aussi l’inventeur de multiples objets ; sans oublier son excellente condition physique : chaque semaine et dans une seule journée, il faisait environ 35 Kms de marche à pied !
Le nombre 42 :

Le nombre 42 est présent plus que de raisons dans la plupart de ses oeuvres. Il était le nombre fétiche de Lewis (accompagné de ses diviseurs 1, 3, 6, 7, 14 et 21).

Charles L. DODGSON est mort 42 ans après avoir pris son nom d’emprunt Lewis CARROLL (mort le 14 janvier 1898, nom d’emprunt pris le 1er mars 1856).

Il rencontra Alice à 24 ans, 24 étant le miroir de 42. (Détail sans importance mais pas pour un Carrollien).

En 1868, peu avant d’entamer son second récit « De l’autre côté du miroir », il déménagea  dans l’un des quatre coins de Christ Church dans une suite de pièces qui portaient le nombre 6 et où on y accédait par l’escalier 7 (Un déménagement sans doute volontaire !)

L’âge des Reines dans Alice est de cent un ans, cinq mois et un jour soit 37044 jours * (avec 24 années bissextiles). 37044 x 2 = 74 088 jours. 74 088 étant le cube du nombre 42 !!

… Et on pourrait ainsi écrire des pages et des pages d’exemples sur ce nombre 42.

Lewis CARROLL en 1862



La rencontre avec Alice LIDDELL :

La vie de Lewis CARROLL va littéralement basculer grâce à sa rencontre avec Alice Pleasance LIDDELL.
Elle est née à Westminster le 4 mai 1852 et décédée le 16 novembre 1934 dans le Kent. C’est l’une des sept enfants de Henry George et Lorina Hannah LIDDELL.
Le Doyen LIDDELL est nommé à la direction du Christ Church College le 7 juin 1855. C’est un personnage entouré d'un certain prestige qui va mener l'université d'une main de fer. Il est l’auteur d'un dictionnaire de grec qui fait encore référence aujourd’hui
« Je marque ce jour d’une pierre blanche. »

CARROLL a jalonné son journal de cette expression empruntée au poète latin Catulle, pour signifier les jours chargés d’émotions heureuses. Le 25 avril 1856 est l’un de ceux là : muni d’un appareil d’emprunt, il se rend au doyenné de Christ Church pour photographier la cathédrale depuis le jardin. Les 3 filles du Doyen assistent à la scène… Alice est âgée de 4 ans et Lewis de 24. Les relations assidues avec la famille commencent ainsi et pour plusieurs années…
Par la suite et pratiquement à chaque rencontre avec Alice, il indiquera dans ses journaux intimes : « Je marque ce jour d'une pierre blanche. »

Alice LIDDELL enfant.









Le conte Alice au pays des merveilles :

Tout proche du Christ Church College se trouvait l’Isis, un bras de la Tamise. Des promenades mémorables en barque s’y déroulèrent. Alice LIDDELL était accompagnée tantôt de ses sœurs, de ses parents, de sa gouvernante (Mme PRICKETT) ou de Lewis CARROLL.
Ainsi le 4 juillet 1862, « lors d’un après midi tout en or », Lewis CARROLL, accompagné de son ami DUCKWORTH, va emmener en barque les trois sœurs LIDDELL.
Promenade qui va littéralement devenir mythique pour les Carrolliens puisque c’est ici que seront posés les 2 récits d’Alice où Lewis va improviser d'une seule traite cette histoire qui va tellement plaire aux 3 fillettes.

Avec insistance Alice demandera à CARROLL de lui écrire. Il entamera ce travail dès le lendemain, pendant son trajet en train pour Londres, en rédigeant les têtes de chapitres.
Cet attachement très fort pour la petite Alice LIDDELL, véritable « exutoire créatif » va lui permettre d'écrire l'équivalent d'un best-seller d'aujourd'hui : Alice au pays des merveilles.
13 septembre 1864 Croft. « - J'ai fini de dessiner les illustrations de l'exemplaire manuscrit des Aventures d'Alice ». (Manuscrit les aventures d’Alice sous terre entièrement calligraphié et illustré de sa main et finalement offert à Alice le samedi 26 novembre 1864).
Juillet à fin 1865, parution du livre à grande échelle mais avec des illustrations de John TENNIEL. Le timide jeune homme se retrouve sur le devant de la scène : tout le monde veut le rencontrer, le connaître et même la toute puissante Reine Victoria veut lire d'autres ouvrages de ce jeune auteur.

On ne pourra que lui fournir des traités de mathématiques puisque parallèlement à son activité littéraire, Lewis CARROLL continue ses recherches scientifiques.

C'est lui qui, entre autres, est à l'origine de la théorie des ensembles : les ensembles Carrolliens qui juxtaposés ressemblent aux cases d’un échiquier. Il aurait sans doute préféré que ses ensembles soient nommés les ensembles Dodogsiens en références à son oiseau préféré le DODO et son bégaiement mais l’histoire en décida autrement !
Tensions avec les parents d’Alice LIDDELL :

Les instants privilégiés avec Alice LIDDELL vont finalement être de plus en plus espacés (juin 1863) puis rompus par la famille LIDDELL et en particulier par Mme. LIDDELL la maman d'Alice.
La première rupture, très importante, se situe lorsque Alice a 11 ans et demi et en particulier pendant la réalisation d’Alice au pays des merveilles. Lewis CARROLL ne pourra puis voir Alice LIDDELL aussi librement qu’auparavant.
25 juin 1863 : Rupture importante avec la famille LIDDELL d’après un extrait d’un des cahiers intimes de Lewis CARROLL daté du 19 décembre 1863 qui indique la fin d’un nouveau coup de froid dans ses relations avec les LIDDELL. Il est invité à goûter et à une partie de croquet : « Voilà presque 6 mois (depuis le 25 juin) que je ne les voyais pratiquement plus. Je marque ce jour d’une pierre blanche. »
12 mai 1864 : Nouveau coup de froid dans ses relations avec la mère d’Alice. « Tous ces derniers jours, j’ai vainement sollicité l’autorisation d’emmener les enfants, c’est-à-dire Alice, Edith et Rhoda sur la rivière ; Mrs LIDDELL refuse d’en laisser aucune d’entre elles y aller dans l’avenir, précaution passablement inutile. »
Par la suite des tensions importantes sont à noter aussi avec le Doyen LIDDELL, d'abord inquiet de son attachement pour Alice, puis exaspéré par les pamphlets virulents - leur anonymat ne trompant personne - par lesquels Lewis CARROLL le mettait en accusation avec plusieurs des autorités d'Oxford (Notes by an Oxford Chiel - 1874)
Certains de ses biographes pensent qu'il aurait fait une demande en mariage à la famille LIDDELL mais que la mère d'Alice, qui avait de grandes vues pour ses filles, l'aurait éconduit. Difficile de savoir qu'elle a été la nature réelle de leur relation.
De surcroît quatre tomes du journal intime de Lewis CARROLL sur les treize existants ont mystérieusement disparu. Deux concernaient la période durant laquelle il a le plus fréquenté Alice. Ce sont les numéros 6 et 7 qui couvrent la période d’avril 1858 à mai 1862. Mais finalement ils ont été écrits avant la 1ère rupture importante avec la famille LIDDELL. Les deux autres tomes manquants sont les numéros 1 et 3.
Il est dommageable pour les historiens et les passionnés de CARROLL que l’une de ses nièces ait découpé au rasoir quelques pages des autres journaux intimes dont celles de la période de l’éviction de Lewis CARROLL par Mme LIDDELL entre le 25 juin 1863 et après. (Des passages trop intimes concernant Charles, la famille DODGSON ? On ne le saura jamais).
Le mystère plane donc sur cette relation. Rappelons tout de même qu’il faut la resituer dans son époque, où une telle différence d'âge n'était pas si choquante.

En effet, la tradition à l’époque Victorienne (et même le Code Civil anglais !) indiquait que l’on pouvait faire sa demande officielle en mariage (ou commencer à faire sa cour) auprès des familles dont l'enfant concerné était âgé de 12 ans et plus.

Il fallait même ne pas trop tarder car tout était décidé très vite. Par exemple, à cette époque, demander sa main à une jeune femme après ses 18 ans était déjà tard et fort risqué.
De la fin de 1868 au 4 janvier 1871, période correspondant à la réalisation de son deuxième récit (De l'autre côté du miroir et ce qu'Alice y trouva), il ne citera plus qu'une fois la famille LIDDELL, si souvent présente autrefois. A la sortie du livre une nouvelle brouille survint avec l’écrivain (sans savoir de manière certaine si cela était dû aux écrits de ce second récit).

Il est assez troublant de voir la dernière photo d'Alice LIDDELL réalisée par Lewis CARROLL. (C'était à la même période que lors de la réalisation de De l'autre côté du miroir). Elle avait 18 ans et quelque chose semblait brisée en elle, un regard photographique détaché, presque sans âme...

Alice LIDDELL, 18 ans.


On pourrait penser que toute sa vie, Lewis chercha à recréer avec d'autres petite filles les relations privilégiées qu'il sut tisser avec Alice. Néanmoins, celle-ci reste, il le lui dira beaucoup plus tard dans une lettre, son idéale « amie enfant. »
En tous les cas il resta célibataire toute sa vie et mourut le 14 janvier 1898. Il fut enterré à Guildford où la maison familiale s’est installée en 1868 après la mort de son père.
Quant à Alice elle devint une artiste aidée en cela par John RUSKIN. Elle fait le tour de l'Europe avec ses sœurs Lorina et Edith. De ses voyages en France et en Italie entre 1872 et 1877, elle tire une série d'aquarelles et de croquis d'une grande sensibilité. On lui prête une liaison avec le prince Leopold, fils de la reine Victoria (qui vient étudier à Christ Church en 1872), mais le 15 septembre 1880, c'est Reginald HARGREAVES, lui aussi étudiant à Oxford, qu'elle épouse à l'abbaye de Westminster.
En 1928, devant les difficultés financières, elle doit se résoudre à vendre l'exemplaire d'Alice's adventures under ground (Les aventures d’Alice sous Terre) que DODGSON lui a donné.

La vente se fait à Sotheby's avec un prix record pour l’époque de 15 400 livres sterling. Il est revendu 50 000 livres en 1946. Deux ans plus tard, un groupe d’Américains l’acquiert et Luther EVANS, conservateur de la bibliothèque du Congrès, l’apporte en Angleterre à bord du Queen Elisabeth. Il en fait présent aux Britanniques en reconnaissance de leur bravoure durant la seconde guerre mondiale. Le précieux ouvrage est à présent à la British Library.

Alice LIDDELL, 19 ans : femme fatale ?


Le récit « De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva » :
Rédigé à partir de 1869 jusqu’à début janvier 1871, De l'autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva est conçu comme une suite des aventures d'Alice au pays des merveilles.
Après avoir tenté d'enseigner les échecs à son petit chat, Alice décide de passer « de l'autre côté du miroir. » Là, elle accomplit un étrange voyage dans un pays agencé à la façon d'un échiquier, rencontrant de nombreux animaux étonnants et plusieurs personnages extraordinaires.
Parmi eux, un Roi d’échecs qui se réjouit qu'elle ne puisse voir « personne à cette distance » et une Reine qui promet de la confiture « pour chaque lendemain. » Après toutes sortes d'aventures, Alice finit par atteindre la huitième case de l'échiquier et devient donc Reine, comme le pion promu au jeu d'échecs véritable. Elle préside alors un banquet fastueux et féerique.
Nombreuses ont été les études des spécialistes pour savoir si oui ou non le parcours d'Alice était construit comme une partie ou un problème d'échecs. Dans l'idée que l'on se fait d'un parcours échiquéen, cela semble évident. Mais dans l'exactitude strictement échiquéenne de la marche des pièces (les blancs jouent plusieurs coups de suite, le Roi blanc est en échec, sans s’y soustraire, durant 2 coups !), les libertés prises par Lewis CARROLL sont trop grandes pour lire finalement au premier degré le déroulement de cette partie…
Extrait : « Pendant quelques minutes Alice demeura sans mot dire, à promener dans toutes les directions son regard sur la contrée qui s'étendait devant elle et qui était vraiment une fort étrange contrée. Un grand nombre de petits ruisseaux la parcouraient d'un bout à l'autre, et le terrain compris entre lesdits ruisseaux était divisé en carrés par un nombre impressionnant de petites haies vertes perpendiculaires aux ruisseaux.
« Je vous assure que l'on dirait les cases d'un vaste échiquier ! » finit par s'écrier Alice. « Il devrait y avoir des pièces en train de se déplacer quelque part là-dessus – et effectivement il y en a ! » ajouta-t-elle, ravie, tandis que son cœur se mettait à battre plus vite. « C'est une grande partie d’échecs qui est en train de se jouer – à l'échelle du monde entier – si cela est vraiment le monde, voyez-vous bien. Oh ! Que c'est amusant ! Comme je voudrais être une de ces pièces-là ! Cela me serait égal d'être un simple Pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu... mais, évidemment, j'aimerais mieux encore être une Reine. »
En prononçant ces mots elle lança un timide regard à la vraie Reine, mais sa compagne se contenta de sourire aimablement et lui dit : « C'est un vœu facile à satisfaire. Vous pouvez être, si vous le désirez, le Pion de la Reine Blanche, car Lily est trop jeune pour jouer. Pour commencer, vous prendrez place dans la seconde case ; et quand vous arriverez à la huitième case, vous serez Reine... » À ce moment précis, on ne sait trop pourquoi, elles se mirent à courir.
Le dernier message (codé) de Mr. CARROLL :

Préface à l’édition de 1896
Attendu que le problème d'échecs ci-après énoncé a déconcerté plusieurs de nos lecteurs, il sera sans doute bon de préciser qu'il est correctement résolu en ce qui concerne l'exécution des coups. Il se peut que l'alternance des rouges et des blancs n'y soit observée aussi strictement qu'il se devrait, et lorsqu'à propos des trois Reines on emploie le verbe « roquer », ce n'est là qu'une manière de dire qu'elles sont entrées dans le palais. Mais quiconque voudra prendre la peine de disposer les pièces et de jouer les coups comme indiqué devra reconnaître que l’ « échec » au Roi blanc du sixième coup, la prise du Cavalier rouge du septième, et le « mat » final du Roi rouge répondent strictement aux règles du jeu.
Les mots nouveaux employés dans le poème Bredoulocheux ont donné lieu à des divergences d’opinion quant à la façon de les articuler ; il pourrait donc être également indiqué de donner des conseils à cet égard. Prononcez « slictueux » comme s’il s’agissait de 3 mots distincts (« slic », « tu » et « eux »), et détachez bien également les quatre syllabes (al-lou-in-d’) d’ « allouinde ». Sachez aussi que, dans le Morse et le Charpentier, la locution conjonctive « parce que », placée à la fin du cinquième, du quinzième, du quarante-septième et de l’avant dernier vers doit, toujours, se prononcer parceuk.
Signalons enfin, aux lecteurs peu familiarisés avec le jargon des canotiers, que le verbe plumer (intr.), employé par la Reine blanche, veux dire ramener l’aviron vers l’avant de l’embarcation en effleurant les flots de sa pelle tenue presque horizontale et que la locution argotique attraper un crabe, prononcée par la dite souveraine à la même page, signifie engager – par maladresse – l’aviron dans l’eau assez profondément pour qu’il se trouve placé, la pelle vers le bas, en position verticale.



Lewis CARROLL

Et voici le diagramme qui précède le récit et qui contient le libellé suivant :
Le pion blanc (Alice) joue et gagne en 11 coups




1 Alice rencontre la Reine rouge 1 £h5 La Reine rouge joue en h5
2 Alice traversant d3 (par chemin de fer) 2 £c4 La Reine blanche (lancée à la

joue en d4 (Tweedledum et Tweedledee) poursuite de son châle) joue en c4



3 Alice rencontre la Reine blanche (avec son châle) 3 £c5 (la Reine blanche devient brebis)
4 Alice joue en d5 (boutique, rivière, boutique) 4 £f8 (la Reine blanche laisse l'oeuf sur l'étagère)
5 Alice joue en d6 (Humpty Dumpty) 5 £c8 (la Reine blanche fuit devant le Cavalier rouge)
6 Alice joue en d7 (forêt) 6 ¤e7 + Le Cavalier rouge joue en e7 (échec)
7 ¤xe7 Le Cavalier blanc prend le Cavalier rouge 7 ¤f5 Le Cavalier blanc joue en f5
8 Alice joue en d8 (couronnement) 8 £e8 (examen)
9 Alice devient Reine 9 Les Reines roquent
10 Alice roque (festin) 10 £a6 (soupe)
11 Alice prend la Reine Rouge, et gagne. £xe8 mat.


Et si de but en blanc nous vous annoncions que :

  • le pion blanc est Alice LIDDELL (indiqué par l'auteur),

  • le Cavalier blanc est sans doute Lewis CARROLL, il veut devenir le Cavalier blanc d’Alice.

  • le Cavalier rouge est Charles LUTWIDGE DODGSON qui devient aussi le Cavalier blanc lors des 6ème et 7ème coups.

  • le Roi blanc est le père d'Alice (le Doyen LIDDELL).

  • la Reine blanche est la mère d'Alice (Mme. LIDDELL).

  • la Reine rouge est la Reine Victoria (et non pas Mme. PRICKETT, la gouvernante d'Alice).

  • le Roi rouge est le mystère, une partie des rêves que nous avons tous en nous. Il représente Charles L. DODGSON en train de rêver à la jeune Alice et à toute cette aventure. Il se sert des 2 Cavaliers pour faire passer son message...

  • la Tour blanche représente la société conservatrice du XIXème siècle soit l'époque Victorienne et certainement la White Tower qui a été la plus célèbre prison de Londres pendant des siècles. Le Cavalier blanc est symboliquement prisonnier de cette Tour.


Les pièces blanches et rouges :

Les pièces blanches jouent 13 fois et plusieurs coups de suite par rapport aux pièces rouges qui ne jouent que 3 fois. Un élément qui a dérouté plus d'un joueur d'échecs !

14 coups blancs si on compte le premier coup d'Alice pour deux coups. L’auteur le précise dans le texte du 2ème coup ; il a dont l’air d’y tenir ! Alice va de la case d2, en passant par la case d3 par chemin de fer puis arrive à la case d4. 14 coups blancs x 3 coups noirs = 42 soit le nombre fétiche de l’auteur !
Le choix des couleurs de pièces blanches et rouges :

L’opposition noir et blanc du jeu d’échecs est substituée à l’opposition rouge et blanc : passion-douceur ou encore feu-neige.

Le rouge représente la passion, l'amour et la haine avec toute sa symbolique.

Le blanc représente, la douceur, le mariage, la pureté et la virginité : Alice, mais aussi l'image que veut se donner la société de l'époque.

L'absence d'une seule pièce dans la partie : le Fou ou Bishop en anglais :

Nous remarquons l'absence d'une seule pièce d’échecs dans ce problème : le Fou (Bishop en anglais et donc évêque en français). Il semble que CARROLL se soit bien gardé d'introduire cette pièce. Cela est-il dû aux doutes religieux qui ont essaimés sa vie, à son respect de ce qui touche à la foi religieuse ?
Quelques perles de la partie d’échecs de Lewis CARROLL :

Imaginons tout d’abord la présence des initiales cachées de Lewis CARROLL dans la première position échiquéenne : sans en être certains mais juste pour se mettre dans l’ambiance…

Le pion blanc (Alice) joue et gagne en 11 coups


Observons le positionnement des 8 pièces au départ de cette partie :

- Imaginons que la Reine blanche (Mme. LIDDELL) donne la main à sa fille, le Pion blanc Alice (LIDDELL), et observe la société (la Tour blanche).

- Imaginons que la Reine rouge (la Reine Victoria) se trouve au dessus de la société (la Tour blanche) et qu’elle débute cette partie par un dialogue avec le Pion blanc Alice.

- Remarquons que le Cavalier rouge est situé sur la case g8 : 6 cases à la droite de l’échiquier pour l’atteindre et 7 cases sur la colonne « g » pour l’atteindre à partir du bas de l’échiquier. Rappelons que Charles habitait, à partir de 1868, dans l’un des quatre coins de Christ Church dans une suite de pièces qui portaient le nombre 6 et où on accédait par l’escalier 7 (6 x 7 = 42 !) et que seul ce Cavalier rouge fait échec (échec se note + ; la croix du Christ comme le signe du Diacre Charles L. DODGSON !)

- Remarquons que le Roi blanc (Le Doyen LIDDELL) est en opposition diagonale avec le Roi rouge qui rêve à toute cette aventure soit l’auteur Charles L. DODGSON qui prend par la main son messager le Cavalier blanc. Quelles sont les personnes en opposition dans la vie réelle de l’auteur ? Le Doyen LIDDELL et Charles L. DODGSON ! Une des pistes initiales de C. LEROY !
A présent allons directement à la séquence des coups 6 et 7 (6 x 7 = 42 !) indiquée d’ailleurs dans la préface de 1896… (… devra reconnaître que l’ « échec » au Roi blanc du sixième coup, la prise du Cavalier rouge du septième…)


6. Le Cavalier rouge joue en e7 (échec).



Signature de l’écrivain ou du dessinateur :

Le Cavalier rouge joue en e7. Le Cavalier blanc prend en e7. Le Cavalier blanc retourne en f5 : trois déplacements en forme de L : L comme Lewis, Love et LIDDELL !
Le Cavalier rouge en e7 fait échec au Roi et à la Reine tout en parlant à Alice.
Ces trois pièces blanches forment le C de CARROLL ou de Church (église en français) !

Comme nous l’avons indiqué précédemment un échec se note « + » Il représente la croix du Christ (mort annoncée d’un Roi qui peut être pris : échec et mat).
Ce signe religieux rappelle aussi le Diacre habillé de noir (rouge) : Charles L. DODGSON, le Cavalier rouge.
La Reine rouge se déplace en diagonale de gauche à droite puis de droite à gauche ? Ce trajet forme le V de Victoria !
Signatures multiples :

La problématique de cette partie semble être une discussion décisive entre un couple (Roi et Reine blanche) et un Diacre (Cavalier rouge) sur la destinée d’une jeune fille, Alice (Pion blanc).
Le Cavalier rouge, en faisant une fourchette royale, veut-il se débarrasser de ses parents ?

Non, le C de CARROLL posé sur le trio de pièces « Roi, Reine et Pion » semble plutôt indiquer : « Acceptez-vous qu’Alice LIDDELL puisse prendre le nom de CARROLL ? »

En effet, ce sacrifice (il est pris par le Cavalier blanc : son double) lui permet de réitérer sa demande mais avec de nouveaux habits... Des habits blancs, synonymes de mariage...
Le signe + (échec) qui représente la croix du Christ semble être une invitation à entrer dans l’église.

La transformation du Cavalier rouge en Cavalier blanc est finalement une invitation à entrer dans la famille. De surcroît en devenant blanc il prend la même couleur que la famille LIDDELL. (Il s’anoblit ?)
Encore la présence d’une lettre ? Le Y de YES = OUI !
6. Le Cavalier rouge joue en e7 (échec).


L’autel du 42 et la demande en mariage !


On notera aussi dans cette position :

  • l’échange des 2 Cavaliers se fait sur la 4ème colonne et 2ème rangée des noirs (= 42 !)

  • le Pion blanc (Alice) se trouve sur la 4ème colonne des blancs et 2ème rangée des noirs. Encore le 42 en miroir !


Alice est donc sur l’une des cases du 42 (sous le regard de ses parents). Lewis CARROLL et Charles L. DODGSON (les 2 Cavaliers, messagers du Roi rouge) sont aussi sur une case du 42, sous le regard du Roi rouge qui rêve à toute cette aventure…
Ces 2 cases forment un rectangle = l’autel du 42 où s’effectue la demande en mariage !
Le Cavalier rouge vient de monter une marche sous le regard du Roi rouge qui rêve à toute cette aventure. Le Roi rouge, Charles L. DODGSON, adresse son message prénuptial à la famille LIDDELL lors de ses fameux coups 6 et 7 (6 ... ¤ rouge va en e7 (échec) et 7. ¤ blanc prend le ¤ rouge en e7).
Inversons l’échiquier (comme dans la notation du XIXème siècle !)

pour mieux percevoir l’autel du 42 !



Cette demande en mariage échoue puisqu’au coup suivant le Cavalier blanc reprend sa place en f5 : « Retournez à vos rêves M. CARROLL ! »

La fin du parcours de la Reine rouge (V = Victoria) marque la raison du refus : Alice était promise à une personne de sang royal... La Reine rouge arrivée sur la case e8 examine la famille LIDDELL : Alice, la Reine blanche et le Roi blanc tout en observant le Roi rouge.
Signature poétique : Charles et Alice ensemble pour l’éternité.
9. Alice devient Reine



Cette métamorphose d’Alice en Reine blanche sonne le glas de la relation « adulte-enfant » entre Charles L. DODGSON et Alice.
Alice (Pion blanc) se transforme en Reine (en femme) et disparaît du jeu (« Vous auriez dû vous arrêter à 7 ans ! ») Rappelez-vous que l’auteur (Cavalier rouge) a également disparu précédemment.

Bel instant poétique où les deux pièces amies, Charles L. DODGSON et Alice se retrouvent ensemble pour l’éternité en dehors du jeu… Personne ne pourra voler leur merveilleuse histoire « adulte-enfant ».
Signature poétique et ésotérique :

Cette signature cachée confirme bien l’identité de l’auteur qui affectionnait tout particulièrement le nombre 42. Ainsi, les pièces d’échecs ont pour valeur :

Pion : 1 point

Cavalier : 3 points

Fou : 3 points

Tour : 5 points

Reine : 10 points

Roi : La partie !
La somme sur l’échiquier donne 38 points. La somme hors échiquier donne 4 points. Soit un total de 42 points ! Une signature cachée, majeure et impressionnante !

Encore et toujours le 42…

Si de surcroît on regarde à présent la séquence totale des coups proposés par Lewis CARROLL on aperçoit (en plus des coups 6 et 7 qui sont des multiples de 42) un autre 42 caché. Faites l’addition des numéros des coups jusqu’au 6ème coup (6 ... ¤e7 +) et vous serez surpris :

Coups blancs Coups rouges

1 Alice rencontre la Reine rouge 1 ... £h5

2 d4

2 £c4

3 Alice rencontre la Reine blanche (avec son châle)

3 £c5

4 d5

4 £f8

5 d6

5 £c8

6 d7 6 ... ¤e7 +

= 42 !

7 ¤xe7

7 ¤f5

8 d8 Alice est couronnée (couronnement) 8 ... £e8 (examen)

9 Alice se transforme en Reine

9 Les Reines roquent (elles sont entrées dans le palais)

10 Alice roque (festin)

10 £a6 (soupe)

11 £xe8 mat
Ainsi vous vous apercevrez que la somme de tous ces coups jusqu’à 6 ... ¤e7 + est égale à 42 (1+1+2+2+3+3+4+4+5+5+6+6 = 42) soit la case qui représente l’acte de demande en mariage, case et coup où l’auteur veut absolument attirer notre attention.
Par ailleurs si vous revenez au texte initial des coups de la partie proposée par l’auteur, vous vous apercevrez qu’il a certainement posé de manière volontaire 2 colonnes : l’une de 11 demi coups et l’autre de 10 demi coups soit 10 + 11 demi coups = 21 demi coups sur 2 colonnes = 42 !). Soulignons que Lewis CARROLL a 20 ans et demi de plus qu’Alice (20 demi coups et un demi coup !) et 20 ans et demi de moins que le Doyen LIDDELL, père d’Alice…
Des cahiers intimes numérotés de Charles L. DODGSON ont mystérieusement disparu

sur les 13 existants : les numéros 1, 3, 6 et 7.

Ainsi il est amusant de remarquer que dans la partie d’échecs qui nous intéresse :

- Un pion (Alice) = 1 point soit le cahier disparu numéro 1.

- Un Cavalier rouge ou blanc (Charles L. DODGSON ou Lewis CARROLL) = 3 points soit le cahier disparu numéro 3.

- Un Cavalier blanc (Lewis CARROLL) + un Cavalier rouge (Charles L . DODGSON) = 6 points soit le cahier numéro 6.

- Un Cavalier blanc (Lewis CARROLL) + un Cavalier rouge (Charles L . DODGSON) + un pion (Alice) = 7 points soit le cahier disparu numéro 7. Coincidence ? Peut-être pas...

Par contre ici cela devient très surprenant : En additionnant les chiffres des numéros des cahiers restants 2+4+5+8+9+(1+0)+(1+1)+(1+2)+(1+3), on trouve 38 soit la valeur des pièces présentes sur l’échiquier. En ajoutant la valeur des cahiers 1 et 3 ou la valeur des pièces sorties du jeu (le pion Alice et le Cavalier rouge pour l’éternité), on trouve une fois de plus 42. Les cahiers 6 et 7 étant volontairement omis puisque 6 x 7 = 42 !
Comment Lewis CARROLL a-t-il pu réussir toute cette symbolique sur le thème du 42 ? Certainement un instant d’éternité et de génie !
Quelques coïncidences : notons que CARROLL est mort 42 ans après avoir pris son nom d’emprunt, qu’il a rencontré Alice a 24 ans (1856), qu’il commença la photographie cette même année et qu’il l’arrêta, soudainement, 24 ans plus tard ! (1880).

Le bassin ornemental qui trône au centre de la grande cour de Christ Church fait très exactement 42 pieds de diamètre.
Pourquoi n’y a-t-il pas de Fou (Bishop en anglais, soit un évêque) dans cette partie ?

- Parce qu’il n’y a pas de mariage !
Pourquoi ce choix de pièces blanches et rouges ?

- Le blanc pour le mariage et la pureté.

- Le rouge pour la passion et l’amour.


A Lyon le 6 mai 2008
Christophe LEROY

* 101 ans 5 mois 1 jour, le jour où Alice a exactement 7 ans et demi. Née le 4 mai 1852, ça fait donc le 4 novembre 1859. Reculons maintenant de 101 ans 5 mois et 1 jour. On tombe sur le 3 juin 1758. Calculons le nombre de jours entre ces 2 dates :

77x365+24x366 (1800 n'est pas bissextile) = 36889 jours.

Du 3 juin au 4 novembre, inclus, il y a 155 jours.

36889+155=37044. Et comme il y a 2 reines, 37044 x 2 = 74088...

Il faut noter que selon le calendrier grégorien, mis en place en 1582, les années bissextiles n'ont plus lieu tous les 4 ans comme dans le calendrier julien car la règle est : divisible par 4 et non par 100 OU divisible par 400.









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12/29/2020

San Francisco Hammett blues

 



San Francisco Hammett blues

Par Edouard WAINTROP

A l'occasion du centenaire de sa naissance, promenade à San Francisco dans les pas cahoteux de l'auteur du «Faucon maltais», briseur de grève, marxiste, privé et, selon André Gide, le plus grand écrivain américain, avec Faulkner, de la première moitié du XXe siècle.

San Francisco, envoyé spécial. Samuel Dashiell Hammett l'a écrit lui-même: «Je suis né dans le comté de Saint Marys, Maryland, entre les rivières Potomac et Patuxent, le 27 mai 1894. J'étais un gros bébé mais j'ai grandi mince et élancé.» Pas de doute donc, l'auteur de la Moisson rouge, né un peu écossais par son père, un peu français par sa mère, pauvre par les deux, tué par un cancer des poumons en 1961, aurait eu 100 ans cette année.

Ce centenaire n'a pas perturbé les Américains. Tout juste si pour la circonstance on a édité un fac-similé de la première édition (Alfred Knopf 1930) de ce Maltese Falcon qui assura définitivement la renommée de l'élégant moustachu. Autre hommage infinitésimal, la Film Review new-yorkaise a publié dans son numéro de juillet un article de Frederick C. Szebin, qui analyse comment, en 1934, Hollywood réécrivit l'Introuvable. Et fit d'un «livre graveleux plein d'allusions explicitement sexuelles, un film policier léger et sophistiqué mené par le couple le plus séduisant du monde du cinéma» de l'époque, Mirna Loy et William Powell. On peut aussi ajouter à ces festivités modestes la projection, dans quelques salles de cinéma d'art, des différentes versions de la Clé de verre (celle de Frank Tuttle en 1935 avec George Raft et Edward Arnold, celle de Stuart Heisler en 1942 avec Alan Ladd et Brian Donleavy) ou du Faucon maltais (mis en scène par Roy Del Ruth en 1931 avec Ricardo Cortez, par William Dieterle en 1939 avec Bette Davis, et la plus connue, le premier film de John Huston en 1941, qui fit d'Humphrey Bogart une star).

On peut enfin évoquer la vente aux enchères, à Christie's East de New York, de la statue du film, en plomb véritable, qui pèse une bonne vingtaine de kilos et faillit rendre infirme Bogart, un jour de tournage où il la laissa tomber sur son pied. Ce serait pourtant abusif: la relique est livrée aux amateurs fortunés non pour rendre hommage à Hammett, mais tout simplement parce que son dernier propriétaire a passé l'arme à gauche cette année et que les héritiers ont du mal à régler les droits de succession. A part cela, presque inexistantes sont les traces de celui qui, selon Raymond Chandler, «a sorti le crime de son vase vénitien et l'a flanqué dans le ruisseau». Les raisons de cette discrétion? On se perd en hypothèses.

La taule qui rend marteau

Il se peut que, dans un pays où le vent souffle fort à droite, on n'ait pas eu envie de célébrer un marxiste soupçonné d'avoir été membre du Parti communiste américain. Un type qui, en 1951, en pleine chasse aux sorcières, a fait six mois de prison à New York, puis au pénitencier fédéral d'Ashland, Kentucky, pour avoir refusé de livrer les noms de ses copains. Qui a ainsi résisté à la furie antirouge à la manière de ses héros, les «hard boiled dicks», durs à cuire cyniques en surface, courageux et romantiques à coeur. A l'époque, la presse avait hurlé avec les loups du maccarthysme. «Il a beaucoup tiré à la ligne et maintenant il va tirer six mois», ricanait le Philadelphia Inquirer. Et l'échotier Walter Winchel de profiter de son émission dominicale à la radio pour lâcher lâchement: «Il paraît que la taule rend Hammett marteau. Le rendra-t-elle aussi faucille?»

A moins que l'oeuvre de Hammett, quelque cent courtes nouvelles et seulement cinq romans­, écrite en douze ans (de 1923 à 1935), ait semblé insuffisamment consistante. Hypothèse peu plausible. Les Yankees ne snobent pas l'auteur de Sang maudit. Ils ne sont pas loin de penser, comme André Gide, que les deux plus grands écrivains américains de la première moitié du XXe siècle s'appelaient William Faulkner et Dashiell Hammett. Que sont remarquables non seulement l'écriture de Hammett (concision, humour, utilisation intelligente de la langue parlée), mais aussi la description digne de Balzac (selon Gide) qu'il donne de la société américaine des années 10 et 20.

En fait, il semble surtout que l'anniversaire n'ait pas été fêté avec plus de fastes parce que les Américains ne raffolent pas de ce sport si prisé chez nous: la commémoration. Sauf à San Francisco. Où l'on n'a pas attendu qu'il ait 100 ans pour vénérer la mémoire du père de Sam Spade. C'est même tous les jours la Saint-Dashiell sur la Barbary Coast. Car on y est fier de constater que c'est ici que la courte et brillantissime carrière du romancier commença vraiment. «Je ne sais pas quand Hammett décida d'écrire pour la première fois», raconta un jour l'écrivain Lilian Hellman, qui fut à partir des années 30 sa compagne des bons et des mauvais jours, «mais je sais qu'il s'y mit après être sorti des hôpitaux militaires, dans les années 20, et s'être installé à San Francisco».

Hammett débarque à Frisco au début de 1921. Il a 27 ans et il est tuberculeux depuis la Première Guerre mondiale, qu'il a passée bidasse mais sans quitter les Etats-Unis. Il est encore détective à l'agence Pinkerton. Où il est entré six ans plus tôt, à 21 ans, après avoir été cheminot pour la Baltimore et Ohio Railroad, manutentionnaire, employé au frêt. Boulots trop prosaïques. L'agence dont la devise est «Nous ne dormons jamais» est la plus grande des Etats-Unis, et pour Hammett son nom sonne comme une promesse d'aventures. Fondée en 1850, à Chicago, par Alan Pinkerton, elle a joué pendant la guerre de Sécession le rôle d'une centrale de renseignements au service des nordistes et du président Lincoln. Dans les années 1870 et 80, elle a pourchassé les braqueurs de trains (notamment Jesse et Frank James et les frères Younger). Ce fut un peu une sorte de FBI avant que celui-ci ne soit fondé par Edgar J.Hoover, en 1924.

Enquête et filature

De 1915 à 1921, à l'exception des années qu'il passa sous les drapeaux, ou plutôt dans les hôpitaux militaires, Hammett fut un homme de la Pinkerton. Pour le médiocre et pour le pire. Il y apprit à s'ennuyer, à vivoter dans des pensions minables, à se tremper jusqu'aux os, à prendre froid en collant le train de ses cibles. Il récolta quelques blessures aux jambes et une balafre sur le visage; il en tira aussi une bonne connaissance des milieux qu'il décrivit par la suite. Et une vision d'un monde en noir et gris.

Les Pinkerton boys ne faisaient pas que dans l'enquête et la filature, même en tous genres. Souvent, ils étaient employés comme briseurs de grève. Hammett comme les autres. En 1917, à Butte dans le Montana, l'Anaconda Copper Company lui a offert 5 000 dollars ­ sacrée somme, surtout à l'époque ­ pour assassiner Frank Little, un Indien borgne, animateur du syndicat des mineurs de cuivre. Hammett a toujours affirmé avoir refusé le contrat. D'autres ont été moins scrupuleux. Le 1er août 1917, à 3 heures du matin, Little, une jambe dans le plâtre, est tiré de sa chambre par des inconnus masqués et armés qui l'attachent avec une corde au pare-choc arrière de leur voiture et le traînent vers la ligne de chemin de fer. Où ils le châtrent et le pendent à un poteau. Avec un écriteau d'avertissement accroché à son caleçon. L'événement, qu'il vécut de près, marqua Hammett à vie. On dit que Personville, alias Poisonville, la «charmante» cité homicide de la Moisson rouge, est inspirée par Butte. Et que son parti pris pour les ouvriers, comme son antifascisme radical sont nés cet été-là dans le Montana.

Début 1921, Pinkerton l'envoie à San Francisco, sur les docks, jouer encore une fois les briseurs de grève. Il prend un appartement au 120 Ellis Street, y reste jusqu'au 27 juillet, date à laquelle il se marie avec Joséphine Dolan. Ils déménagent alors au Golden West Hotel, puis au 620 Eddy Street, sa première adresse permanente jusqu'en 1923, quand il se sépare pour la première fois de sa femme. Hammett «travaille» aussi sur l'affaire Roscoe «Fatty» Arbuckle, cet acteur porté sur la partouze, chez qui on a trouvé le cadavre d'une jeune femme au sexe mutilé.

A la fin 1921, ou au début 1922, il démissionne. Nouvel accès de tuberculose et peut-être de mauvaise conscience. Hammett apprend la sténographie, gagne sa vie en rédigeant des messages publicitaires pour la joaillerie Samuels de Market Street, se met à écrire des histoires, notamment pour «Black Mask». Et ouvre ainsi l'épisode le plus calme et le plus brillant de son existence.

Epuisé et sans le sou

De cela, San Francisco se souvient. Dans les années 1980, plus de vingt ans après la mort de Hammett, le poète beat et libraire Lawrence Ferlinghetti, qui a vécu à Paris et y a été impressionné par l'avenue Victor-Hugo, imagine de donner aux rues de sa ville des noms d'artistes et d'écrivains disparus. Le 25 janvier 1988, le bureau municipal approuve sa proposition. Le 2 octobre de la même année, les noms des célébrités honorées sont révélés lors d'une cérémonie à la librairie City Lights que Ferlinghetti a fondée en 1953 sur Columbus Avenue. Mark Twain, Jack London, Isadora Duncan, Ambrose Bierce et Jack Kerouac sont parmi les élus.

Et Dashiell Hammett, dont le patronyme désigne désormais Monroe Street, petite rue pentue entre Bush et Pine, dans le centre ville. L'écrivain nomade y vécut en 1926. Exactement au 20, dans un bel immeuble en brique rouge ­ qui a dû avoir du caractère mais est aujourd'hui un tantinet trop réhabilité, «gentrifié». Frappé par un nouvel accès de tuberculose, il y a toussé, craché, épongé ses hémorragies pulmonaires et rédigé ses messages publicitaires pour Samuels, son joaillier de patron. Il n'y écrivit aucune nouvelle ni aucun roman.

Le fantôme de l'ancien détective hante aussi le Civic Center, les environs de la mairie, pas loin de Market Street, un quartier autrefois très vivant. Quand il habitait 620 Eddy Street, en 1921, 22, 23, Hammett, épuisé par la maladie, sans le sou, n'avait que quelques centaines de mètres à faire pour s'engouffrer sous le frontispice de The Public Library of the City and County of San Francisco et sa belle devise, «Pour le progrès et le plaisir de l'humanité», y assouvir gratuitement sa passion des livres.

Aujourd'hui, l'ancienne bibliothèque s'apprête à fermer pour déménager ses trésors de l'autre côté de la rue. Dans un immeuble réhabilité, désossé et remonté avec force matériaux synthétiques, écheveaux de câbles sous un placage de pierre de taille. En ces derniers mois de 1994, la culture de San Francisco joue aux quatre coins: le Musée d'art moderne a déjà quitté le Civic Center pour s'installer dans le bâtiment construit par Mario Bota dans South Market (ouverture en janvier). L'ancienne bibliothèque, celle où Hammett oubliait ses poumons troués, va devenir le nouveau Musée des arts asiatiques.

Le 620 Eddy Street, Crawford Appartments, où Hammett a vécu un semblant de vie de famille entre sa femme Jo et ses deux filles, est toujours debout et même repeint de frais. Blanc en étages, bleu pisseux au rez-de -chaussée. En 1921, le loyer y était de 45 dollars, le quart de ce que le détective-briseur de grève recevait de la Pinkerton. A deux pas, l'Elk Hotel est tout à fait le genre d'établissement crasseux où pouvait traîner, à la pêche aux informations, Sam Spade ou son collègue le Continental op', le privé rondouillard, héros de Moison rouge, de Sang maudit et de vingt-huit nouvelles. Des nouvelles que Hammett affectait de mépriser sous prétexte qu'elles avaient été publiées dans ces pulp fictions, revues bon marché (10 cents) imprimées sur un papier de mauvaise qualité fait avec de la pulpe de bois. Heureusement Lilian Hellman, sa compagne, écrivain elle-même et de grand talent, plus avisée, republia ces histoires (dont certaines sont des chefs-d'oeuvre) en 1962, un an après la mort de leur auteur.

En 1927, Hammett habite au 891 Post Street, Charing Cross Appartments, au coin de Hyde, un des immeubles les plus sinistres de la ville. Ses poumons vont mieux. Il finit le Grand Braquage, nouvelle dont l'écriture lui procure certainement du plaisir. Un plaisir palpable dans la description de la pègre réunie à San Francisco ou dans l'évocation de Dick Foley, le collègue du Continental op': «C'était un petit Canadien basané qui mesurait bien un mètre soixante dans ses chaussures à talons compensés, pesait quarante cinq kilos à tout casser, concis comme un télégramme d'Ecossais et capable de filer une goutte d'eau salée du Golden Gate Bridge jusqu'à Hong-kong sans jamais la perdre de vue.» Il y écrivit aussi la suite du Grand Braquage, le Prix du sang. Les deux, assemblés, faisant comme un seul roman, un thriller qui joue tellement serré avec la ville (de Montgomery Street, downtown, à Army Street dans Noah Valley) qu'il donne raison à Warren Hinckle, journaliste west coast et fondateur de la revue Ramparts, quand il écrit: «Hammett n'utilisait pas San Francisco comme un décor, c'était un de ses personnages, parfois un voyou, parfois une grande dame, toujours un terrain rude qui inspire les paumés et définit le cours des événements».

Le costume cintré du desperado

Le 111 Sutter Street est un autre grand lieu «hammettien». Joe Gores, l'auteur d'un polar-hommage (simplement intitulé Hammett et adapté au cinéma par Wim Wenders sous la houlette de Francis Ford Coppola), a identifié ce building néo-médiéval de vingt-deux étages, qui jouxte aujourd'hui un marchand de chaussures françaises, comme celui qui abritait le bureau des privés Miles Archer et Sam Spade dans le Faucon maltais. Trois blocs plus haut, près du Stockton Tunnel, une des frontières de Chinatown, se trouve Burritt Street. Sur un mur de cette ruelle, on cloua le 12 février 1974 une plaque de bronze sur laquelle il est écrit: «C'est à peu près ici que Miles Archer, l'associé de Sam Spade, fut tué par Birgid O'Shaughnessy.»

Plus bas, il y a John's Grill, un restaurant d'Ellis, qui se revendique, enseigne à l'appui, comme la maison du Faucon maltais. Le défunt Miles (ne pas confondre avec Lew, le héros de Ross McDonald) Archer y dînait. Depuis 1976, Gus Konstin, le propriétaire, un immigré grec, ancien employé de Black Jack Jerome, gangster-homme d'affaires qui engagea Hammett en 1921 pour casser une grève des dockers, a transformé la salle à manger du premier étage en un musée consacré au film de Huston. Sur les murs, des photos d'Humphrey Bogart, Mary Astor, Sidney Greenstreet, Peter Lorre et Elisha Cook Jr.; sur des présentoirs, quelques livres de Hammett et le fac-similé de la statue du faucon maudit. Pendant qu'au rez-de-chaussée, quelques cadres pressés, ivrognes chics, touristes perdus avalent des bourbon secs ou dévorent des côtelettes Sam Spade.

En 1929, la Moisson rouge, déjà parue en feuilleton dans «Black Mask», sort en librairie, suivie par Sang maudit. En 1930, le succès du Faucon maltais éloigne Hammett de San Francisco. Lilian Hellman: «Quand je fis connaissance avec Dash, il avait écrit quatre de ses cinq romans et c'était la coqueluche de Hollywood et de New York. (...) Mais tandis que passaient les années de 1930 à 1948, il écrivit seulement un roman et quelques nouvelles. En 1945, boire ne lui apportait plus aucune gaieté. Ses périodes d'ivresse duraient plus longtemps et son humeur s'assombrissait. (...) En 1948, je ne pouvais plus supporter de le voir boire. (...) Sa mort (le 10 janvier 1961) fut causée par un cancer du poumon qu'on ne décela que deux mois avant le décès.» Lilian Hellman aurait pu aussi ajouter que Hammett connut encore un triomphe avec l'Introuvable, dont Hollywood fit ses choux gras à coups d'adaptations et de sequels; qu'il fut le premier scénariste de «L'agent X9», une BD policière brillante, dessinée par le jeune Alex Raymond, auteur de Flash Gordon, pour la presse Hearst. Qu'il eut plus de mal à Hollywood, où il n'est crédité que de deux scripts: City Streets, tourné en 1931 par Rouben Mamoulian, et Watch on the Rhine, un film antinazi, adapté d'une pièce de Lilian Hellman et réalisé en 1943 par Herman Shumlin; qu'il eut l'idée de romans (notamment de Tulip, une manière d'autobiographie) qu'il ne réussit pas à finir. Qu'il endossa avec fatalité le costume cintré du desperado.

Hammett ne retrouva plus l'inspiration de sa période San Francisco. Ce qui fait dire à Warren Hinckle, dans le numéro de City of San Francisco du 4 novembre 1975: «L'establishment littéraire de l'Est persiste à faire comme si Hammett lui appartenait. Mais c'est ici qu'il a écrit le meilleur de son oeuvre. Il est des nôtres, pas des leurs.»

Edouard WAINTROP

Ces renseignements, tout un chacun peut les trouver dans The Dashiell Hammett Tour, succès d'édition de «City Lights» (261, Columbus Avenue) et guide léger et bon marché (200 grammes et 10 dollars) de San Francisco, écrit par Don Herron, fan de littérature et de marche à pied. A lire aussi, Une vie de Diane Johnson, chez Folio, et le Dashiel Hammett Underworld USA de Jean-Pierre Deloux, de la revue Polar, aux Editions du Rocher (170 pp., 110 F). Et tous les romans de Hammett en Carré noir, Série noire ou Presses Pocket, ainsi que le Hammett de Joe Gores, réédité en série noire (55 F).

 

 

 

 


12/28/2020

Buck Rogers

 


'Buck Rogers' Movie in the Works at Legendary


Buck Rogers in the 25th Century - Poster Art
publicity

Don Murphy and Susan Montford will produce what is intended to launch a multi-platform sci-fi franchise.

Buck Rogers is going back to the future.

After months of negotiations, Legendary is putting the final pieces on a deal for the screen rights to the classic and influential sci-fi character, sources tell The Hollywood Reporter.

Sources say that Legendary, the company behind the upcoming sci-fi epic Dune and movies such as Godzilla and Kong: Skull Island, is envisioning a big-screen take that would pave the way for a prestige television series as well as an anime series, giving audiences a 360-look at heroics sets in the 25th century.

Don Murphy and Susan Montford will produce via their Angry Films banner, whose credits include Transformers and Real Steel.

Legendary had no comment. Multiple sources say the deal is in the final stages or closed.

The deal is a coup for Legendary and Murphy, who spent years waging legal battles as a fight for rights ensued between the heirs and estates of the men who created him or published his stories.

Rogers first appeared in a story titled Armageddon 2419 and published in a 1928 issue of pulp mainstay, Amazing Stories. Written by Philip Francis Nowlan, the story told of a man who is trapped in a coal mine during a cave-in, falls into suspended animation, and, Rip Van Winkle-style, wakes up almost 500 years into the future. There, he is enlisted to help fight a war between several gangs in what was once America.

Rogers was turned into a comic strip – titled simply Buck Rogers -  in 1929 by the John F.  Dille Co., whereupon the character’s popularity exploded across the country. Soon, toys, radio plays, comic books, and a movie serial starring Buster Crabbe followed. In 1979, NBC produced a short-lived but fondly-remembered series titled Buck Rogers in the 25th Century that starred Gil Gerard and Erin Gray that introduced a robot sidekick named Twiki and a talking computer named Dr. Theopolis. More recently, comics creator Frank Miller tried his hand at a Rogers movie in 2008 but it never achieved lift off.

Rogers also unleashed a host of imitators, the most famous being Flash Gordon, and inspired young boys in the mid-20th century to want to become astronauts by seeding their minds with space exploration dreams. Even Looney Tunes got into the act, sending it up with the Daffy Duck-centric Duck Dodgers.

The rights deal wraps up one of the few remaining pieces of 20th century pop culture intellectual property not in corporate hands, allowing for a franchise to be built up around it. Legendary and the producers will now move to the next stage by securing a writer and other talent.

Zizek’s Confusion

 

Slavoj Zizek’s Confusion

For years I’ve listened to Slavoj Zizek’s misunderstanding of Gnosticism as he confuses it with the whole tradition of Hermeticism. Hermeticism and its Magical systems would culminate in John Dee’s ideology of the ‘exaltatio’ or the self-divinization of humanity. As György E. Szonyi tells us the Magus was central to the Hermetic tradition of Occult in the West, and the whole struggle of Alchemy and the Hermetic Arts culminated in the Great Work. György E. Szonyi in his magisterial John Dee’s Occultism – Magical Exaltation Through Powerful Signs states:

“This is, the ideology of exaltatio, that is, the deification of man, which I see as the intellectual foundation of magic, a foundation that even today validates magical aspiration and its scholarly research. I also argue that it was the desire for exaltatio which framed and tied together the otherwise amazingly heterogeneous thoughts and activities of John Dee.”

John Dee and the magickal traditions arose out of Hermetic and Alchemical thought rather than Gnosticism proper. At the heart of both Hermetic and Alchemical thought and praxis was the ‘Great Work’ which as Szonyi explores it is this process of exaltation or self-divinization or immortalization, etc. Gnosticism is not the exaltation of self but its opposite. The Gnostic’s soteriological thought and praxis was the erasure and decreation of self, while releasing the hidden god or spark through the power of negation or unnaming in an apophatic process. Whereas the Hermetic Magus sought to reinforce the self and exalt it into absolute godhood and divinity, the Gnostic sought to void the self releasing the god-spark of the Alien God. Two completely different metaphysics and meta-techniques. It’s this difference that makes the difference between the Transhumanist adventure which is steeped in the Hermetic-Alchemical Great Work metaphysics of self-divinization and exaltation that separates it from many Posthumanisms. This is where I disagree with Zizek who confuses Gnosticism with Hermetic-Alchemical traditions in his new work and thereby gets it all wrong.

Confusing the Hermetic-Alchemical traditions with the Gnostic-Kabbalistic traditions has been one of those undercurrents in scholarship and culture that pervades philosophical speculation in Transhumanism, Posthumanism, and Rational Inhumanism. It’s this lack of clarity between the various counter-cultural or underground traditions that have accrued errors over the years.

I’ve seen the same argument from Zizek about New Age obscurantism and his incessant confusion of the the positive Hermetic traditions with negative Gnostic apophatic traditions. As in this passage from his new work on the Wired Brain and Neuralink:

“Today, this theological dimension of the wired brain is making a spectacular return, just (as expected) deprived of the Communist underpinning. The sublime obverse of Musk’s cynical insight “let’s try to catch up with the machines so that we will not become apes in a zoo” is the gnostic New Age reading of Singularity as not only the new stage of post-humanity but a key cosmic event, the accomplishment of the divine self-actualization: in Singularity, not only we, humans, become divine, god himself becomes fully divine. Insofar as Singularity also implies a kind of synchronicity of minds, no wonder it calls for theosophical speculations. That is to say, when synchronicity is debated, the obscurantist temptation is almost irresistible – no wonder Jung loved this notion.”

———————————————–
Funny that he brings up Jung who in my own opinion did the same confusing and merging the Gnostic and Hermetic-Alchemical traditions producing a literalist objectivization of Hegel’s notions of Spirit-Geist as the Objective Psyche or Collective Unconscious. Instead of separating Gnostic Soteriological thought from the Exaltatio of the Great Work in Hermetic-Alchemical lore and techniques Jung became one more obscurantist as Freud knew all too well. Freud was a dualist, Jung a monist. Freud followed Schopenhauer and took the blind Will as Drive and developed all his scientific mythology of pleasure/pain (Lacanian jouissance) into eros / thanatos etc. While Jung would objectify and literalize it as real agents or entities existing in the Objective Psyche. Freud internalized it as a dualist, while Jung externalized it as a monist.

Gnostics being dualists did not internalize the entities (i.e., psychologize them as part of psyche, etc.) … the Gnostics believed the Archons were part of what Kant would term the noumenal or our later sense of the Outside. Not the inside… it is the Hermetic-Alchemical traditions that Jung used to internalize and symbolize the various objective entities of his Objective Psyche later Collective Unconscious. Two different things… Jung’s epigones and disciples would confuse this as well. But Freud would impersonalize these entities as trieb-drive, while Jung would personalize the entities as archetypes. For Freud these entities were the irrational drives (Trieb), while Jung literalized and personified them not as impersonal drive but as actual archetypal persons. This is why Freud is a dualist and saw these as impersonal and irrational forces playing havoc with humanity. Jung was a monist and literalist seeing like Plato’s realism archetypal powers as actual Ideas-Forms and Agents internally in the Objective Psyche, etc. This is why Freud and Jung parted ways…

12/26/2020

Cette brume insensée de Vila-Matas


Écrire au temps du discrédit – à propos de Cette brume insensée de Vila-Matas (2/2) Par Christian Salmon

4cd92f9d8e9b02a81dff23e55643dc0bFace au discrédit général, Cette brume insensée, le nouveau roman de Vila-Matas, accrédite la possibilité d’une littérature réflexive, consciente de son passé et de ses enjeux contemporains, attentive aux mécanismes de l’échange et de la célébrité, comme aux ruses de la disparition de l’auteur qui n’est souvent qu’une case de la distribution auctoriale. Une littérature pour temps de discrédit, armée de pied en cap contre son Industrie (car il y a une industrie littéraire comme il y a une industrie du cinéma).

Avec la brume ou le brouillard, on sait à quoi s’en tenir en général. Au volant, les consignes sont claires. Ralentir. Allumer les phares antibrouillard. Compenser la perte de visibilité par une attention redoublée. Mais avec Vila-Matas, les choses ne sont pas aussi simples. Quelle est donc cette brume « insensée » ? D’où vient-elle ? L’épigraphe, censé éclairer les intentions de l’auteur ne nous aide guère : « Cette brume insensée où s’agitent des ombres, comment pourrais-je l’éclaircir ? » Seul indice, si évident qu’on n’y prête pas tout de suite attention, l’auteur de la citation, Raymond Queneau ! Avec Queneau, le père de l’Oulipo ; nous voilà prévenus, s’il y a une énigme à éclaircir dans le roman de Vila-Matas, elle ne peut être que littéraire.

Le choix des mots n’est jamais innocent chez Queneau ou Vila-Matas. Leur brume « insensée » n’est pas une quelconque brume formée par la condensation de l’eau, ou par la pollution industrielle au-dessus des grandes villes. Elle ne se forme pas à l’extérieur de nous, par voie atmosphérique. C’est un brouillard de mots, un nuage de mots qu’il s’agit d’éclaircir, un nœud à dénouer et on ne dénoue les mots qu’avec d’autres mots. D’où cette brume insensé qui émane des paroles échangées.

« Les mots n’ont absolument pas la moindre possibilité d’exprimer quoi que ce soit. À peine commençons-nous à verser nos pensées dans des mots et des phrases que tout est fichu » (Vila-Matas, Bartleby et compagnie). Encore une fois, Kafka en sous-texte de Vila-Matas : « Chaque mot, retourné dans la main des esprits – ce tour de main est leur geste caractéristique – se transforme en lance dirigée contre celui qui parle. »

Il y a donc certaines précautions à prendre avec le langage. Pas question d’y aller à mains nues. Il y faut de la ruse comme au poker. Il faut squeezer, tromper, anticiper : bref user de subterfuges…

Dès les premières pages de son roman, Vila-Matas distribue les cartes ou plus probablement, vu qu’il est seul, entame une réussite, ce qu’on appelle aussi un solitaire. Mais l’objet paradoxal de cette réussite (on n’en finit jamais avec Vila-Matas de retourner les cartes ou les mots), c’est l’ échec. Réussite de l’échec. Au centre de l’intrigue, une disparition, celle du frère du narrateur. On ne résume pas un roman de Vila-Matas, il faut en parcourir tous les tours et détours. Contentons-nous de désigner le cœur de l’intrigue : il est question d’une disparition. On pense bien sûr au film d’Antonioni, Profession : reporter, qui raconte l’histoire d’une disparition à la faveur d’un échange de passeport avec un voisin de chambre décédé.

Dans le roman de Vila-Matas c’est le frère du narrateur qui a disparu, le grand Bros, « l’auteur distant » devenu un écrivain célèbre à New York. C’est donc une disparition paradoxale, au comble de son exposition médiatique, dans une surexposition médiatique par une sorte de dévoration. Pour paraphraser une formule de Martin Amis à propos de Salman Rushdie, on pourrait dire de lui « He has vanished into the front page ». Il a disparu à la une.

Entre les deux, le facteur fraternel se résume donc à l’envoi d’une somme d’argent contre des citations.

À l’instar des Pynchon et autre Salinger, il a organisé sa disparition publique mais aussi sa disparition privée pour sa famille restée à Barcelone et son frère aîné, le narrateur. Son père l’a surnommé une fois pour toutes « la comète de Halley » (en souhaitant ne jamais la voir passer à nouveau près du toit de sa maison). Ce fils prodigue est donc un fils discrédité. Même le narrateur son frère, avec lequel il garde un lien minimal deux fois l’an, le « perçoit » comme un frère furtif, un frère fictif, auquel il est lié par une sorte de contrat qu’il nomme d’un terme abstrait « le facteur fraternel ». Dès lors, pour filer la métaphore, la tâche du narrateur sera de factoriser sa relation problématique avec son frère, c’est-à-dire d’en décomposer les facteurs. « Pas une seule fois, écrit-il au long des deux décennies, il n’eut la délicatesse de m’appeler Simon : comme s’il m’était impossible d’être Simon Schneider pour lui. »

Ces deux-là n’en finissent pas de se la jouer à l’envers. L’un est exilé à New York, l’autre campe sur les terres paternelles en Catalogne, dans cette maison familiale, au bord d’une falaise. L’un est un romancier célèbre qui a disparu dans la ville des disparitions comme il se doit, l’autre est un artiste anonyme, qui se définit sur sa carte de visite comme un « artiste citateur » ou un « traducteur préalable » qui se borne à fournir des citations à son frère en échange d’un modeste pécule deux fois par an. Entre les deux, le facteur fraternel se résume donc à l’envoi d’une somme d’argent contre des citations. Citations contre nourriture. « Les citations m’aidaient très souvent à me tirer d’affaire. C’était mon unique bien. » Une sorte d’emprunt ou d’hypothèque littéraire.

Mais qui est le créancier de l’autre dans cet échange ? Car la citation est elle-même une forme d’emprunt. Qui des deux frères rembourse donc la dette contractée dans l’enfance ? Et qui est l’auteur de l’autre ? « Être expert dans l’anticipation de phrases était au fond une grande vérité. Ne prenais-je pas de l’avance avec mes sélections de citations sur tout ce qui, ensuite, avec la légère griffe artistique de Bros, avec sa prestigieuse Bros Touch, apparaissait dans son œuvre ? »

Les deux frères distants se retrouvent le jour de la manifestation anti-indépendantiste dans une Catalogne en voie de séparation. Chacun réclame son dû. Grand Bros éprouve du ressentiment envers Cadaqués, sa ville natale, « pour y avoir été maltraité dans sa jeunesse », pour « l’avoir poussé à boire et à se droguer ». Son frère se sent humilié par son cadet qu’il appelle « l’auteur distant ». Les deux frères s’estiment lésés, l’un de l’amour du père, l’autre du succès du frère. Comptabilité d’une maison fondée dans l’enfance, de l’amour reçu et donné et des dettes et créances qui en découlent… Traduction des affects dans la logique du crédit.

Si les deux frères se retrouvent en Catalogne, c’est pour régler les comptes de l’héritage familial. L’expression « régler ses comptes » est d’ailleurs répétée à plusieurs reprises. « Il était convaincu, par manque d’information fallait-il supposer, que la bâtisse du Cap de Creus avait une certaine valeur financière et que la moitié de l’héritage lui revenait. En percevant clairement que celle-ci n’existait pas et que nous n’avions hérité que d’un monceau de pierres, de ruines, il sut garder les formes, pas un seul muscle de son visage ne broncha, il encaissa la nouvelle avec une grimace sereine et impénétrable, voire élégante, dirais-je. » Mais « personne n’achèterait la maison parce que la mairie envisageait de la détruire, je ne pourrais jamais la reconstruire à cet endroit si proche de la falaise ».

Séparés géographiquement, mais aussi symboliquement par les positions inversées qu’ils occupent dans la famille, tête bêche, comme des cartes à jouer, des valets de cœur, aimés ou mal aimés du père, débiteurs de son nom et de sa maison en ruines. Séparation, citations, dette, voilà les éléments du « facteur fraternel ». Vila-Matas joue avec les triangles : Triangle de villes (New York, Barcelone, Cadaquès). Triangle oedipien (le père et ses deux fils). Triangle auctorial (artiste citeur, traducteur préalable, romancier). Il les aligne, les retourne, les oppose en une série de figures et de paradoxes: œuvre vs désoeuvrement, achèvement vs échec, gloire vs infamie visibilité vs invisibilité… « Il est clair, écrit le narrateur, que se cacher ainsi finit par se payer au prix fort »

Si la brume de Vila-Matas est qualifiée d’ « insensée », c’est qu’elle affecte le sens de toute chose.

Quand la parole est frappée de soupçon, la confiance disparaît et le crédit s’effondre. Cela vaut pour le système bancaire comme pour l’économie des discours et, par conséquent, la production littéraire. Au cœur du roman de Vila-Matas, il y a le discrédit qui frappe toutes les formes de discours autorisés. « Toute ma vie semblait tout à coup ne tenir qu’à un fil inattendu et unique qui était, en même temps, mon seul objectif clair : parvenir à compléter cette phrase. »

La « brume insensée » de Vila-Matas est comparable au « brouillard de guerre » dont parlait Clausewitz pour désigner l’absence ou le flou des informations en temps de guerre. « Toutes les actions doivent dans une certaine mesure être planifiées avec une légère zone d’ombre qui (…) comme l’effet d’un brouillard ou d’un clair de lune, donne aux choses des dimensions exagérées ou non naturelles. » Du brouillard de guerre au brouillard du discrédit. Le roman de Vila-Matas « raconte l’histoire secrète d’un doute. »

Si la brume de Vila-Matas est qualifiée d’ « insensée », c’est qu’elle affecte le sens de toute chose. Elle se dépose sur les mots comme une mousse envahissante. Elle brouille l’usage des mots, le sens que nous leur donnons, les fonctions du langage qui règlent notre rapport aux autres et au monde. Elle naît de nos interactions, de l’usage que nous faisons du langage. Elle pénètre partout, désorientant les acteurs, les vouant à la spéculation et aux jeux de langage. Maladie auto-immune du langage. Discrédit général. Inflation verbale. Les écrivains sont les premiers touchés, les premiers à en ressentir les effets. « Valeria semblait inscrite au Club des narrateurs non fiables, voire perturbés, en supposant l’existence d’un club de ce nom… On ne pouvait être très sûr de rien avec elle et encore moins de ses réponses. »

Dans ce roman où se nouent habilement le flux des paroles et la circulation de l’argent, Vila-Matas tisse des liens entre monnaie et fiction, récit et crédit. Tout acte, toute pensée, toute parole sont indexés à un ordre monétaire… Cela ne signifie pas seulement qu’ils ont un prix mais qu’ils expriment des désirs multiformes qui seront subsumés dans l’instant par la monnaie comme équivalent général de tous les désirs, ou différés dans un futur proche par la dette. « Le dernier vendredi d’octobre 2017, la Catalogne étant sens dessus dessous, le retour inattendu du blocage devant une simple phrase me renvoya en un premier temps à un drame du passé… M’enliser dans une phrase me faisait toujours connaître un moment horrible parce que j’en vivais. C’était mon gagne-pain… »

Vila-Matas met ainsi en relation dans un montage déroutant et parfois loufoque des évènements apparemment séparés comme par exemple la crise catalane, son travail de traducteur préalable, l’impossibilité soudaine d’achever une phrase et sa capacité à gagner sa vie.

Dans son livre Petite psychanalyse de l’argent (PUF, 2015), Patrick Avrane souligne ce lien entre le langage et l’argent, le désir et le crédit : « L’argent appartient au registre du langage ; il n’existe pas en dehors de l’échange entre êtres humains. Il ne relève pas uniquement du langage oral, mais de celui qui se prolonge dans l’écriture. Pas de monnaie sans écriture, et sans doute pas d’écriture longtemps sans monnaie. »

« Sans monnaie, souligne le psychanalyste, le questionnement sur ce que désire l’autre est infini, donc sans réponse. Avec la monnaie en revanche, mon désir n’a plus à se calquer sur le désir de l’autre… La monnaie instaure une distance entre mon désir et celui d’autrui, elle surplombe les objets avec une parfaite indifférence. »

« (Bros) semblait vouloir imiter le rythme fiévreux de notre temps et fuir toutes les deux pages, ce qui, à la moindre de ses négligences, aurait pu se solidifier en un thème grave ou frivole mais central de son livre : c’est peut-être la raison pour laquelle il sautait de l’amour et du temps qui passe aux « fluctuations de la Bourse », de la musique de Beethoven à des commentaires gastronomiques, des « familles malheureuses » de Tolstoï et compagnie à la lésion dans le dos de John Fitzgerald Kennedy… « Gran Bros è mobile », avait chanté une fois élégamment à Auckland, Nouvelle-Zélande, un groupe de grands ivrognes, tous admirateurs à en mourir de ses livres. Et ce YouTube avait fait le tour du monde et représenté probablement le point le plus élevé de sa consécration comme écrivain culte. Finalement on dit encore de ce YouTube qu’il avait influencé le dessinateur Banksy, en particulier, bien sûr, au sujet du thème de l’invisibilité traité avec une si raffinée et puissante perfection. »

Face au discrédit général, le roman de Vila-Matas accrédite la possibilité d’une littérature réflexive, consciente de son passé et de ses enjeux contemporains, attentive aux mécanismes de l’échange et de la célébrité, comme aux ruses de la disparition de l’auteur qui n’est souvent qu’une case de la distribution auctoriale. Une littérature pour temps de discrédit, armée de pied en cap contre son Industrie (car il y a une industrie littéraire comme il y a une industrie du cinéma). Cette industrie « qui vend ses succès, les convertissant en marchandises » et substituant en lieu et place d’un espace de réflexion littéraire, « un marché », dans lequel « on finissait par ne devenir qu’une marque ».

Vila-Matas emprunte à deux types de registres : celui de la dette et celui des trous noirs. Il saute de l’un à l’autre dans un montage parallèle où le discours du roman emprunte à la théorie du crédit et à la physique quantique. Les œuvres absentes ou renoncées y apparaissent tour à tour comme des dettes non remboursées et comme des « trous noirs » qui ne sont pas vides mais pleins d’énergie, « une énergie née de l’absence », une énergie quantique si l’on veut, appliquée aux univers littéraires.

« À l’intérieur de cette énergie, de cette matière noire, existait une concentration de masse suffisamment élevée pour engendrer un champ gravitatoire tel qu’aucune particule matérielle, pas même la lumière, ne pouvait s’en échapper. » C’est cette énergie noire qui est au cœur de ce roman fabuleux, qu’on la trouve dans les univers éthérés et célestes de l’utopie ou dans les recoins mal éclairés d’un passé confondant. Il n’y a pas d’autre définition de l’espoir.

Enrique Vila-Matas, Cette brume insensée, Actes Sud, septembre 2020, 254 pages.


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